Voyage d'automne à Kyôto
Le Kinkakuji ou le Temple du Pavillon d’or : I | II | III |
Les somptueuses constructions élevées par le Shôgun Ashikaga Yoshimitsu ne résistèrent pas aux troubles de l'époque Sengoku jidai, les guerres intestines qui marquèrent tout le XVIe siècle au Japon
Le Rokuonji déploie ses bâtiments réaménagés pendant l'époque Edo, en témoin le pavillon de thé, construction indispensable des jardins seigneuriaux et monastiques
La cabane de thé doit son élévation à une visite de l'empereur Go-Mizunoo, souverain ayant abdiqué à 33 ans afin de se consacrer en dilettante, dans une luxueuse demeure qu'il s'était fait construire à Kyôto, à l'étude et à l'écriture de poèmes classiques
Le supérieur du monastère, à l'occasion de la venue du prince, demanda à Kanamori Sôwa, Daimyô mais aussi grand maître de thé et collectionneur éminent de céramiques, de superviser la construction d'un pavillon de thé
Ce pavillon fut installé en haut de la colline afin que l'empereur pût contempler en contrebas, le coucher du soleil sur le Pavillon d'or
L'usage de construire des Chashitsu, des pavillons de thé en matériaux naturels, esthétisme d'une sobriété prônée comme un idéal de vie, est issu de l'époque Muromachi mais deviendra la norme dans les époques suivantes
Sekkatei, la petite cabane de thé aux trois tatamis, environ 5 mètres carrés, est constituée de murs de torchis et d'un plafond de bambou soutenu par un pilier non écorcé, le toit de chaume complète la simplicité de cette Sôan, chaumière rustique
La recherche et l'acquisition de matériaux naturels choisis rigoureusement deviendra dans les époques suivantes une preuve de bon goût et un stéréotype obligé !
Le chemin qui mène au pavillon de thé est suffisamment malaisé pour favoriser la lente ascension et ainsi se préparer à pénétrer dans cet espace de méditation, le regard désorienté par la végétation touffue, ne perçoit plus le bas de la colline ni le Pavillon d'or, la cabane de thé est censée représenter un monde à part où la futilité doit être abandonnée
Le pavillon fut reconstruit sous l'ère Meiji en 1874 avec des bois et des bambous anciens, même restauré de nos jours, l'ensemble dépourvu de tatamis avec une large ouverture, reste de façon assez inhabituelle morne et poussiéreux !
Reste le petit espace, clos par des barrières de bambou, confiné à un bassin de pierre où le Shôgun venait se laver les mains ! et à quelques antiques lanternes de pierre recouvertes de mousse
J'aime les lanternes de pierre, souvent dons de fidèles dans les temples, elles n'éclairent plus que rarement les chemins mais restent, disséminées, une composante indispensable de tous les jardins du Japon
Construites selon le style des Gorintô, les pagodes aux cinq éléments, elles symbolisent en miniature l'univers, leur socle cubique représente la terre, la sphère le surmontant l'eau, la forme pyramidale le feu, enfin la demi-sphère couronnée d'une flamme figurent l'air et l’Éther
Le jardin du Rokuonji dispose de quelques bancs qui permettent de prendre le thé de façon moins formelle, mais ces boissons proposées aux touristes pressés restent bien insipides
Un petit temple dédié à Fudô Myôô, le redoutable gardien de la Loi bouddhique, se situe au nord à la sortie du Rokuonji, l'emplacement choisi selon la géomancie chinoise adoptée au Japon, est censé protéger l'ensemble monastique des influences néfastes venues des régions septentrionales
Sortis du temple, un dernier regard sur le rougeoiement au-dessus de l'enceinte...
...et à son toit de tuiles différentes de celles de l'entrée...Petits détails à observer qui me comblent toujours d'aise !
Nous nous sommes acheminés non loin de là vers des nourritures terrestres réconfortantes après tant de déambulations
Petit restaurant à l'entrée discrète, bien dans le style des établissements traditionnels de Kyôto
Ce restaurant propose la spécialité de Kyôto, des Soba, nouilles de sarrasin faites maison à la main et avec, précision affichée, de la farine de sarrasin 100% japonaise !
Ce restaurant propose aussi des Udon, nouilles de blé au goût des habitants de Kyôto qui les préfèrent pas trop épaisses, les gens de Kyôto sont si raffinés !
Mais comme les Udon ne sont pas faits maison, nous leur avons préféré les Soba évidemment !
Les Soba sont aussi préparés à la mode de Kyôto dans un bouillon chaud recouvrant un hareng fumé, ce que mon époux, grand amateur de poisson sous toutes ses formes, a préféré !
L'entrée du restaurant démontre que les Soba sont bien confectionnés maison !
Le Soba cha thé servi gracieusement dans ce restaurant n'en est pas à proprement parler puisque c'est une boisson faite de sarrasin torréfié...
...et c'est muni d'un gros paquet de ce "thé" délicieux que la suite de notre journée se sera poursuivie jusqu'au Ryôanji...
...mais cette visite sera l'objet un autre article !
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Le Kinkakuji ou le Temple du Pavillon d’or :
* Le Kinkakuji ou le Temple du Pavillon d’or – I -
* Le Kinkakuji ou le Temple du Pavillon d’or – II -
* Le Kinkakuji ou le Temple du Pavillon d’or – III -