Printemps à Tôkyô – Textiles japonais anciens

Ces anciens textiles sont issus de la collection de Mme Watanabe Haruko

http://www.trocadero.com/haruko/

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Han Juban – Kimono court de dessous – Fin du XIXe siècle
Patchwork de pièces en soies unies et en Katazome imprimées au pochoir

Pendant notre séjour à Tôkyô, nous avons passé un après-midi fort plaisant autour d’une tasse de thé chez Mme Watanabe dont j’avais fait la connaissance lors de son exposition sur les Kimono Meisen au Salon l’Aiguille en fête à Paris en février de cette année

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Mme Watanabe a une grande prédilection pour les kimonos Meisen

Mme Watanabe possède une collection vraiment impressionnante de textiles anciens, plusieurs milliers de pièces aussi bien en coupons qu’en vêtements, rangés soigneusement par style de tissage ou d’impressions, tissus qu’elle chine depuis longtemps, dans les marché aux puces ou dans les salles de vente à Tôkyô et Kyôto principalement

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Noshime – Kimono pour garçon – Époque Meiji – Fin du XIXe siècle
Soie tissée en Kasuri (ikat) horizontalement – Les fils sont teints en indigo

La collection est axée sur les textiles datant de l’époque Meiji, période s’étendant de la fin du XIXe siècle au premier quart du XXe siècle

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Kasuri – Détail des rayures tissées en ikat
Coton Shijira ori teint en indigo

Mme Watanabe s’intéresse particulièrement aux textiles de la vie citadine du tournant du XXe siècle, vêtements quotidiens simples et pratiques, se distinguant nettement des luxueux kimonos de la bourgeoisie enrichie ou de la noblesse de Cour de la même époque

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Collection de Katazome – Cotons teints au pochoir sur fond d’indigo
Les indigo anciens de l’époque Meiji (dans le tiroir) ont une couleur plus intense et des motifs plus raffinés que les bleus plus récents (sur le côté)

 Les textiles du monde rural sont particulièrement importants dans la collection, et Mme Watanabe apprécie particulièrement les Boro !

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Pièce de Futon – Fin du XIXe siècle
Coton filé et teint à la main en indigo – Katazome, pochoir au motif ancien de Karakusa « Plante de Chine » mais originaire du Moyen Orient

Nous avons plaisamment discuté de ce sujet à polémique…mon article sur les Boro -ici- et j’ai préféré admirer d’autres styles de tissus que recèle cette abondante collection !

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Pièce d’un Futon – Fin du XIXe siècle
Coton filé et tissé à la main, teint en indigo – Katazome (pochoir) aux détails soulignés avec un pigment gris et de sumi (encre)

La collection de Katazome, teinture à l’aide de pochoirs, m’a beaucoup fascinée autant pour les couleurs profondes des indigo de plus de 150 ans quand même ! que pour les motifs très  traditionnels qui se retrouvent abondamment sur ces textiles

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Jishiro – Narumi Kongata – Coton tissé à la main teint en indigo sur fond blanc
Les motifs en Katazome (pochoir) imitent la teinture Shibori

Tortues, grues, bambous comme symboles de protection, de prospérité et de longévité, motifs espérés propices au porteur du vêtement

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Sodenashi – Juban court (kimono de dessous) Début du XXe siècle
Jishiro –  Coton filé et teint à la main – Katazome – Teint en indigo au pochoir –

Les motifs des Katazome sont dans leur grande majorité teints en blanc sur fond indigo, le contraire est extrêmement rare, les dessins bleus sur fond blanc étant délicats à obtenir

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Détail – Le motif de la gourde par sa forme évasée est symbole d’ouverture vers le bonheur et la prospérité

Mme Watanabe s’est prêtée de bonne grâce à une petite séance photo pour laquelle elle a posé avec amusement en revêtant quelques Juban, les vêtements légers portés en dessous du kimono, composés de véritables patchwork !

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Yosegire Juban – Venant du Tôhoku – Fin du XIXe siècle
Patchwork de pièces en soie et en mousseline de laine
Le bas du Juban est recyclé d’un Kosode (kimono à manches courtes) en soie de l’époque Edo

Ces Juban, kimonos de dessous, en patchwork sont tous originaires du Tôhoku, cette région du nord du Japon que les colporteurs sillonnaient en approvisionnant les femmes en tissus de récupération

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Détail du patchwork – Soies teintes en Katazome (pochoir), soies rayées et unies

Ces kimonos de dessous recyclaient beaucoup de petites chutes de soie rescapées du démembrement de kimonos luxueux, cousues à de grands morceaux d’autres vêtements achetés d’occasion

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Détail du patchwork – Soie teinte en Katazome (pochoir) avec la teinture Benibana, issue de plantes donnant une couleur rouge-orangée

Les femmes laissaient libre cours à leur imagination et assemblaient ces étoffes de récupération en des patchwork librement et de manière astucieuse pour utiliser au mieux ces tissus si précieux pour des Juban qui n’étaient de toute façon pas destinés à être vus en société

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Détail de la broderie sur soie violette d’un kimono ancien de l’époque Edo, dont une partie encore en bon état a été remonté pour le Juban

Le Tôhoku est une région froide, les kimonos de dessous constitués de pièces de soie contribuaient à restreindre la déperdition de chaleur…

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Yosegire – Juban court en soie – Fin du XIXe siècle
Patchwork de chutes de soies unies et teintes en Katazome (pochoir)

…à contrario, les kimonos légers tissés en chanvre, en ramie et dans d’autres fibres libériennes permettaient de supporter la chaleur humide des étés japonais

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Kimono d’été – Fin du XIXe siècle
Ramie filé et teint à la main en indigo avec la technique de Kasuri (ikat)

Dans ces sociétés laborieuses anciennes où l’économie domestique était une nécessité, aucun morceau de tissu n’était sacrifié s’il pouvait encore servir

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Komebukuro – Sac pour contenir des offrandes de riz – Fin du XIXe – Début du XXe siècle
Patchwork de chutes de coton teintes en indigo

Toutes sortes de sacs, pochettes, bourses et autres contenants étaient confectionnés avec habileté en recyclant les chutes de kimonos, de futon…de textile divers et variés !

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Le sac est aussi doublé en patchwork !
Le pantalon et les chaussettes de mon époux ne déparent pas dans tous ces bleus !!!

Les Komebukuro étaient des sacs confectionnés avec des chutes de tissus et destinés à contenir du riz comme offrandes faites aux sanctuaires shintoïstes ou aux temples bouddhiques

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Komebukuro – Fin du XIXe siècle
Patchwork de chutes de soie provenant d’anciens somptueux kimonos

Les généreux fidèles à leur aise économiquement offraient des Komebukuro constitués de pièces de soie, les plus modestes se contentaient de chutes de coton teintes en indigo

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Komebukuro – Fin du XIXe – Début du XXe siècle
Patchwork de soies unies et teintes en Katazome
Le motif de margelle de puits (à gauche) fait allusion à la source d’eau claire et pure nécessaire à la vie matérielle et par extension à la vie spirituelle

Les chutes d’étoffes étaient choisies de préférence en fonction de leurs motifs réputés être de bon augure mais sur des tissus sans dessins particulièrement propices l’application de motifs aux vertus bénéfiques y remédiaient avantageusement !

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Komebukuro – Fin du XIXe – Début du XXe siècle
Le fond du sac est appliqué d’une étoile dans un hexagone lui même contenu dans un cercle, vieux symbole shintoïste dont la signification première est perdue

Confectionner des Komebukuro en patchwork de textiles anciens était une marque de respect envers ces étoffes rares et précieuses chargées symboliquement de valoriser les dons

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l Kome Bukuro – Fin du XIXe – Début du XXe siècle
Application d’une fleur de camélia, symbole au Japon de sincérité et de profond respect affectif

Les plus infimes chutes de tissus impropres à faire des sacs pouvaient encore finir, déchirées en lanières, à tisser des petites largeurs qui cousues entre elles réchauffaient, dans les campagnes, les sols recouverts de planchers de bois

Japon – Voyage de printemps 2014 - Tôkyô - Textiles japonais anciens

Sakiori – Tapis en lirette – Début du XXe siècle

Mme Watanabe possède des catalogues d’échantillons de tissus anciens, spécialement répertoriés par un de ses amis, tisserand de son état qui a consacré de très longues années à constituer un inventaire des principaux motifs représentés sur les textiles

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Livrets d’échantillons de textiles traditionnels japonais

Nous avons passé de longs moments à les feuilleter avec délectation…

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Shima Chô – Catalogue d’échantillons de tissus à rayures – Époque Edo – Fin du XIXe siècle

…en admirant le savoir-faire des maîtres-artisans anciens, représentatifs d’une culture textile hautement raffinée, dont les motifs traditionnels sont maintenant bien connus et répertoriés

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Catalogue d’échantillons de Katazome (pochoir) – Époque Edo – XVIIe – XIXe siècles

Mais quand le Japon ouvrit ses frontières, à la fin du XIXe siècle, aux influences étrangères, beaucoup de dessins inconnus jusque là vinrent compléter la grammaire stylistique des motifs textiles

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Catalogues d’échantillons de tissus de soie – Époque Meiji – Fin du XIXe siècle
Grands motifs inspirés des tissus d’ameublement français du Second Empire

Ainsi les dessins de parapluies à la mode occidentale vinrent orner des kimonos, tout en restant traités dans un style traditionnel japonais !

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Kimono  pour jeune garçon – Fin du XIXe siècle
Motif du parapluie traité à l’occidental sur un kimono en coton teint à l’indigo

De même, les lettres occidentales, illisibles pour la plupart des Japonais de cette époque vinrent s’afficher comme motifs décoratifs nouveaux de façon tout à fait amusante sur les vêtements et restèrent furieusement à la mode pendant quelques années

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Motifs de lettres fantaisies, de parapluie et de bateau occidentaux
L’indigo est le dénominatif commun à tous ces tissus

Ne sachant les écrire correctement, les artisans transcrivirent nos abécédaires avec une grande fantaisie ornementale

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Catalogue d’échantillons de Shibori sur soie – Époque Edo – XVIIe – XIXe siècles

A cette période de grands bouleversements de la société japonaise, le gouvernement pour rattraper un retard estimé écrasant par rapport aux pays étrangers envahisseurs, importa nombre de techniques occidentales, le métier Jacquard fut une innovation à cette époque pour le développement de l’industrie textile

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Obi en soie – Époque Meiji – Fin du XIXe siècle
Tissage obtenu par les premiers métiers Jacquard importés

Si la technique doit tout à l’Occident, les motifs, eux, restent traditionnels mais ils sont répartis de façon trop symétrique selon le goût prévalant en France à la même époque

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Beaucoup de trésors dans les tiroirs chez Mme Watanabe !

Le monde des textiles au Japon est infini…si bien que d’autres articles seront à venir qui j’espère, seront assez attrayants !

Un article sur les kimonos Meisen de Mme Watanabe

16 réflexions sur « Printemps à Tôkyô – Textiles japonais anciens »

    • En effet, Isa, des textiles qui révèlent en plus un pan de l’histoire récente du Japon
      Mme Watanabe qui vit au milieu de sa collection garde toutefois l’inquiétude du devenir de ces précieuses étoffes…A qui les transmettre ?

  1. Que de trésors, merci de les partager.
    Un don à un musée d’art textile ou un musée d’art et traditions populaires, je ne sais pas si cela existe au Japon ?

    • Oui Christine, des pièces de musées…Mais les musées ont déjà des réserves pléthoriques …
      Et comme les jeunes générations ne s’intéressent plus à ces bribes de leur passé et ne vont guère au musée…Le constat est assez attristant

  2. Bonjour comme le dit si justement si bien ISA que de belles choses et moi je dirai meme plus quelles splendeurs moi qui aime le bleu je suis servie merci encore a vous et bonne journée .annette b.

    • Merci Annette, je constate que les trésors de cette collection ne laissent pas indifférent !
      Pour moi, cet après-midi tokyoïte passé sous le signe du bleu, et quel bleu ! a été fort riche d’enseignement

  3. J’imagine aisément qu’etre au milieu de ces merveilles doit être un vrai bonheur. Merci de nous le partager

  4. Ah là là que je t’envie !!! Je crois que si j’avais eu l’honneur d’être invitée chez Madame Watanabe, j’aurais eu bien du mal à en repartir!Mais là, grâce à ton article, j’ai l’impression d’y être et je pourrais y revenir souvent.
    J’aime beaucoup ton étude des motifs … et ce que tu dis de leur sens … j’ai souri de constater que si les Japonais ont déformé notre alphabet, nous avons dû bien leur rendre la pareille, avec les inscriptions plus ou moins fantaisistes sur certains tissus « orientalisant ».

    J’aime aussi énormément les Juban (dommage de les cacher!) et ne parlons pas des catalogues d’échantillons , un travail remarquable de cette collectionneuse, on y sent la passion , le respect pour les étoffes qui sont un vrai langage.

    • Tu te doutes, Jacqueline, que oui, j’ai eu du mal à repartir car je n’ai vu qu’une toute petite partie de cette fabuleuse collection !
      Les caractères japonais sur nos tissus sont en effet complètement farfelus et n’ont aucun sens mais ceux imprimés sur les T-shirts sont quelquefois assez vulgaires bien qu’infiniment comiques du style « je suis un imbécile » ou pire à connotation sexuelle ! Ce qui amuse beaucoup mon époux comme tu devines !
      Les Japonais quant à eux, manient la langue française avec beaucoup de désinvolture dans des phrases en « franponais » complètement hilarantes sur nombre d’enseignes ou de publicités !

      La subtilité de l’élégance à la japonaise c’est de laisser deviner les vêtements de dessous, souvent les Juban éclatant de couleurs, juste entr’aperçus sous un kimono de dessus très sobre
      Mme Watanabe expertise les tissus anciens et elle écrit des articles dans des revues spécialisées et des catalogues d’exposition… ma toute petite gloriole a été de lui apporter quelques précisions concernant des motifs et des tissus !!!

  5. vous savez bien que je ne cesse d’admirer votre érudition partageuse Marie-Claude
    et moi je vous dis encore merci avec grand plaisir

  6. Bonjour…
    Quelle collection , et vous savez si bien nous la faire partager..
    Au fait qui disait (mettre au pluriel) que le patchwork venait des US ???
    Je trouve infiniment regrettable que l’on parle « patchwork japonais » à tous les coins des revues, en oubliant l’art textile tel que vous nous le montrez
    La subtilité japonaise de laisser deviner le vetement de dessous …. n’est pas Melle Chanel qui disait que ce qui etait la chose la plus intéressante ce que l’on devinait et pas celle que l’on voyait chez une femme …
    Merci encore , je me demande si je ne deviendrais pas délinquante en faisant une visite chez Mme Watanabe
    Bonne fin de journée

    • Ah ! Oui Arlette, en effet, le patchwork comme invention américaine est évidemment une ineptie ! De tous temps, les sociétés anciennes l’ont pratiqué afin de recycler le moindre morceau de leurs précieuses étoffes si chèrement acquises
      Au Japon, dès le VIe siècle, des bannières bouddhistes réutilisaient des fragments de soies chinoises plus anciennes en des patchwork aux motifs que ne renieraient pas les quilteuses actuelles !
      La définition « mon patchwork japonais » est une extrapolation du fait d’un usage de tissus américains aux motifs japonisants; mais les quilts vus dans les expositions avec des kimonos aux formes improbables, des éventails mal dessinés et autres japoniaiseries ont encore de beaux jours devant eux ! Pour son salon, pourquoi pas, mais pour une exposition on peut quand même trouver mieux

  7. Bonjour,
    superbe article, comme toujours. Merci de partager vos rencontres, voyages, visites d’expositions etc. avec nous !
    J’ai pris la liberté de mentionner cet article sur le forum Patch to Patch. Si cela vous ennuie, merci de me l’indiquer et j’enlèverai mon message.
    Béatrice.

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