Vie quotidienne à Nihonmatsu – I –

Voyage de printemps à Nihonmatsu
dans la préfecture de Fukushima

Japon – Printemps 2014
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A chacun de nos voyages, nous passons la moitié du temps du séjour au sein de la famille japonaise, ce printemps nous avons fait des aller-retour entre la ville de Nihonmatsu et celle de Fukushima…

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Sur l’autoroute à 2 voies ! entre Nihonmatsu et Fukushima par une froide journée de printemps, avec des montagnes toujours à l’horizon
Toute la préfecture de Fukushima se trouve enserrée par des montagnes

…situées dans le même département qui se partageaient à l’envie un froid glacial suivi de chutes de neige inaccoutumées en cette fin du mois de mars

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Gâteau de style occidental réalisé pour célébrer le Sotsugyô, la fin d’un cycle scolaire de Yuna, l’une de nos nièces

Pas de tourisme à ce moment, juste vivre le quotidien paisible d’une petite ville de province sans beaucoup de charme, mais qui offre quand même quelques attraits à qui sait les saisir !

Nous sommes allés à la découverte de pâtisseries qui ne manquent pas dans le paysage urbain ! de style occidental ou typiquement japonais, tous les goûts peuvent être satisfaits

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Pâtisserie de style occidental à Fukushima dont le nom est vraiment …chou !

Les commerces de style occidental affectionnent les enseignes en français pour afficher leur prestige

Ces phrases ne comportent pas de fautes contrairement à beaucoup d’autres qui font la joie des touristes français en lisant ce franponais (mélange de français et de japonais) quelquefois hilarant
Cela reste évocateur même si les Japonais sont incapables de lire et d’en comprendre la signification, mais le chic est à ce prix !

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« Nous offrons les saisons » et « J’aimerais voir votre visage ravi » : slogans affichés sur le mur sont des phrases en français souvent associées aux pâtisseries de style occidental
Jusqu’à Utrillo qui renforce le côté chic parisien !
Petite précision : cette pâtisserie reste ouverte tous les jours de l’année

J’avoue quand même une nette préférence pour les douceurs japonaises, surtout quand elles sont fabriquées à l’ancienne dans un établissement séculaire qui doit sa renommée à sa cuisson des gâteaux pour laquelle le bois de chauffe est encore utilisé comme à l’époque Edo

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Nihonmatsu – Antique pâtisserie Tamashimaya fondée en 1845

Bien que cette pratique devienne très rare et onéreuse, le patron qui est de la 7ème génération tient à respecter la tradition, leurs gâteaux tant vantés ont vraiment un goût incomparable

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Chez Tamashimaya, le rose tendre des Sakura du printemps est à l’honneur !
Même si dehors les flocons de neige tombent discontinus !

Les pâtisseries restent comme les témoins de l’époque glorieuse quand Nihonmatsu à l’époque Edo était fière de son château

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Autre pâtisserie spécialisée dans le Yôkan, pâte gélifiée sucrée à base de haricot rouge, délicieuse à déguster avec un thé vert
La boutique s’appuie sur un Kura, grenier fortifié destiné à garder les biens les plus précieux à l’abri des incendies

…autour duquel gravitaient nombre d’établissements en tout genre répondant aux besoins de la nombreuse domesticité de tous rangs d’un Daimyô, le seigneur de la province

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Raffinement de l’emballage chez Tamashimaya à la couleur du printemps pour des gâteaux assortis qui ont été dévorés …bien rapidement !

Wagashi, les gâteaux de style japonais ne comportent jamais de graisse animale, pas de beurre, ni œufs, ni crème, pas de farine de blé ni de gélatine mais une base de riz mochi (une variété de riz) et des ingrédients essentiellement végétaux comme les haricots rouges Azuki, une grande variété de sucres et des cuissons à la vapeur

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O Hagi – Petites boulettes de riz mochi entourées de Anko, pâte de haricot rouge sucré, de sésame noir et de Kinako, de la farine jaune de soja

Les O Hagi venant de la pâtisserie réputée Tamashimaya étaient délicieux gardant un bon équilibre entre le riz et la pâte de haricot sucrée

Ils se différenciaient nettement de ceux offerts par un voisin qui, plus rustiques enveloppaient le riz avec une quantité double de Anko ! Générosité envers les gourmands certes mais le manque de pondération est quelquefois regrettable

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O Hagi – Trop de Anko produit l’écœurement et nuit à la dégustation
La belle couleur verte est obtenue en broyant finement une variété de haricot

La ville de Nihonmatsu, entre des constructions en béton d’une laideur insurpassable, permet à des bribes de son passé de surgir au détour d’une rue

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Nihonmatsu – Antique fabrique à l’architecture de bois encore en activité aujourd’hui

Quelques vestiges d’une histoire prestigieuse attachée au Château disparu se rencontrent encore au hasard des déambulations dans la ville

Les lanternes de l’époque Edo utilisaient en guise de produit d’éclairage la pulpe et le jus des fruits d’un arbrisseau de la famille des Toxicodendron chauffés et refroidis autour d’une mèche faite de jonc et de papier Washi

Le processus de couches successives était recommencé autant de fois que nécessaire afin d’obtenir une Rôsoku, une bougie qui, entourée de Washi, était dotée d’une longévité et d’une luminosité exceptionnelle

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Nihonmatsu – Vieille lanterne, provenant de l’ancien château, aperçue dans la vitrine d’un fabricant de meubles
Ce type d’éclairage avec bougie, assez lourd, était porté par les hommes, les femmes se réservant les petits modèles beaucoup plus aisés à manier

Nihonmatsu est une petite ville mais elle possède bien évidemment des magasins de kimonos et même si les modèles sont un peu vieillots…

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Sac en soie et Geta en bois laqué pour accompagner le kimono
Les Geta étaient proposés à 4000 yens (environ 35 €)

…quelques jolis accessoires en vitrine méritaient bien une photo !

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Temari – Balles décoratives recouvertes d’un assemblage de fils de soie colorés

Comme toutes les villes, Nihonmatsu possède son Matsuri, le festival populaire qui se déroule généralement pendant l’été au Japon mais dans cette ville c’est en octobre que de grands chars supportent des pyramides de lanternes illuminées dès le soir venu

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Nihonmatsu – Asakura chôchin ten (le nom de l’enseigne)
Lanternes destinées au Nihonmatsu chôchin matsuri, la fête des lanternes, des 4,5 et 6 octobre de chaque année

Les échafaudages de quelques 300 lanternes rondes sur un seul char sont toutes éclairées par 1500 bougies environ encore de nos jours

Comme il arrive que des lanternes s’enflamment au contact des lumignons, le fabricant de lampions auquel on fait appel afin de les remplacer passe ses soirées à les changer, il est bien le seul à ne pas profiter de la fête !

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La forme de bois sert de matrice autour de laquelle on enroule un fil métallique recouvert de Washi, un papier fin et résistant pour obtenir ces Chôchin, ces ravissantes lanternes

Chaque lanterne est fabriquée et décorée à la main, le fabricant y inscrit un nom à la demande

Les Okegata, les lanternes à la forme oblongue sont d’un modèle plus traditionnel et se portent au bout d’un bâton

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Fukusuke, petit personnage souvent rencontré à l’entrée d’une boutique dans l’attitude de salutation vers la clientèle
Les longs lobes d’oreille sont le signe de  la richesse ou de la prospérité espérée
Ce personnage de bon augure est maintenant remplacé par un Manekineko, le chat porte-bonheur devenu partout si commun
Ce magasin multiplie ses chances !

Dans la boutique de ce fabricant de lanternes à Nihonmatsu qui, lui aussi perpétue une pratique vieille de 300 ans, j’ai eu la surprise d’apercevoir sur un mur du fond …un quilt  !

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Nihonmatsu – Dans la boutique du fabricant de lanternes
Quilt réalisé avec les soies de kimonos de la mère de la créatrice

Aussitôt la conversation est devenue beaucoup moins commerciale ! Et nous avons échangé sur le patchwork en nous amusant beaucoup de nous trouver une passion commune ! car rencontrer une étrangère dans la petite ville de Nihonmatsu et qui fait du patchwork en plus, n’est pas si fréquent !

Plusieurs quilts en cours ont été dévoilés par une personne modeste mais satisfaite d’avouer qu’elle ne copie pas les modèles de revues mais s’inspire d’ouvrages anciens tels que les Japonaises en ont toujours confectionnés

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Nihonmatsu – Dans la boutique du fabricant de lanternes
Patchwork qui sera plié en deux afin d’en faire un Obi, la ceinture de kimono,

La journée était décidément dédiée aux étoffes car nous visitâmes ensuite, dans les environs de la ville, en pleine campagne, au milieu de nulle part, le plus étrange magasin de tissus de la région !

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Fin mars, en plein jour, sur notre chemin, brume épaisse et neige encore présente sur Adatara yama, la plus haute montagne du département de Fukushima

Magasin rempli jusqu’au plafond de coupons de tissus, la majorité en lainages et en acrylique/polyester hélas !

La propriétaire organise, dans une salle de l’arrière-boutique des activités de loisirs autour du tissu avec beaucoup de petites réalisations plus ou moins charmantes, poupées, sacs, quilts miniatures et autres objets dont les revues japonaises se font les habiles diffuseurs

Tout cela se partageait l’espace disponible, fatras propre à remplir les étagères ou les tiroirs d’un atelier de quilteuse !

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A la japonaise…Comme un air de déjà vu !

Quelques propositions de grands quilts, que l’on nomme « Tapestry » au Japon, réalisés avec des tissus de coton modernes se révélaient autrement plus intéressants, même si les tissus imprimés « pour faire du patchwork » étaient découpés et recousus benoîtement sans beaucoup d’imagination !

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Quilts réalisés avec les cotons imprimés vendus par la boutique

Cette bonne adresse n’en était pas vraiment une ! même si j’y ai trouvé quelques minuscules coupons de soie ancienne de kimono

La déception ne fut pas bien grande, et j’eus la consolation de repartir avec un petit cadeau !

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O Jizô sama – Le Bosatsu de la compassion, cousu par de petites mains bien habiles et reçu en cadeau
Le Jyuzu, le chapelet bouddhique est fait de toutes petites perles

Marcher dans la campagne, entre les rizières, sur plus de 3 km, poursuivis par un vent glacial descendant du mont Adatara …

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Rizières à perte de vue dans leur dépouillement hivernal
La préfecture de Fukushima était « le grenier à riz » du Japon…Mais c’était avant …

…Nous arrêtant pour reprendre souffle dans des endroits vaguement abrités et admirer quelques demeures qui se prennent pour des châteaux !

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Splendide maison particulière au milieu des rizières
Nostalgie de la vie de château à laquelle ne manquent ni les toits de tuiles, ni les Shachihoko, les ornements du toit, ni même le Mon doré, le blason de famille sur le fait du toit

Ou encore quelque sanctuaire shintô perdu dans un no man’s land assez pathétique

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Vieux petit sanctuaire de campagne en bois où la cloche permet quand même d’attirer l’attention d’un éventuel Kami

Cette dure épreuve, fut heureusement compensé par un retour à la maison où nous fûmes accueillis chaleureusement avec un bon repas chaud !

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Tempura Udon – Nouilles de blé servies dans un bouillon et surmontées de beignets de légumes et d’un œuf mollet
A manger très chaud le nez dans la vapeur qui s’échappe du bol !

Tout en regardant à la télévision que d’autres personnes souffrent aussi de ce froid hivernal très exceptionnel s’attardant sur le Nord de la région

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Froid polaire tout à fait inhabituel en cette saison de fin du mois de mars

La télévision qui reste allumée pendant toute la journée, comme partout au Japon, avec son bruit de fond incessant, est quelquefois bien pénible sauf pendant les tournois de Sumo où toute la famille encourage son lutteur favori

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23 mars 2014 – Finale du grand tournoi de printemps du Sumo retransmis en direct à la TV

Le grand vainqueur fut un jeune homme de 29 ans affichant 1,86 m pour le poids idéal de 154 kg, ce qui est modeste pour un Sumo san !

Ce beau garçon joufflu est Mongol mais depuis quelques années, d’autres de ses compatriotes triomphent sur le ring, remplaçant les lutteurs Japonais qui ne font plus le poids !

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Kakuryû Rikisaburô de son nom japonais, grand Yokozuna, le champion des champions, du tournoi de printemps 2014

Mon époux, souvent railleur a vu dans les choux à la crème que nous dégustions pendant que Kakuryû triomphait de son adversaire quelque ressemblance avec le spectacle sous nos yeux !

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Choux à la crème dodus, achetés à Fukushima chez Chou Plaisir

La vie quotidienne, 2ème épisode… c’est à venir !

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Japon – Printemps 2014 :

I – Un Ryokan-Onsen au pied des montagnes
II – Cha no Yu et Ikebana dans la ville de Fukushima
III – Exposition de kimonos dans la ville de Fukushima
IV – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – I –
V – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima -II –
VI – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – III –

6 réflexions sur « Vie quotidienne à Nihonmatsu – I – »

  1. J’aime cette ambiance de vie quotidienne, si éloignée de ce qu’est la mienne. Les gâteaux par exemple, le froid même.
    Les temari m’ont toujours fascinée. J’avais l’idée d’en faire mais je n’ai pas encore commencé. Peut-être un jour… En attendant, je rêve devant les photos du livre que j’avais acheté.

    Amitiés.

    • Chère Catherine, si différente en effet de votre vie actuelle, je comprends, Oh Combien !
      Je partage votre fascination pour ces balles si élégantes et je pense qu’avec votre habileté manuelle, faire des Temari ne vous posera guère de difficultés

  2. Bonjour Marie Claude.
    J’aime toujours beaucoup ces articles où vous nous montrez ce qu’aucun touriste ne verra jamais: le quotidien, le simple, même le pas très beau, le pas très attirant,bref, ce qui fait la vraie vie.
    Au demeurant, je vois de belles photos, en particulier celle ds rizières en hiver .De quoi inspirer l’aquarelliste que je tente de devenir !
    Bonne journée!
    Françoise

    • Oui, Françoise, le Japon tel qu’il se vit naturellement au quotidien…Comme dans tous les pays dits « industrialisés/évolués »
      Bien sûr, dans mes articles on est loin d’un Japon des illusions, et des jolies images si prisées en Occident mais qui ne renseignent sur rien sauf peut-être sur la haute technicité du photographe !
      Chère Françoise, manier les couleurs, avec des pinceaux ou des tissus est une occupation exaltante et reste un dérivatif bienvenu au quotidien atone sinon désespérant

  3. Après avoir re-parcouru longuement Le Ninna-ji avec vos explications, me voici pénétrant dans l’intimité de votre famille ; je regarde timidement, ayant presque l’impression d’être une voyeuse ! Toutefois, c’est absolument extraordinaire d’accéder à cette vision du quotidien totalement inaccessible à tout étranger (occidental, sans relations familiales ni connaissance linguistique…).
    Encore merci de vos publications : observations et commentaires détaillés, photographies splendides. Elles se dégustent et se digèrent (intellectuellement parlant bien sûr !). C’est un grand bonheur de vous suivre !

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