Nantes – Salon « l’Aiguille en fête » 2015

Paris – Le Salon – I –

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Paradoxe d’un Salon où la merveilleuse création mise en avant par une publicité hyperbolique, se décline surtout en myriades de kits tout préparés !

Pour coudre des poupées-animaux anthropomorphisés, des ribambelles de tour du cou en laine « de créateurs », des kyrielles de sacs « à tout faire » sans oublier les inévitables patchworks, cette année la mode étant au « contemporain minimaliste » mais pour lesquels une grande quantité de tissus est forcément nécessaire !

150213_297Paris - Salon l'Aiguille en fête - 2015 - I - Le Salon

Joli et sobre stand de « La maison du Boutis » à Calvisson
Photographie autorisée par une charmante bénévole qui craignait quand même les photos de détails reproductifs !

Je comprend aisément qu’on puisse trouver dans ce genre de grand marché des fournitures pour combler sa passion, absentes ailleurs

Par contre je suis restée perplexe sur la thématique d’un Salon qui utilise l’infantilisation pour inviter la gent féminine à « l’université du fil » consistant en de banales initiations sur machines à coudre ou encore au « Bar des auteurs » pour des dédicaces et des « rencontres inoubliables » et « voir en vrai les grands noms qui font rêver »  !

150213_291 Paris - Salon l'Aiguille en fête - 2015 - I - Le Salon

Stand « Zipmania » – Sacs faits uniquement avec des fermetures à glissière, vendues au métrage et cousues les unes au-dessus des autres ou en spirale
Invention revendiquée par cette société française

Les expositions « d’art textile contemporain » consistaient en installations où le maître mot était « enchevêtrements », travaux privilégiant la trame et l’envers des embrouillaminis de fils dans des labyrinthes divers et pas très variés

150213_246Paris - Salon l'Aiguille en fête - 2015 - I - Le Salon

Exposition « A tout crin » – Sujets réalisés… en crins !
Innovation et « pari osé  » peut-on lire en exergue
J’ai beaucoup admiré par contre, les beaux travaux d’encadrement !

Présentés de façon aérienne, les œuvres souvent cafardeuses ne m’ont pas emportée « par un flux tumultueux vers les contrées insolites de la création », phrase pompeuse d’un psychanalyste résumant assez bien l’égide sous laquelle se plaçaient ces pièces symboliques

Ces œuvres risquant d’être copiées, les photos en étaient bien entendu interdites

150215_002 Paris - Salon l'Aiguille en fête - 2015 - I - Le Salon

Aiguilles pour la machine que je préfère à toutes les autres et des épingles de marque Clover extra-fines, idéales pour le travail de la soie

J’aime aller dans ce Salon pour humer l’air du temps, et bavarder quelques instants avec des amies exposantes, en plus de faire l’achat de petites choses indispensables et aussi de quelques textiles superbes auxquels je n’ai pas su résister

150215_005 Paris - Salon l'Aiguille en fête - 2015 - I - Le Salon

Stand Namasthe Sathi
Deux écheveaux de chanvre et de ramie venant d’Italie sur des coupons de soie pour Obi

Les expositions sur les textiles venant des mondes orientaux m’ont séduite, ce sera l’objet des prochains articles

NB : les expressions entre guillemets ont été bien sûr piochées ici et là dans le Salon

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Paris – Salon l’Aiguille en fête – 2015 :
I – Le Salon
II – Expositions « Au fil de l’Orient » – Les kimonos d’enfants
III – Expositions « Au fil de l’Orient » Les Pojagi de Corée
IV – Expositions « Au fil de l’Orient » Broderies de la Chine et de l’Inde
V – Expositions « Au fil de l’Orient » – Des minorités chinoises aux Ouzbek

12 réflexions sur « Nantes – Salon « l’Aiguille en fête » 2015 »

  1. Je ne suis jamais allée à ce salon, mais étant patcheuse, j’aime bien aller de temps en temps à Ste Marie aux Mines, il y a de très jolies expositions, des artistes que je découvre…Je pense m’y rendre cette année. Et vous aimez-vous y aller? Sylvie.

    • Je me suis rendue à St Marie aux Mines plusieurs fois mais c’était avant de tenir ce blog ! J’y ai même tenu un stand avec une Américaine dont j’étais la « voix » française !
      Les expositions que j’ai eu la chance de voir étaient passionnantes mais d’après mes sources, il semble que là aussi le « contemporain » se taille une audience sans cesse grandissante…ce qui ne me gêne pas outre mesure d’ailleurs, à condition que les artistes exposent des travaux personnels et ne se contentent pas d’un zeste de « poudre aux yeux » sur des sujets rebattus et déjà vus ailleurs

  2. Bonsoir,merci pour ce petit compte-rendu. Quant à moi,en visite au salon de l’A.E.F. vendredi soir et fidèle depuis la première exposition, cette fois, j’ai été très déçue par l’ambiance de ce salon. L’espace dédié aux « artistes textiles » était plus petit, moins attrayant. Les exposants « marchands » s’alignaient de nouveau au fil des allées avec leurs nombreux kits, pour certains, déjà vus l’année dernière…Et le comble était quand même tous ces stands de nourriture au fond du salon…On se serait cru à la foire de Paris. Non, vraiment, ce salon ne m’aura pas séduite. De plus, j’ai pris peu de photos car souvent interdites. Dommage !

    • L’Aiguille en fête était un concept différent de « Créations et savoir-faire » ce qui rendait ce Salon intéressant, mais je suppose que pour la rentabilité, accueillir maintenant des stands de chocolat et autres « spécialités » à emporter devient nécessaire pour compenser l’absentéisme « des exposants du fil » habituels
      Il est vrai que l’offre textile n’est plus innovante, la morosité ambiante et le pouvoir d’achat en berne des acheteuses y est certainement pour quelque chose

  3. C’est intéressant Marie-Claude, nous pouvons faire les mêmes constatations ici dans notre grand salon « Creativa ». Beaucoup de marchandises toutes faites et de kits sans grand intérêt. Et puis, dans nos petits chalets des marchés de Noël, les fameux petits sacs en fermeture éclair, (appelée ainsi en Suisse romande selon le petit nom donné par son inventeur suédois) sont une invention Brésilienne ! Inventée par un jeune garçon issu d’une favela de Rio et… devenu riche en les vendant sur les plages. J’en avais offert un il y a quelques années à ma belle-fille Tomomi-san qui a beaucoup aimé ce détournement d’objet. Nous avions une « caverne d’Ali Baba » en toutes matières textiles et matériel divers qui a fermé il y a quelques années, faute de combattantes aux petites aiguilles, navettes etc…
    Merci pour cet éclairage
    Cordialement
    Pierrette

    • Ah ! Pierrette, au sujet de ces objets fabriqués avec des fermeture à glissière, il s’avère que l’exposant français et sa société « Zipmania » serait l’inventeur du procédé ! En tout cas, le concept à été déposée en France…
      Au Japon, on trouve partout des petites trousses à crayons sur lesquelles « l’inventeur » présumé applique son logo
      Donc, nous avons déjà 3 revendicants …à suivre …

  4. Toujours le problème de l’honnêteté des sources qui agit au niveau des brevets (invention) comme des créations …las l’honnêteté si on veut « percer », voire gagner de l’argent , il vaut mieux en avoir le moins possible, bluffer, faire passer pour personnel, ce qui est emprunté -nous le savons bien, nous qui suivons l’histoire non officielle du patchwork et des arts textiles depuis plus de 30 ans !- on n’arrive même pas à le faire comprendre. Tant pis pour les honnêtes. Et merci, Marie Claude pour ce reportage vivant et critique (ce que j’apprécie hautement !)

    • Dans ce genre de Salon, Jacqueline, ce que je critique ce sont les ridicules engouements de notre époques enrobés de phrases creuses et boursoufflées pour décrire des lapins roses et des ours bleus
      j’y vais surtout pour les expositions de textiles anciens car j’avoue que l’Art textile dit « contemporain » me laisse indifférente dans le meilleur des cas, ni émotions éprouvées ni plaisirs de contemplation
      D’après les messages courroucés que je reçois, mon ressenti ne vaudrait rien par rapport aux enthousiasmes affichés ailleurs… Mais les Béotiennes ne sont pas toujours là où on le croit !

  5. Bonjour Marie-Claude,

    J’ai largement souri en lisant votre compte-rendu sur ce salon. J’ai toujours eu envie d’y aller au moins une fois mais j’ai également toujours craint que la présence de quelques stands intéressants ne justifient pas les dépenses à engager (voyage, etc.). Quant aux sacs en tirettes (vocable belge pour les fermetures à glissière), j’avais déjà vu un tutoriel de la chose il y a quelques années déjà… Evidemment, si le concept est maintenant déposé… Au fond, ces salons (je n’ai été que dans des Créativa) me déçoivent parce qu’il y a beaucoup de machins déjà quasiment tout faits. C’est dommage. C’est du loisir, ce qui n’est pas mal en soi, mais pour la plupart de ce qu’on y trouve, ce n’est même plus de l’artisanat où il faut mettre un peu de soi, que ce soit de la dextérité, un certain effort ou un peu de créativité.

    Bonne journée.

    • C’est cela, Catherine, le modèle déposé est devenu, en principe, non copiable …sauf qu’en boutiques et sur le Net, des modèles se vendent ou s’expliquent sans mention de droits d’auteur !
      Je ne critique pas la société de loisirs qui génère du business comme chacun sait, ce qui n’est pas condamnable en soi mais « l’enrobage » hyperbolique assez grotesque et quand, en plus, c’est spécialement destiné à un public féminin, je trouve cela méprisant

  6. Le Japon en hiver, le salon de Paris, la Chine, l’Inde, un peu de Provence… Je n’en suis pas encore revenue ; il me faut du temps… De lire, de voir, de contempler et d’y revenir car entretemps, j’ai oublié… C’est comme une revue spécialisée. Et en plus il y a les dialogues et les commentaires…
    Moi, j’aime tout même les remarques personnelles et affirmées sur notre monde d’excès parfois et d’illusions…
    Vos articles de fond m’enchantent. Ils font la nique à notre civilisation du zapping et j’apprécie les informations précises et profondes. Ce sont des études précieuses.
    Alors, je redis merci et excellente journée.

    • Merci Christine, comme vous je ne trouve pas mon compte dans la culture actuelle du zapping… mes articles sont souvent en décalage avec l’actualité, j’aime prendre mon temps et savourer les impressions laissées par les voyages, les expositions, etc… Il fait que la décantation fasse son œuvre avant la restitution !

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