Paris – Musée Guimet
Kitaôji Rosanjin se consacra surtout à la production de céramiques destinées au Sadô, la Voie du thé ou au Chanoyu, la cérémonie du thé
Les principes esthétiques de la cérémonie du thé, hérités du bouddhisme zen, privilégient les pièces qui ont un caractère propre comme les grès appréciés pour leur aspect sobre et naturel
Les Chawan ou bols à thé que Rosanjin affectionnait étaient du type Shino rouge, faits dans une argile claire revêtus de deux couvertes, une épaisse et une autre mince, la forte proportion de feldspath à la cuisson rendant des nuances de couleurs différentes…
…ou encore du type Seto noirs aux formes cylindriques revêtus d’une couleur sombre obtenue par une épaisse couverte à base d’oxyde de fer
Le Chanoyu a incité de nombreux artistes à produire des céramiques originales, Rosanjin a surtout créé des Mizusashi de toutes sortes …
…des récipients destinés à contenir l’eau froide pour le thé que l’on puisait à l’aide de louches de bambou
Rosanjin, comme nombres de potiers, a beaucoup œuvré en produisant des céramiques destinées à la cuisine Kaiseki qui consiste en un repas léger servi avant la cérémonie du thé
Les formes anciennes des pièces destinées à verser l’eau pendant la préparation du thé matcha seront converties en théières au moment où la mode de boire le thé infusé s’imposera au début du XIXe siècle
Les mets servis pendant le repas Kaiseki nécessitent nombres de récipients à condiments qui accompagnent habituellement riz et soupe légère…
…petites assiettes, coupelles où l’imagination des artistes-potiers se donne libre cours !
Kitaôji Rosanjin imita ses devanciers dans tous les styles de céramiques
Les styles de décors dont il usa sont aussi divers que variés…
…avec une prédilection pour les motifs des feuille d’érables, symbole incontestable de l’automne au Japon
Rien ne lui échappa ! Des tasses ou bols à thé dans toutes les tailles…
…jusqu’à une abondante production de Tokkuri, les flacons à saké…
…et les petites coupes obligées pour la dégustation de l’alcool
J’avoue avoir un faible pour toutes ces céramiques qui ont l’air insignifiantes du fait de leur très petite taille …
mais que je trouve absolument irrésistibles pour la virtuosité qu’à demandé leur création
Ce genre de céramiques se trouve couramment au Japon de nos jours, souvent issues de productions en série et donc peu onéreuses…
…mais avec un œil averti il est tout à fait possible de trouver des pièces uniques dans le goût de Rosanjin !
Kitaôji Rosanjin reconnu comme un potier de renom exerça aussi son art dans la peinture de paravents…
…écrans à plusieurs volets nécessaires pour séparer les espaces habitables anciennement et qui restent aujourd’hui des objets de décorations luxueux privilégiés par les peintres et les calligraphes pour y déployer leur art
Kitaôji Rosanjin, rebelle aux honneurs, refusa le titre de « Trésor national vivant » que le gouvernement voulut lui décerner après guerre, son caractère d’une susceptibilité extrême le brouilla avec nombre de ses contemporains, et même avec Picasso, que pourtant il admirait, lors de son voyage à Paris
Pointilleux il ne souffrait pas que juste à la sortie de son bain, les servantes qu’il employait soient en retard pour lui servir sans délai la bière fraîche qu’il affectionnait à ce moment-là !
Ces céramiques japonaises à l’esthétique si originale peuvent déconcerter (comme je l’ai entendu dans l’exposition) car elles diffèrent de nos goûts beaucoup plus sensibles aux critères de perfection technique et à l’attrait pour les décors plus raffinés
merci Marie-Claude pour cette visite !
quand vous parlez de « style Bizen ou style Shino s’agit-il de noms de lieux où travaillait Kitaôji
Rosanjin ou de noms de matières ? ou…
le vase rouge de votre dernière photo me plaît particulièrement qui allie une forme recherchée, des motifs presque abstraits et le présence visible de la terre montée sur le tour !
@ bientôt
Ce sont les noms des fours comme ceux de Seto ou Mino (dans la première partie de l’article) fours anciens qui avaient leur caractéristiques propres en raison de la qualité des argiles sur place et qui sont plus ou moins réactivés de nos jours dans leurs régions d’origine
Mais les potiers de l’époque de Rosanjin et ceux qui produisent maintenant des céramiques uniques travaillent dans le style de Bizen (style plutôt « brut ») ou bien dans le style de Shino (plus coloré, plus souple) etc…
Merci, Ella, ce petit vase rouge était fort séduisant en effet et son décor reflète si bien la quintessence de l’art japonais, c’est peut-être ce que j’aurais bien accepté d’emporter !!!