Kyôto – Nijô jô Teien – II – Le jardin et l’étang

Ninomaru Teien, le jardin du palais Ninomaru, se déploie autour d’un étang bordé d’arbres et de nombreuses et imposantes pierres

Le jardin prolonge les bâtiments du Ninomaru

Dès la construction de la résidence Ninomaru son jardin fut destiné à prolonger la relation étroite avec l’architecture et à s’intégrer dans un espace soigneusement réfléchi

La disposition de l’étang et des pierres permettait aux dignitaires, depuis leurs appartements respectifs, de jouir d’une vue sur le jardin

L’étang évoquant un cours d’eau sinueux

Par rapport à l’architecture des bâtiment définie par des lignes droites et orthogonales, le jardin apparaît comme un monde de la courbe et de la dissymétrie

Le grand maître de thé Kobori Enshû (1579-1647) guerrier et administrateur de haut rang, mais aussi architecte et paysagiste, à qui est attribué nombre de réalisations à Kyôto fut pressenti pour créer un jardin nouveau correspondant au goût pragmatique de ses commanditaires

Toutes les nuances de gris et de vert en cette journée automnale

Le jardin fut chargé de personnifier la solidité et la stabilité du nouveau régime shogûnal des Tokugawa

L’étang se borde de promontoires rocheux

Le goût prononcé pour la magnificence des nouveaux maîtres du pays, orientait l’élaboration de ce jardin vers davantage d’apparat, en témoigne le nombre prodigieux de pierres de toutes tailles

Groupe de pierres évoquant un rivage rocheux

La disposition et l’abondance de très grandes pierres auraient pu nuire à l’effet d’ensemble mais leur composition assure un équilibre savamment orchestré, partagé entre une certaine austérité et un penchant avoué pour le fantasque !

Chaque groupe pierre se trouve placée à un endroit adéquat pour évoquer des paysages réels ou mythologiques

Pourtant cette création en ce début du XVIIe siècle de l’époque Edo, aux proportions nouvelles dans l’art si élaboré des jardins, préserve une certaine constance, symbiose entre la matière et l’esprit, les pierres chargées d’âme, considérées comme ponts entre l’homme et le divin

Sur l’Ile tortue, reliée à l’île des Immortels, les pins vénérables sont taillés tout en rondeur

Car le jardin japonais est un monde de symboles !

Tous les éléments constituant le jardin, l’étendue d’eau, les rochers et les arbres se trouvent agencés de manière à reproduire les paysages surnaturels évoqués dans la mythologie chinoise

Arbustes taillés à l’imitation des rochers

Ce jardin s’articule autour d’une île principale, image du mont Horai (montagne sacrée en Chine) séjour enchanté des Immortels taoïstes, se prolongeant par les îlots obligés de tous jardins,Tsurujima et Kamejima, îles-grue et île-tortue

Un pont en pierre brute reliant l’île des Immortels au rivage

Le jardin comporte trois îles reliées au rivage par quatre ponts, ainsi l’île des Immortels de la mythologie au milieu de l’étang ne reste plus dans son splendide isolement, mais peut-être abordée par un Shogûn tout puissant !

Les grandes pierres au bord de l’étang vues comme des récifs

Les pierres sont, de façon classique, regroupées par assemblages d’éléments comportant les nombres de trois, cinq, sept rochers se conformant à des traditions écrites secrètes pour évoquer des paysages maritimes ou montagneux

Pierre horizontale dite « pour contempler le jardin »

Généralement une grande pierre principale se voit doublée d’une autre plus petite complémentaire afin de procurer une impression de stabilité

Évocation d’une petite crique aux abords rocheux

L’aménagement d’une cascade, permettait au Shogûn et à l’empereur en visite d’admirer depuis leurs appartements respectifs, cette pièce obligée de tous les jardins

… La cascade aménagée primitivement au Sud fut déplacée vers l’Est afin d’être vue des appartements de l’empereur en visite au Ninomaru en 1626

Une cascade trop exposée perdant son pouvoir évocateur, son emplacement surgit d’un endroit sombre et presque cachée par des arbres pour susciter l’étonnement des contemplateurs

La cascade est plutôt devinée avant que d’être vue

Les jardins sont aussi conçus pour favoriser la vibration de la nature aux changements de saison selon les nuances de la lumière s’insinuant sur les pierres et sur les mousses

Le rivage de l’étang bordé par une succession de pins de taille progressive, arbre toujours vert reconnu comme symbole de longévité et d’éternité

Lors de notre visite dans cette journée d’automne, parcourant les abords de l’étang à notre aise, nous ressentîmes, dans une atmosphère voilée de ce gris si caractéristique de la teinte des pierres, une certaine jouissance teintée de mélancolie à la vue de la lente érosion des rochers … fugacité des créations matérielles

Au-delà de l’étang, la déambulation se poursuit…

Quittant le jardin, son étang et ses pierres imposantes, nous empruntâmes un pont franchissant un des fossés menant au Honmaru goten, le château de défense proprement dit

Naruto mon – Porte percée au milieu nord de l’enceinte

Les haies opaques sont constitués de lattes de bambou refendues en deux et maintenues par des traverses, une corniche recouverte de branchages de bambou se charge de la protection contre la pluie

Clôture de bambous savamment liée par des cordelettes en chanvre teints à l’encre de Chine

Contenu dans une enceinte rectangulaire de 140 x 145 mètre de côté, Honmaru goten, les ruines du château entouré de ses douves sera dans le prochain article

Château Honmaru en haut
Résidence Ninomaru en bas

Honmaru goten possède aussi de vastes espaces arborés !

Dans l’enceinte de Honmaru goten

2 réflexions sur « Kyôto – Nijô jô Teien – II – Le jardin et l’étang »

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