Cha no Yu et Ikebana dans la ville de Fukushima

Voyage au printemps dans la préfecture de Fukushima

Japon – Printemps 2014
autre articles : I | II | III | IV | V | VI

Pendant notre séjour dans la ville de Fukushima, nous avons été conviés à une cérémonie du thé donnée de façon informelle dans une Chashitsu, la chambre de thé, installée dans un immeuble du centre ville

140323_187m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - La cérémonie du thé

La chambre de thé au décor minimaliste, avec une peinture suspendue dans le Tokonoma et un discret arrangement floral

Une cérémonie du thé sans apprêts, telle que nombre de Japonais la pratiquent de façon hebdomadaire dans des centres culturels qui mettent l’accent sur les arts pratiqués dans la vie quotidienne comme un moyen d’élever la pensée humaine

140323_173m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - La cérémonie du thé

Le maître de thé officie devant ses invités
La poudre de thé vert est battue directement dans le bol de dégustation, avec un petit fouet en bambou afin de développer son arôme

Dans ces moments échappés à une vie quotidienne stressante, délassement propice à la sérénité et à la réflexion, l’esthétique des gestes est toujours présente même si plusieurs manières de procéder, suivant les écoles, renouvelle sans cesse ce rite culturel si ancré dans la civilisation japonaise

140323_171mJapon - Printemps 2014 - Cha no Yu - La cérémonie du thé

Petit gâteau de saison aux couleurs du printemps
Pâtisserie à déguster juste avant de boire le thé matcha au goût légèrement amer

Après avoir bu le thé vert mousseux matcha préparé par le maître de thé, nous avons échangé, comme il est d’usage, quelques propos  sur les bols magnifiques que l’on nous avait réservés, sur leur origine et leur beauté intemporelle

140323_174m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - La cérémonie du thé

Réplique de deux bols dus à Nonomura Ninsei, grand potier du XVIIe siècle conservés au musée d’Atami
Le plus grand est décoré de feuilles d’argent, le second de feuilles d’or

La chambre de thé, à la décoration sobre expose dans le Tokonoma, l’alcôve réservée, un Kakemono, peinture ou dessin monté sur toile et suspendu, évoquant généralement la saison ou l’état d’esprit du maître des lieux

140323_188m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - Une cérémonie du thé

Daikokuten – Un des sept dieux du bonheur de tradition chinoise
Sumi-e – Dessin incisif du dieu qui porte de façon enlevée sur l’épaule le grand sac contenant bonheur et prospérité

Le Tokonoma reçoit toujours un Ikebana illustrant la saison en cours, une fleur de camélia s’épanouissait sur le col d’un vase très sobre en grès dont la teinte brune mettait en valeur le rose vif de la fleur contrastant plaisamment avec le vert luisant des feuilles

140323_189m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - Une cérémonie du thé

Tsubaki – Camélia, fleur-reine du printemps au Japon

Ce centre culturel promeut aussi l’Ikebana comme un moyen privilégié d’accéder à la beauté de la nature et pour favoriser une harmonie considérée comme indispensable dans la vie quotidienne

140323_190m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - La cérémonie du thé

La composition verticale s’élançant d’un vase trapu  exprime la vitalité du printemps enfin de retour

Cette école Sangetsu d’art floral expose nombre d’arrangements chargés de décorer les locaux du centre culturel qui humanisent quelque peu une architecture moderne fort conventionnelle

140323_183m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - Une cérémonie du thé

Cet Ikebana est conçu pour être contemplé de face mais le
jeu sur la couleur verte était irrésistible vu ainsi !

Au Japon et partout en Europe, plusieurs écoles se partagent l’enseignement de l’Ikebana, et même si j’apprécie leurs expositions généralement dans des lieux prestigieux, je regrette pourtant cette tendance à l’exploit qui transforment nombre d’arrangements floraux en pièces extravagantes

140323_191m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - La cérémonie du thé

Halte dans une montée d’escaliers
Le contraste avec le pesant vase noir accentue la légèreté des délicates fleurs roses

La philosophie des maîtres de l’école Sangetsu  « Retrait de la lune dans la montagne », école que la mère de mon époux a de nombreuses années représentée, observe les règles de composition en vigueur dans cet art mais privilégie surtout le respect des fleurs dans des compositions qui doivent plus au naturel qu’à la sophistication attendue des expositions

140323_181m Japon - Printemps 2014 - Cha no Yu - La cérémonie du thé

Un simple vase rond adoucit le port altier des tulipes
Les arrangements de fleurs devant les fenêtres, ne sont pas tout à fait à leur avantage mais ils sont disposés là intentionnellement afin de détourner quelque peu le regard des constructions voisines ne présentant aucun charme

L’Ikebana comme beauté plastique éphémère est encore très pratiqué au Japon, les arrangements floraux se rencontrent absolument partout dans les lieux publics, gares, métro, magasins et jusque dans les postes de police !

Le prochain article exposera des kimonos toujours dans la ville de Fukushima
————————
Japon – Printemps 2014 :
I – Un Ryokan-Onsen au pied des montagnes
II – Cha no Yu et Ikebana dans la ville de Fukushima
III – Exposition de kimonos dans la ville de Fukushima
IV – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – I –
V – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima -II –
VI – Bribes de vie quotidienne dans la préfecture de Fukushima – III –

4 réflexions sur « Cha no Yu et Ikebana dans la ville de Fukushima »

  1. Comme j’aime cette incursion dans un rituel si bien expliqué et senti. Les bols me donneraient presque des démangeaisons d’adaptation quiltique -si c’était permis, toutefois !- Merci en tout cas une fois de plus pour le « reportage »

    • Ah ! Jacqueline, ces usages anciens toujours en vigueur de nos jours font tout le charme du Japon ! Surtout quand cela fait partie intégrante de la vie quotidienne, tout au moins dans ma famille qui n’est pourtant pas aveuglement traditionnelle
      Les motifs de la vaisselle me titillent constamment aussi ! J’ai acheté des bols pour déguster le soba, leurs dessins, répliques de ceux du XVIe siècle font partie du répertoire des quilteuses d’aujourd’hui ! Il faut que je pense à les photographier un jour…

  2. Bonjour Marie-Claude,

    Je trouve intéressant cette approche de l’ikebana, nouvelle pour moi, qui n’y avait jamais vu qu’une recherche de l’esthétique parfaite, dans un environnement parfait. Je n’y connais pas grand chose non plus. Merci donc pour cette ouverture.

    Amitiés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.