Salon « l’Aiguille en fête » 2014 – Art textile en liberté

Salon l’Aiguille en fête – II – 2014

Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 : I | II | III | IV

Un petit préambule pour m’étonner que dans un Salon grand public, où l’on paie un droit d’entrée, beaucoup d’artistes textiles qui sollicitent pourtant le privilège d’exposer, refusent catégoriquement les photos des visiteurs

Au vu des œuvres montrées, je reste dubitative sur le fait qu’il leur faut se protéger, parait-il, des copies potentielles, mes photos seront donc les témoins de la mansuétude de quelques artistes

Je commence par les œuvres tout en délicatesse qui m’ont le plus séduite car la morbidité de beaucoup d’autres m’aura laissée sur des sentiments navrants

DSC09032 Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 - Exposition "l'Art textile en liberté"

Adeline Schwab et une composition subtilement ailée

Adeline Schwab réalise des broderies pour la haute couture, mais son univers poétique joue avec le délicat et l’aérien

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Adeline Schwab ou la délicatesse

Emmanuelle Dupont s’inspire dans ses compositions vaporeuses des univers animal et végétal semblables aux translucides méduses…

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Emmanuelle Dupont ou la transparence

… et dispose sous globe de fragiles assemblages assez intrigants

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Emmanuelle Dupont et une composition légèrement inquiétante… heureusement sous globe !

L’artiste plumassière Émilie Moutard-Martin range des plumes sur des plastrons de façon méticuleuse où le soyeux vibrant sous la lumière joue avec le mat et le profond pour recréer des plumages imaginaires

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Emilie Moutard-Martin ou des gorges emplumées

De la broderie quasi immatérielle furieusement tendance et forcément géniale puisque c’est un homme qui s’y adonne ! Travail tendant vers le minimalisme mais s’enseignant toutefois sans contradiction apparente

Des cours donnés par le grand homme pour désapprendre en quelque sorte les techniques que des années de travail ont réussi à perfectionner

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James Hunting ou l’économie de la matière

Nombre d’œuvres exposées m’ont laissée perplexe sur les expressions qu’elles sont sensées véhiculer et sur le dédain affiché des artistes, suivant du coin de l’œil sans aménité, un public féminin moyen souvent interloqué

Les « organes » d’Agnès Sebyleau crochetés avec une seule ficelle qui peut être ensuite déroulée intacte laissent songeur sur le sens à donner à ces choses pendouillantes et franchement glauques…

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Les « organes » d’Agnès Sebyleau – La photo un peu flou témoigne qu’il n’est pas aisé de photographier quand on a un accès d’hilarité !

…tandis que les sculptures en chutes de tissus d’Anne-Valérie Dupont entrainent un certain effroi  devant ces visages horriblement couturés…

140208_094 aris – Salon l’Aiguille en fête 2014 - Exposition "l'Art textile en liberté"

Anne-Valérie Dupont ou les représentations horrifiques

…ou devant ces Belles de jour aux corps balafrés et aux peaux rapiécées qui nous assènent les images dérisoires et forcément fallacieuses de l’apparence féminine et où je n’arrive pas a y déceler ni humour ni tendresse

140208_275 aris – Salon l’Aiguille en fête 2014 - Exposition "l'Art textile en liberté"

Anne-Valérie Dupont et ses drôles de petites nanas

Sur d’anciennes photos de mariage, la démarche de Pascale Drivière manque sérieusement de subtilité avec des symboles platement déchiffrables dans le meilleur des cas, car sur d’autres vieux clichés, des boutons, des têtes de baigneurs en celluloïd ou des agrafes se substituent aux visages, démarche pathologique dont j’ai cherché en vain la signification

140208_112 140208_112 Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 - Exposition "l'Art textile en liberté"

Pascale Drinière ou la métaphore d’une vie en couple

 Caroline Regnaut travaille les cravates entières qu’elle déploie en des tableaux bizarres où il est assez aisé de détecter la symbolique que revêt cet accessoire typiquement masculin, surtout quand il est travaillé pour une tête à l’aspect bonhomme, mi-clown mi-ogre, dont la grande bouche s’ouvre comme un avertissement

Les formes où les cravates se croisent telles des bandelettes sur des formes momifiées, m’ont indisposées par la morbidité du sujet, et le même visage féminin flambant ailleurs au milieu de cravates cramoisies, comme dans un brasier, laisse envisager un tourment indicible

140208_263 aris – Salon l’Aiguille en fête 2014 - Exposition "l'Art textile en liberté"

Caroline Regnaut ou la mort onirique

Sans faire appel au bon docteur Freud, il est aisé de deviner chez ces femmes une propension à projeter leurs problèmes existentiels à la face du monde, c’est évidemment le propre des artistes de se dévoiler avec impudeur …

…Reste que les souffrances ainsi dévoilées et données aux regards subjectifs laissent des sentiments nauséeux

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Damss Fiber Art – Est-il absolument nécessaire de s’attaquer aux chefs-d’œuvre pour prouver son statut d’artiste ?

Il est vrai que je préfère les artistes qui s’épanchent dans des œuvres plus solaires, même si elles sont tout autant chargées de leur procurer un apaisement, mais dont la contemplation procure enfin de l’allégresse

La suite du reportage fera une incursion en Angleterre mais dans une veine d’or !

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Paris – Salon l’Aiguille en fête 2014 :

* Porte de Versailles – 1ère partie
* Exposition « l’Art textile en liberté
* Exposition de la guilde des brodeuses anglaises
* Exposition de kimonos Meisen

14 réflexions sur « Salon « l’Aiguille en fête » 2014 – Art textile en liberté »

  1. Merci pour votre commentaire
    Je ne suis donc pas la seule a éprouver du désappointement devant certaines « expressions » textiles….

    • Andrée, nous sommes en plein accord,mais il ne faut surtout pas dire que le roi est nu ! sous peine de passer soit pour des incultes soit pour d’incurables rétrogrades!
      D’ailleurs que de précautions il faut prendre, avec force guillemets, pour oser donner son point de vue

  2. Les plus jolies oeuvres semblent être les plus petites ! Ce qui m’agace, c’est la place, apparemment immense, octroyée aux arts textiles tels que tu les montres qui, il faut bien le dire, n’intéressent pas grand monde, hormis celles qui s’expriment. Il y a bien sûr du travail, de l’imagination, mais absolument aucun amour de l’autre pour lui infliger tant de tourments ! A mon avis une grande partie du public aurait préféré voir d’autres oeuvres, pas forcément classiques, mais moins torturées.

    J’ai cherché ce qu’était le Damms Fiber Art qui reprend le repas de la Cène. Je n’ai pas réussi à en voir des détails (collage de tissus ??) mais le prix de vente m’a sauté aux yeux : trente mille dollars. On est effectivement en plein Marché de l’Art international ! Mais est-ce bien ce que recherchent les visiteurs de ce Salon ?… Je suis sûre en revanche que le grand public de l’AEF aurait un coup de coeur pour les oeuvres de Denimu par exemple (tableaux en jean de récupération), bien plus que ce qui est montré.

    L’exemple de Véronique Drivière que tu montres, la photo de mariage « expressive de l’avenir du couple » on va dire, n’est pas le reflet de ce qu’elle est capable de faire. C’est une virtuose du quilting machine et j’ai vu des oeuvres d’elle bien plus intéressantes ! Dommage…

    Bon, je vais retourner à mes tissus ! Aujourd’hui, je vais utiliser un de tes précieux coupons… Je vais donc penser à toi tout l’après-midi !

    • Le mot « textile » justifiait évidemment les exposition de ces artistes contemporaines, dont j’ai cru comprendre qu’elles n’étaient pas « invitées » mais qu’elles devaient louer l’espace attribué, ce qui change la donne quand même !
      J’ai été absolument ahurie de voir les pâmoisons de certaines visiteuses devant ces œuvres torturées, cela sous l’œil sceptique mais vaguement content quand même, des artistes en question !
      Et encore j’ai passé sous silence d’autres « créations » qui donnaient vraiment la nausée, tels ces corps féminins aux couleurs cadavériques suspendus dans le noir, brrr…
      J’ai vu en effet les broderies machine de V.Drivière qui ne devaient pas faire assez « artiste », au sens que c’est devenu d’un commun actuellement, mais ses photos retouchées comme poncifs de l’art contemporain, alors là oui ça mérite sûrement la galerie d’art !

      Bon après-midi Chère Katell !

  3. On a toujours raison de le donner : l’art est libre, la critique aussi. Et ça vaut mieux que de faire semblant d’aimer pour ne pas avoir l’air « inculte » .Je suis pas sûre, connaissant maintenant un tout petit peu mieux le monde de l’art contemporain -qui n’est pas que textile – que tout soit à rejeter dans ce qui a priori nous choque.. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en art contemporain , le désir n’est pas de plaire, mais de s’exprimer . Ensuite il arrive que ces expressions nous rebutent, nous déconcertent, ne nous parlent pas. Pour moi je distingue ceux qui font cela pour se faire remarquer de ceux qui le font vraiment pour exprimer une souffrance, une révolte etc . Il y a parfois beaucoup de travail derrière, parfois c’est de la pure supercherie. Cela dit pas plus que vous, je n’apprécie la suffisance de certains,et déjà la confiscation du terme « art textile » à leur exclusive. De même la suprématie du « laid » qui serait plus « fort » sur le Beau ( toujours académique ?) ne me convainc absolument pas . La vie, c’est tout …et la beauté ne devrait pas être reléguée au rang de décor superficiel .

    • Mes réflexions rejoignent les tiennes, Jacqueline, les artistes s’expriment à leur manière et on aime ou pas, question de sensibilité et d’éducation artistique
      Mais je fréquente si peu l’art contemporain que je suis incapable en principe de faire le tri entre les poseuses et les sincères, mais peu m’importe en définitive car j’ai en aversion l’impudeur exprimée de cette manière racoleuse
      La notion de beau est toute relative, je suis d’accord, mais ma sensibilité me porte vers des expressions plus paisibles qui me confortent dans l’idée que je me fais de l’harmonie et de l’équilibre, notions indispensable à ma vie

  4. AÏE, il y a de quoi se mettre sous prozac après de telles visions, sans doute je suis inculte, et définitivement rétrograde , mais j’assume pleinement, car entre les bizouilleries animaux en tous genre et de telles « oeuvres » c’est la Mer Rouge à traverser !!!
    Rappelez moi le nom du salon est celui de » l’aiguille en fête « ??? de telles « oeuvres » ont sans doute leur place dans des galeries spécialisées pour connaisseurs « cultivés » mais parce que tissus il y a ;est ce leur place dans ce salon ??
    vite vite des reportages pour rétrogrades !!!
    Bonne et belle journée
    PS/ quels cauchemars hantent ces « artiste » pour nous donnez à voir ces femmes couturées??

    • Comment ne pas penser, Arlette, à ces dames qui sévissent dans les cucuteries, qu’elles expriment à leur manière, tout autant que les « artistes », un mal être et un criant vide affectif qu’il faut combler ? Simplement elles n’osent pas se lancer et font donc appel aux marchands du temple qui sont à leur portée
      Les deux côtés du Salon se rejoignaient à mon avis, simplement subsistent les étiquettes du snobisme apposées par commodité
      Et puis, il y avait entre ces deux extrêmes, les copies exposées en grande largeur de F P … peut-être que passer des heures innombrables à copier c’est-à-dire à s’approprier le travail de quelqu’un d’autre est aussi une compensation à une vie peu satisfaisante…Mais je m’avance beaucoup là….

  5. Brrr!
    Oui, c’est un peu court, j’en conviens, mais c’est ce que je ressens.
    Il semble que pour ces artistes, la notion de beauté soit une option bien dévaluée.Tant pis, je me range dans la catégorie des ringardes .
    Une idée, comme ça: m’y aurait-il pas une affinité entre le textile et la peau , et même les organes internes.On peut se poser la question en voyant ces oeuvres, dont même les plus charmantes en apparence on quelque chose d’organique, pour ne pas dire de morbide.
    A discuter peut être.

    • Ce n’est pas le fait que ces œuvres existent qui me choque le plus, mais le laïus prétentieux qui croit nécessaire d’expliquer dans un vocabulaire abscons ce que l’on peut bien voir par soi-même (cf. les sites de ces artistes)
      Leur présentation dans les cartouches de l’expo, et les réflexions pleines de suffisance de quelques artistes, mettaient une barrière symbolique entre ceux qui appréciaient …et les autres, les anachroniques !
      Bah ! Si ces phénix des textiles arrivent à conjurer ainsi leur sombre existence, peut être verra t-on une autre fois des expositions plus sereines

  6. si je puis répondre à l’interrogation de Françoise, il existe une étude de Patrice Hugues-artiste textile et chercheur- intitulée Cohérence textile-peau , et des articles à ce sujet dans le Dictionnaire culturel du tissu qu’il a co-dirigé. J’en parle aussi, plus modestement, dans mon article sur les ambiguïtés de l’art textile (qu’il a bien voulu lire et approuver !) Le corps est une obsession de l’art …je me suis demandé si en montrer l’intérieur ou l’aspect médical, chirurgical, indépendamment du fait qu’on puisse aimer ou pas, ce n’était pas lié aux émissions médicales, aux progrès de la médecine (tout le monde a pu voir par exemple une opération à la télé , ou consulter des dictionnaires très réalistes), sans compter les courants « gore » au cinéma et les étripages divers qui envahissent les séries télévisées. Je pense donc que la vision du corps est beaucoup moins « aseptisée » que dans notre enfance. On montre les corps de manière plus directe et souvent plus « dure », photos de reportages de guerre, également.

    • Ta réflexion, Jacqueline, rejoint celle de mon fils qui, voyant les photos des « œuvres » couturées pendant que j’écrivais mon article, s’est écrié que dans beaucoup de films d’horreur, ce genre de démonstrations est le fait de personnages psychopathes ! Mais c’est de la fiction bien sûr …
      Je partage les sentiments de Françoise… Brrr!

  7. Oui, moi aussi je suis certainement ringarde mais la revendication de l’expression du mal-être, de la laideur parce qu’elle fait malheureusement partie de notre monde, du droit d’exprimer toute la panoplie du ressenti dans tout ce qu’il peut avoir de bas, de mesquin et de torturé, bref, tout ça me semble très loin de l’expression de l’harmonie qui pour moi peut seule se revendiquer d’être art.

    • Merci Catherine, je suis heureuse de constater que dans le monde absurde dans lequel nous sommes embringués et malgré ces « artistes » qui s’y vautrent, le sens de l’harmonie et de la beauté ne perd pas ses droits

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