Paris – Bibliothèque Forney
Exposition Kimonos d’enfants – autres articles : I | II
La collection de Nakano Kazuko contient aussi des kimonos d’enfants en coton ou en ramie qui se révèlent, par la technicité des teintures et des tissages, non moins intéressants ni dénués de sens artistique que les luxueux kimonos de soie
Un petit kimono en soie épaisse de couleur sobre a reçu des broderies très simples de bon augure, pin, bambous, grues et tortues, symboles de santé et de longue vie à une époque où les conditions de survie des tout-petits enfants étaient tellement précaires…
… peut-être l’œuvre d’une mère ou d’une grand-mère attentionnée qui en fait un objet peut-être plus touchant encore que les kimonos somptueusement brodés des ateliers professionnels
Les Hyakuhagi Dôgi, kimono aux cent pièces cousues, ou selon les régions, appelés aussi Hyakutoku Dôgi, kimono aux cent vertus, sont des vêtements constitués de nombreux petits morceaux de tissus de coton, en général pas moins de cent morceaux
Au moment de la naissance d’un enfant, les parents recevaient de leurs familles et connaissances de multiples petits morceaux de tissu avec lesquels la future mère confectionnait un kimono pour son bébé, ces tissus étant chargés de la vertu, de la renommée ou de la longévité des donateurs, le kimono ainsi chargé des vœux des parents ne pouvait manquer d’assurer au nouveau-né un bon début dans la vie
La culture du coton commença à se répandre dans le sud du Japon à partir du XVIe siècle, mais dans le Tôhoku, région montagneuse aux hivers longs et rigoureux, dont est originaire Mme Nakano, les précieux tissus de coton n’arrivaient que sous forme de kimonos d’occasion, aussi gardait-on précieusement chaque petit morceau auquel on s’attachait à donner une seconde vie
La technique de teinture Shibori -ici- varie beaucoup en technicité, ces deux petits kimonos sur fonds de tissu indigo et blanc aux décors très différents sont pourtant teints de la même manière, le kimono sur fond blanc, en raison de la taille du décor semble avoir été confectionné dans un vêtement d’adulte
Le kimono qui habille la poupée est aussi obtenu avec la méthode de teinture shibori mais sur tissu de soie
Quelques kimonos d’enfant de la collection ont été récupérés après qu’ils semblent avoir subi un usage intensif !
Une mode récente au Japon veut que certains collectionneurs fixent l’objet de leurs recherches sur des tissus les plus usés que possible, les Boro, ces étoffes en lambeaux qui se vendent et s’achètent à prix d’or, font l’objet d’expositions et de savantes publications, un engouement qui fait bien rire ma famille japonaise, elle qui nettoie les tatamis avec des chiffons moins usés que ceux-là !
D’après le cartouche explicatif, les kimonos seraient peut-être d’ailleurs des reconstitutions…
La collection de Nakano Kazuko comporte aussi des accessoires vestimentaires nécessaires aux petits enfants qui, bien que modernisés sont encore en usage chez les parents traditionalistes
…comme cette pièce de coton protégeant le ventre des bébés, bien pratique sous le kimono qui s’entrouvre trop facilement quand l’enfant gigote avec vigueur !
Les Okuromi, nids d’ange sont confectionnés dans les mêmes tissus ou chutes de soie que les kimonos
Les petits bérets en soie, confectionnés dans les chutes de kimonos, complétaient avec chic la tenue, maintenant remplacés par des bonnets de laine plus pratiques mais sûrement moins jolis !
La collection comporte également des petites Geta, sandales en bois peints mais plus curieusement des Fuka gutsu, des bottes en paille de riz originaires des contrées où la neige est abondante…
… ainsi que des Waraji, sandales aussi en paille de riz qui se portent encore dans le nord du Japon et pas seulement en pleine campagne
Ce sont les sandales que l’on porte nécessairement pour les Matsuri, les fêtes de l’été avec des kimonos en coton
Les chutes de tissus de soie servaient et servent encore pour confectionner toutes sortes d’objets très pratiques …
…comme des porte-monnaie, des étuis pour les éventails, des pochettes de toutes sortes…
Quelques anciennes Temari, petites balles de tissu recouvertes de fils colorés, beaucoup moins magnifiques que les balles-objets d’art telles qu’on les trouve actuellement, conservent dans leur sobriété la fonction première de jouet d’enfant
D’autres photos de mes albums venant de la famille de mon époux
Kimono aux dessins fleuris porté sous un Hakama (pantalon) porté aussi par les filles, le bébé arbore un bavoir volanté de cérémonie fait de chutes de tissu de soie
Les kimonos et les accessoires « en situation » petit béret et kimono quotidien en tissu ikat
Enfin, plus actuelle bien que d’époque Shôwa (1926-1989) une photo de ma fille aînée dans un kimono en étamine de laine cousu par sa grand-mère, une ceinture en soie rouge et un petit Haori (veste) rouge vif aux dessins populaires
Les kimonos de fête pour les enfants contemporains sont le plus souvent confectionnés en tissu synthétique imprimés de grands dessins très colorés, si des sujets restent indémodables comme les héros guerriers pour les garçons et les charrettes de fleurs pour les filles, les personnages de films d’animation américains et maintenant les modèles des manga japonais se partagent les faveurs des parents modernes, pour le grand plaisir de leurs enfants !
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Autre exposition en 2015 de kimonos d’enfants de la même collection
Tres jolies photos ! J’adooooore les photos anciennes….
Aomori vers 1900, oh la la…ca devait etre qqchose !;0))
Bisous Marie-Claude !
(ps: pas de photo d’Hiroshi BB ?)
Chère Flo, tu as compris que j’adorais aussi les photos anciennes, ma belle-mère me les a données car dans la famille, personne ne les voulait vraiment , j’en ai bien d’autres, au fur et à mesure de mes articles je les publierai…
Je pense que tu en as aussi, non ? Les familles japonaises de cette époque ne sont pas très différentes des nôtres en France, exceptés les costumes, mêmes habits « du dimanche », mêmes mines sérieuses et dignes, on pose pour la postérité !
Des vues d’Aomori au début du XXe siècle montrent une vie semi-paysanne mais pas très éloignée de ce que l’on peut voir ailleurs au Japon à la même époque, dans des régions plus tempérées
J’aime, sous prétexte d’exposition, me replonger dans le passé, que veux-tu, je vieillis !
alors vieillissez encore que nous puissions voir vos photos !
votre reportage est beau Marie-Claude ! je ne manque jamais les expo à Forney mais là je suis en Bretagne jusqu’à mi -juin alors…encore merci
Ah ! Marie-Hélène, pour ce qui est de vieillir encore, il me semble que j’ai peu de chance d’y échapper, alors oui, je vais écrire des articles qui serviront de prétexte à montrer mes antiques photos !
L’exposition se terminera le 28 juillet, peut-être auriez-vous le temps d’y aller, cela vaut vraiment la peine quand on s’intéresse aux textiles
Je trouve très touchants ces vêtements du quotidien qui pour moi évoquent davantage un vécu que les habits d’apparat.Il est vrai que ces images nous rapprochent ,japonais et européens.Cela me fait penser aussi à un petit costume marin, en sergé de coton blanc à rayures rouges, qui fut porté par mon père vers 1914.Ce costume a traversé le temps-un siècle!- un peu par miracle, rescapé de tous les déménagements.Je me demande quelle sera sa destinée, lorsque je ne serai plus là pour recueillir pieusement les vestiges du passé familial…Mais sans doute ai-je tort de me soucier de ces détails !
J’aime bien que mes articles, de fil en aiguille, si j’ose dire ! amènent de la nostalgie chez mes lectrices ! Françoise, votre réflexion n’est pas anodine, nous toutes qui collectionnons les vestiges du passé avons la même préoccupation…Quand je pense que je continue de confectionner des quilts avec ardeur…qui embarrasseront bien mes enfants dans l’avenir !
Quant aux kimonos d’apparat, j’en admire l’art, le savoir-faire et les techniques si élaborées qui ont tendance à disparaître aussi
Dans mon esprit tout est mêlé, mon problème : j’ai trop d’admiration pour des tas de choses, ce n’est pas pour rien que je sois une souris de musées !
C’est, entre autres, ce que j’aime chez vous Marie Claude : cette faculté à aimer ce qui est beau, ce qui honore l’humanité. Continuez, je vous en prie, à nous faire partager vos admirations, cela nous fait du bien, en ces temps sombres où la médiocrité tient si souvent le devant de la scène.
Ah ! Chère Françoise, le partage n’est pas toujours un vain mot…Je m’y consacre dans la mesure de mes connaissances même si elles sont de fraîche date !
Encore un beau voyage grâce à vous Marie-Claude. Merci de partager avec nous vos visites, vos connaissances et vos jolies photos familiales. Je suis arrivée à un âge où l’on a envie de replonger dans les archives familiales et votre article est tout à fait dans ce sens. L’année dernière ma mère m’a donné des photos de mes grands parents avec leurs enfants petits et ça a été pour moi un très beau cadeau.
Amicalement
Murielle
Merci Murielle, nostalgie quand tu nous tiens ! Même si selon la vieille antienne « c’était mieux avant » on a tendance à s’enfermer dans le passé, je ne regrette pas, quant à moi, d’être née au milieu du XXe siècle !
Une nostalgie qui ne paralyse pas, qui ne nous empêche pas d’avancer, n’en est que plus délicieuse…
Bonjour,
merci pour cette deuxième partie.
Mon kimono préféré est celui de la première photo, sur la droite. J’ai trouvé le travail de teinture époustouflant – j’avoue que je n’en ai pas vu beaucoup d’autres faits avec cette technique donc je manque sans doute d’éléments pour comparer …
Beatrice.
Oui, vous avez raison, la technique au pochoir « katagami » est parfaitement maitrisée par les artisans japonais, ce kimono était l’un des plus anciens, d’une élégance dans la sobriété qui cache un savoir-faire remarquable
Je suis contente que nos goûts se rejoignent !