Arimatsu, centre historique de la teinture Shibori

Voyage d’automne à Arimatsu

Japon – Voyage à Arimatsu : 1 | 2 | 3 | 4

Pour actualiser un ancien article de ce blog fort consulté (ici)…nouvelle incursion dans le monde passionnant du textile au Japon

Si la ville d’Arimatsu, proche de Nagoya, reste encore le centre historique des textiles Shibori (Shiborizome en japonais) le net déclin de cette ancestrale technique de teinture amorcé depuis quelques décennies se poursuit de nos jours inéluctablement

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Arimatsu – Enseigne « Imasu ya » – Antique magasin de kimonos entièrement dévolu aux textiles teints en shibori

La vie contemporaine au Japon ne réservant plus le port des kimonos que pour les cérémonies familiales ou les occasions festives, les fabricants de textiles traditionnels peinent à trouver des acheteurs pour les merveilles dont regorgent leurs magasins

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Intérieur du magasin Imasu ya – La mode en 2012 était favorable aux ombrelles revêtues de tissu shibori !

Le coût d’un kimono de soie en shibori peut atteindre des sommes exorbitantes s’il est teint avec des motifs élaborés, avec plusieurs couleurs ou si on lui adjoint des broderies

Quelques 120 000 à 300 000 points noués sur les 12 mètres d’une pièce de tissu pour un kimono nécessitant le travail d’une personne pendant 1 an à 1 an 1/2, ajoutés à la qualité irréprochable de la teinture, font s’envoler les prix pour atteindre les 1500 à 5000 euros  !

Il ne reste plus ensuite qu’à faire confectionner le kimono…

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Uemura Shoên – Jeune femme en kimono teint en shibori
Peinture Nihon-ga d’une célèbre femme peintre de l’époque Taishô – 1914

Mais une pièce de tissu pour kimono beaucoup moins luxueuse en Kanoko shibori sur soie aux 100 000 points noués seulement ne coûtera guère plus de 750 euros !

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Imasu ya – Rouleaux pour Yukata, kimonos d’été, en shibori sur coton, beaucoup moins onéreux !

Les grands rouleaux de tissu nécessaire à la confection des kimonos laissent donc la place à des dérivés textiles de moindre coût, sacs, pochettes, cravates, foulards et petits objets décoratifs proposés comme souvenirs touristiques

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Simples motifs de Kanoko shibori pour une banale petite pochette en coton – (collection personnelle)

« Arimatsu Shibori Kaiken » le centre « officiel » du Shibori à Arimatsu souvent décrit comme un musée n’est en fait qu’une grande boutique exposant quelques pièces anciennes et proposant des démonstrations sur la technique de shibori… les articles exposés dans le magasin sont à vendre !

Comme je m’étonnais du prix relativement modeste des petits articles textiles, j’appris que ceux-ci étaient fabriqués en Chine ! mais avec des motifs de style typiquement japonais quand même !

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Sac « Made in China » avec un peu de shibori et de sashiko grossièrement exécuté

Mais le procédé du Shibori, long et minutieux, devient maintenant trop onéreux en Chine même, et la production de ces textiles cessera petit à petit tout comme au Japon où les artisans maîtrisant cette technique sont à l’heure actuelle très âgés

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Noren – Rideaux de porte « made in China » en faux indigo, beaucoup moins onéreux que la production « Made in Japan » !

Cette méthode de teinture par réserve est pratiquée depuis des temps immémoriaux dans les pays où les plantes tinctoriales étaient abondantes, dans l’Inde, l’Indonésie et la Chine et jusqu’en Afrique

Dans le Japon du VIIe siècle, ces textiles contribuaient à la magnificence des cérémonies bouddhiques, en témoin les pièces conservées au Shôsô-in à Nara (réserve des plus anciens objets artistiques du Japon ancien)

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Soies anciennes de kimono teintes en shibori – (collection personnelle)

Parmi les pays qui pratiquent pourtant les mêmes procédés de base, le Japon se place en tête car sur une centaines de dessins de shibori recensés de par le monde, 90 motifs sont japonais !

L’évolution technique ne cessa de s’accroître tout au long des siècles jusqu’à atteindre un déploiement des couleurs et un raffinement inégalés

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Motifs de fleurs en kanoko shibori sur soie teinte en 3 couleurs – (collection personnelle)

Les motifs sur le tissu à lier n’y sont pas distribués de façon aléatoire, un travail de préparation très élaboré à l’aide de pochoirs donnent des repères préalables aux endroits où le tissu sera noué

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Petite ceinture en soie teinte en kanoko shibori – (collection personnelle)

Les motifs les plus simples et les plus abondants restent les Kanoko shibori, ainsi nommés par analogie aux taches sur le pelage des daims…

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Kanoko shibori sur coton, noué 4 fois avec un fil épais, la soie est nouée 8 fois avec un fil fin, mais le résultat en est plus onéreux ! – (collection personnelle)

…qui peuvent remplir des surfaces entières de petits motifs bien alignés ou compléter le fond des étoffes aux dessins plus complexes

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Kanoko shibori sur soie teinte en rouge – Motifs réguliers ne nécessitant pas de couper le fil entre chaque point noué – (collection personnelle)

Les Boshi shibori nécessitent un petit chapeau (boshi) sur l’endroit noué qui de ce fait ne prend pas la teinture, quant aux Hitta shibori, ils sont obtenus en pliant le tissu en quatre avant de le ligaturer

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Hitta shibori et kanoko shibori – Carrés pliés avant de les nouer teints en orange sur soie façonnée teinte en rouge foncé – (collection personnelle)

Si les fils de soie fins nouent les tissus de soie, des fils de chanvre suffisent sur les tissus de coton, les fils doivent être très solides car nouer se fait de façon énergique afin d’éviter les bavures de teinture à l’intérieur des motifs

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Tissu encore noué sur du coton teint en indigo pour Yukata – (collection personnelle)

Le travail est toujours fait à la main, bien que l’on utilise de plus en plus le système ingénieux de placer l’endroit à nouer sur un crochet, muni d’une fine aiguille, fixé sur un bâton devant l’exécutant afin de lier plus aisément et de gagner ainsi un temps précieux

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Kanoko shibori sur soie rose foncé – (collection personnelle)

Un travail de shibori est considéré comme réussi quand le tissu obtenu donne l’impression d’avoir été peint à la main !

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Motifs de feuillage en kanoko shibori sur coton pour Yukata teint en rose foncé – (collection personnelle)

Si Kyôto s’était fait une réputation de teinture shibori sur de luxueux tissus de soie, destinés à l’aristocratie, la ville d’Arimatsu, quant à elle, la pratiquait surtout sur des cotons, pour la classe des bourgeois enrichis qui se voyait toujours interdite, par les autorités shogunales, du port de vêtements trop somptueux

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Un petit Haori (veste portée au-dessus du kimono) en shibori pour mon petit bonhomme qui ne fait pas ses 60 ans !
(collection personnelle)

Toutes les chutes de tissu teint en shibori de cet article ont été trouvées à Arimatsu et sont dues aux coups de ciseaux malencontreux des personnes chargées de couper les fils noués après teinture !

Quand la chance sourit à Arimatsu …

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Chutes de tissus en shibori venus enrichir ma collection

Le centre historique préservé de la ville d’Arimatsu, fière de ses 400 ans d’histoire, a ménagé une belle promenade, ce sera l’objet du prochain article
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Japon – Voyage à Arimatsu :
centre historique de la teinture Shibori
Capitale du Shibori
Le quartier ancien des négociants en shibori
Le sanctuaire shintô Arimatsu Tenmansha

22 réflexions sur « Arimatsu, centre historique de la teinture Shibori »

  1. merci pour cet article passionnant sur les tissus japonais,grace à votre site on apprend beaucoup de choses sur le Japon, des explications acompagnees de belles photos, c’est un regal pour les yeux .
    à bientot pour la suite

  2. Bonsoir Marie-Claude,

    A Bruxelles, en 1989, se sont tenues diverses expositions dans le cadre d’Europalia Japon. J’avais entre autres vu une exposition de kimonos qui m’avaient complètement fascinée. Je restais en extase devant ces reliefs colorés. C’était merveilleux !

    Bonne soirée !

    • Merci Catherine, je comprends, Oh Combien ! votre fascination qui est aussi la mienne depuis si longtemps…Les kimonos sont largement autre chose que des vêtements ! Tous les grands artistes n’ont jamais dédaigné y exercer leur talent et en ont fait de véritables œuvres d’art…

  3. Voilà un article qui me donne le vertige : tant de clarté, de précision et d’amour de l’art(isanat) du Japon… Tu m’as souvent ouvert les yeux sur la beauté parfois discrète des objets et ici le shibori, que tu m’avais déjà fait connaître, m’inspire un respect profond pour le goût infini du détail chez les Japonais.
    Merci encore !

    • Tu sais Katell, ce qui m’a fait sourire, c’est la réflexion du marchand passionné de shibori « le tissu parfaitement teint (après des heures innombrables de travail !) qui donne l’impression d’avoir été peint » (c’est à dire en quelques coups de pinceau !) c’est la définition parfaite du raffinement à la japonaise !

  4. Je suis toujours une grande fidèle de vos reportages de toutes sortes. Ma belle-fille, japonaise, a visité Arimatsu il y a 2 ans et m’a rapporté un étui pour mon portable en m’expliquant la fabrication de ce tissu. Je suis sidérée que certaines pièces viennent de Chine!! J’ai aussi acheté une liseuse et j’en suis enchantée et… comme vous je me suis replongée dans « Jane Austen »!! Très pratique dans les transports en bus. Continuez à nous enchanter avec vos reportages. Vos commentaires sont très intéressants et bien documentés. Bonnes Fêtes de fin d’Année à vous et à votre famille.

  5. Encore un magnifique voyage, merci
    Faites nous rêver encore et encore, et continuer à nous donner quelques clefs pour approcher ce pays
    Bonne et Belle année 2014

  6. Merci pour cette visite guidée et si bien commentée.
    C’est quand même exorbitant comme prix, je n’ose imaginer qu’en France nous puissions le faire avec les charges sociales et autres que nous avons !!!!
    J’aime beaucoup la teinture faite en pliant le carré (Boshi Shibori) c’est superbe. Je garde bien au chaud le lien pour essayer de faire quelque chose (un peu prétentieux de ma part mais si je n’essaye pas !!! )quel résultat ça pourrait donner ?
    Je me régale en recevant tes mails, je prend toujours mon temps pour les lire.
    Bon dimanche et bonne fêtes de fin d’année.
    Biz
    Dane

    • Merci de me donner vos sentiments sur mes articles et s’ils donnent des fourmis dans les doigts, j’en suis ravie !
      Concernant les prix, il faut savoir qu’au Japon les charges et les impôts sont semblables aux prélèvements connus de tous les pays industrialisés, ce qui fait de ce pays une destination « chère » pour y faire du tourisme
      Quant aux kimonos et aux textiles traditionnels en général, ils n’ont rien à voir avec ce que l’on propose sous ce nom en France, ce sont des œuvres d’art avant d’être de l’artisanat, difficile à comprendre sous nos latitudes où les textiles sont considérés comme matières négligeables (les prix donnés dans cet article sont exceptionnels quand même !)
      Même si je suis juste amateur -celle qui aime- j’essaie modestement, avec mes articles, de combattre certaines idées reçues…

  7. bonsoir C’est avec grand plaisir que je lis vos articles . de plus quel regal pour les yeux de voir ces tissus si magnifiques .Il me parait que tout objet ou tissu ,même simple , devient une oeuvre d’art.
    J’ai grande envie de visiter ce pays
    Bonne année 2014
    amicalement
    michele

  8. Quelle bonne nouvelle pour commencer l’année! Cele fait longtemps que je vous suis,et apprécie que vous partagiez votre passion et connaissance éclairée du Japon.et, « cerise sur le gâteau: vous venez habiter dans le finistère,où je demeure..A bientôt j’espère.Si je peux vous aider quant à votre parachutage : avec plaisir.
    Cordialement.
    Martine

  9. Coucou Marie Claude
    Un jeune de ma connaissance va rejoindre un ami dans son tour du monde passant par le Japon. Il prépare son voyage depuis plusieurs mois. Sa grand mère, une amie, m’a contacté pour plus de renseignements. je lui indique ce formidable musée que j’avais visité en 2009. *farfouillant* sur la toile, pour trouver l’adresse du musée, je tombe sur votre blog, bien sûr attirer par la photo. J’espère que je vais convaincre ces jeunes qui, en général, ne sont attirés que par la technique. Au Japon, ils seront servis. Tout ça me donne envie de retourner au Japon.. Un gros baiser pour vous. Je compte bien un jour venir vous voir, bien que la distance n’est plus la même que Paris. je communiquerais par mail. Béatrice de Lausanne.

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