Voyage en Auvergne – Journée de l’Amitié à Ceyrat – 6 juin 2013

Voyage en Auvergne – 6 juin 2013

La délégation du Puy de Dôme-Cantal m’avait courtoisement proposé de venir parler de mon travail lors d’une Journée de l’Amitié

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La neige en juin ! Vue de La Chapelle d’Alagnon dans le Cantal

La délégation France-Patchwork Puy de Dôme-Cantal est placée depuis le début de l’année 2013 sous l’égide de Marie-Odile secondée par une formidable équipe de bénévoles qui partagent en commun une bonne humeur communicative

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La grande salle de réunion à Ceyrat qui accueillait les quilteuses

Quittant St Jean de Luz avec les quilts dans mes bagages, j’ai ainsi pu les exposer de nouveau dans une grande et belle salle de Ceyrat, tout près de Clermont-Ferrand où un peu plus d’une centaine de quilteuses étaient venues écouter avec curiosité mes propos sur ma façon de concevoir le travail de patchwork

Comme la délégation avait prévu un travail de Meshwork sur un mode japonisant, j’ai essayé de faire un petit exposé dépaysant sur le monde du textile au Japon en expliquant la provenance des tissus que j’emploie dans mes quilts

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Les quilts jouent à se pousser du col au fond de la salle !

J’ai étonné bon nombre de quilteuses en expliquant ma démarche qui n’est pas de choisir un modèle puis d’acheter les tissus exprès mais que c’était les textiles en ma possession qui m’amenaient à choisir des modèles pour les mettre en valeur

J’ai précisé que c’est mon amour des textiles anciens qui m’avait amené à confectionner des quilts et que les étoffes de récupération avaient plus d’intérêt qu’aucun tissu conçu exprès pour le patchwork n’en aura jamais

Quelques quilteuses convaincues, ont décidé sur le champ qu’elles allaient recycler dans leurs ouvrages les textiles familiaux conservés dans leur armoires ! ce qu’elles pourront très bien faire d’ailleurs en les mélangeant avec des tissus d’autre provenance

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« Regardez, c’est juste ma taille ! Mais Monsieur le kimono pour un homme c’est juste à côté ! »

La question souvent posée concerne le temps nécessaire à produire un quilt jusqu’à son achèvement… si on prend un modèle d’un magazine, cela est aisé de compter ses heures…moi qui réfléchis des mois avant de me lancer dans un projet et qui travaille sur plusieurs ouvrages à la fois, je suis bien en peine de donner un temps d’élaboration, alors je répète sous forme de boutade que je considère mes quinze premières années de patchwork comme un apprentissage

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Sans souci de cuistrerie, en train de prêcher la bonne parole !

Jusque là « mon public » était plutôt approbateur et puis j’en suis venue à parler de mes marottes à savoir les concours, les expositions et l’art dit textile

En réponse à une affirmation péremptoire concernant « les grandes » artistes textiles françaises, j’ai exprimé des doutes sur le passage obligé des Beaux-Arts qui serait un sésame irremplaçable pour devenir une artiste renommée …

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Un peu de douceur au milieu de l’aigreur de mes propos ! Gâteau de bonbons célébrant les 20 ans de la délégation

… car c’est faire fi de tous les créateurs qui n’ont jamais fréquenté les écoles d’art et qui pourtant arrivent à projeter dans leur œuvre leur personnalité, leur sensibilité, leurs passions ou leurs révoltes, tous sentiments qu’il est bien difficile de ressentir devant des ouvrages où des bouts de plastique agrémentés de chutes pendouillantes de fibres textiles seraient chargées de transmettre une émotion indicible

Que dire des personnes qui décident un beau matin de faire de l’art textile, en proclamant que s’exprimer avec la géométrie c’est devenu ringard, et qui naviguant sur une vague de snobisme largement partagée vous renvoient, si vous doutez de leur merveilleuse création, en pays de Béotie !

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Et un peu de légèreté au-dessus de l’irritation provoquée-peut-être- par mes propos – Travaux des adhérentes gracieusement mis en scène

Si l’omerta, qui consiste à ne pas dévoiler ses sources, sclérose le patchwork dit traditionnel qui s’enorgueillit de produire de sempiternelles copies, l’art dit textile lui emboîte le pas en reproduisant les œuvres d’artistes du XXe siècle ou de quilteuses américaines contemporaines en ignorant que l’emprunt saute au yeux des personnes munies d’un peu de culture artistique

Je ne suis pas systématiquement contre l’art textile, et je ne l’oppose pas au travail de patchwork traditionnel, les deux peuvent cohabiter de façon harmonieuse à condition qu’on y mette, dans les deux, sa personnalité et son engagement et non s’en servir pour appliquer des recettes

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Les quilts jouent aux vitraux avec le soleil de juin

J’avoue que les artistes auto-proclamées me font doucement rigoler ! Surtout en constatant l’absence de style personnel, car le fait de courir sempiternellement à la suite d’une mode versatile n’a jamais fait un artiste d’importance

Le fait de montrer ses petits travaux dans son club est tout à fait légitime, les exposer sous d’autres latitudes et sous des yeux inquisiteurs autres que ceux des quilteuses fait que les travaux textiles n’y peuvent gagner en lettres de noblesse, le sentiment général les cantonnera toujours en travaux féminins faits pour une sphère privée et c’est fort dommage

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Le fête est finie !

Je me rends compte que pendant cette matinée, j’ai dû avoir des propos assez décousus, la fatigue aidant j’ai sauté à mon grand désespoir de la grue à la tortue (version nippone du coq à l’âne !)

J’avais prévenu la délégation sur le risque d’inviter un trublion comme moi qui avait de plus, la prétention de parler de l’honnêteté en patchwork …

Je souhaite que Marie-Odile, Annie, Huguette, Isabelle et Michèle, un formidable quintette auvergnat, ne me gardent pas rigueur si dans les jours à venir, elles doivent faire face aux protestations indignées de quelques adhérentes envers lesquelles j’ai oublié un tant soit peu mon sens de la diplomatie

Lamontagne7juin2013
Article paru dans le journal « La Montagne » le 7 juin 2013…La gloire !

14 réflexions sur « Voyage en Auvergne – Journée de l’Amitié à Ceyrat – 6 juin 2013 »

  1. J’espère pouvoir approuver sans soulever d’inutiles polémiques…
    Je fais du patchwork qui fait partie de ma conception de l’art textile, j’en fais de façon personnelle et dans la passion folle des tissus et des fils.
    Je me moque éperdument des clivages traditionnel-contemporain qui sont confortables pour les gens qui réduisent afin de mieux appréhender(et décerner des prix et autres satisfecit) pas pour ceux qui savent voir l’universalité et la diversité des arts d’assemblage textile.
    Je n’aime pas la confusion entre création, copie ou démarque parce j’estime qu’elle nuit profondément aux artistes qui comme toi et moi-et beaucoup d’autres!- créent à partir des tissus.
    Je regrette que le dire soit sujet à contestations stériles, voire à une censure ou une exclusion .
    La différence entre les démarches -si démarche il y a – quand on imite ou qu’on suit un courant fût t-il baptisé pompeusement et unilatéralement « innovateur  » -Comment « suivre » pourrait-il être innovant ? est un sujet de réflexion et de questionnement, s’agissant d’un art comme le nôtre, qui étant jugé mineur, se répand par les « modèles ». Puisque privé d’une autre reconnaissance, le plus souvent.

    Les artistes qui auraient « automatiquement » fait les Beaux arts … On nous ressort la « sauce » pour ne pas dire la ‘daube » à chaque fois, ce qui pousse certaines à prétendre avoir fait une école d’art à un âge où l’école n’existait pas (les faux CV d’artistes sont légion ) Lesquels d’ailleurs, de Beaux-arts ? Parce que, par les cours du soir, n’importe qui peut se targuer d’avoir « fait » les Beaux Arts comme n’importe qui peut se targuer de « faire » du patchwork ou du pastel ou de l’aquarelle …
    Apprend-on aux Beaux arts l’histoire du patchwork et des assemblages textiles ? Certes non. Cela conduit à dévaloriser cette valence et à surestimer toutes celles qui feraient de la « peinture en tissus ». Un tissu n’est pas de la peinture et on ne fera jamais la même chose avec cette matière, au vu que ça ne se mélange ps du tout de la même façon et que pour savoir le faire connaître son medium de prédilection -ce qui n’est nullement appris aux Beaux-arts- est primordial. Aux Beaux arts c’est vrai on apprend à composer, mais composer de manière géométrique avec des étoffes différentes, ça on ne l’apprend pas aux Beaux-arts, le patchwork n’étant pas classé Beaux-arts !! On apprend au mieux à faire des tableaux textiles qui ressembleraient à de la peinture abstraite ou figurative ou du conceptuel très tendance …
    Et entre nous soit dit il existe sur le sujet d’excellents livres avec lesquels on peut tout aussi bien l’apprendre, sans passer par la case Beaux-arts.Je dis et je répète que le classement actuel hiérarchique des arts entre mineurs et majeurs, art appliqué, arts décoratifs noble ou pas nobles au fond .. .repose sur l’Antiquité et l’esclavage.ensuite sur un préjugé nobiliaire. Ce n’est pas une opinion, c’est un fait historique avéré; une simple consultation de Wikipedia l’atteste; et si vous creusez côté livres plus pointus, ce ne sera pas démenti.Un fait ne se conteste pas !
    Après c’est affaire de prestige, cette chose inventée pour donner plus value très subjective ou dans le courant dominant …qui donne domination à qui décide ce qui est dominant, c’est commode !
    Ce qui est navrant, à mon sens, c’est de voir des instances censées promouvoir un art le démolir en adhérant à de tels préjugés.Il ne fait pas bon le dire, j’en ai tâté, mais je le redis quand même. Et si on ne partage pas mon avis (mais est-ce un avis ou une information reposant sur étude, expérience et réflexion ?) J’aimerais qu’on ne tienne que moi pour responsable de mes propos. On me connaît, j’ai un mail on peut m’écrire à moi.

    • Jacqueline, je suis contente quand mes articles font passionnément réagir mes lecteurs !
      Quant aux CV gonflés à la surenchère, c’est une tendance bien française de se faire passer pour ce qu’on est pas !

  2. Bonjour Marie Claude!
    J’ai fait hier une petite visite dans un salon intitulé Fils Croisés, dans mon coin de Savoie.Des marchands de tissus(moches), de fils, de cadres(kitch assuré),de livres(beaucoup et intéressants m’a -t-il semblé)des mètres carrés de point de croix, quelques patchworks sans saveur, sauf à mon goût ceux d’une Suissesse, en lin fin transparent et d’autres en étoffes indigo …Au total, c’était décevant.Peu de visiteurs et encore moins d’acheteurs.
    Bof…Où peut on voir ces créations dont parle Jacqueline? En tout cas pas chez nous.Il y a parfois des expositions organisées par quelque groupe local, mais on n’y voit que des copies mille fois ressassées,des appliqués, très populaires, mais je déteste ça.Bref, la frustration.

    • Françoise, c’est un des multiples salons de loisirs créatifs…Mêmes exposants, mêmes boutiques、mêmes modèles…Vous comprenez alors mes réticences devant « les merveilleuses créations » tant vantées partout…
      Généralement ce genre de Salon était très couru…Mais la mode tourne…
      Une réflexion fataliste entendue chez des commerçants à Quilt en sud : « les visiteuses viennent avec un budget qu’elles ne dépassent plus, qui se réduit chaque année et elles ont déjà tellement de tissus ! »
      Alors pour créer il faut sortir des sentiers battus mais cela demande d’intenses réflexions !

  3. Bonjour, Marie Claude
    Quel plaisir de lire vos réflexions, vos pensées sur ce qui devait nous lier, le patchwork
    Au bout de 35 ans je suis toujours « assise » de lire d’entendre les poncifs de celles qui pensent tout connaitre !!!on devrait leur fournir l’adresse de votre site afin qu’elle redescendent sur terre avec un peu de modestie qui souvent ne les étouffe pas
    J’ai essayer durant des années à transmettre ce que j’avais appris surtout auprès de personnes « sensées » aux US qui avaient une longue tradition de ce qu’était le patchwork, traditions familiales, d’états aussi, avoir appris en Asie (malheureusement pas au Japon mais en Corée et en Chine, apprendre toujours apprendre et ne pas se croire au dessus de tout parce que l’on fait partie d’une association X Y ou Z ….ou que l’on mente sur son parcours pour obtenir des articles de mauvaises techniques sur des revues ou appeler pompeusement « salon européen, ou autre ce qui reste une exposition qui parfois contient tant de copies que cela devient sans intéret, rares sont celles de qualité
    Pour moi une expo d’atelier où l’effort de dire son inspiration , d’expliquer technique origine etc .. ont pour moi de l’intérêt Je ne dis rien sur ces salons et de fièvre acheteuse !!!!
    J’apprécie votre franchise, votre talent aussi

    • Merci Arlette, je retiens de votre réaction qu’il faut toujours apprendre, chercher, travailler pour se libérer « du prêt-à-coudre » qui envahit livres, revues, Salons…
      Hélas, le mot « créativité » est devenu synonyme de conformisme aussi bien en patch qu’en art textile, dommage …

  4. Françoise, s’il m’est permis de vous répondre puisque vous citez mon nom… quand on connaît des personnes depuis un temps certain et qu’on est en relation étroite avec elles on sait comment elles procèdent. C’est le cas entre Marie-Claude et moi (entre autres!) Le mieux c’est d’aller voir leur atelier et leurs créations chez elles quand c’est possible et qu’elles le permettent. Et si sur les blogs et sites comme j’en fais le vœu les personnes pouvaient expliquer leur manière de procéder de A à Z non pas au plan technique mais au niveau de la conception voire démarche personnelle, c’est à dire de la source d’inspiration à la réalisation en passant par le choix des tissus, on pourrait peut-être savoir au moins ce qu’on regarde. Dans les salons le but est d’attirer le chaland, il s’agit de vendre du loisir créatif, non pas de faire connaître un art encore moins un ou une artiste et son parcours même si certaines expositions y sont intéressantes et méritent d’être vues et signalées, c’est un peu la caution artistique d’un phénomène commercial et comme les quilteuses qui créent n’ont malheureusement pas beaucoup d’autres endroits pour exposer notamment en solo … c’est un peu un cercle vicieux.

    • Jacqueline, aussi bien à Quilt en sud qu’à Ceyrat, j’ai expliqué ma démarche et cela a été apprécié, comme quoi un discours qui change du conformisme ambiant peut être bien reçu…Et peut être inspirer des vocations ! Évidemment il y aura toujours des réfractaires, c’est dans l’ordre des choses !

  5. Bonjour,
    J’appartiens à un groupe de patchworkeuses qui expose tous les ans dans une salle municipale. Effectivement, il est très difficile d’obtenir la source d’inspiration de certaines alors que l’on est en face d’une copie presqu’intégrable mais parfois les sources sont multiples. Alors que faire ? on ne se rappelle pas toujours quelles ont été les 1ères sources d’inspirations car on n’invente pas à partir de rien. Ajouter à côté une liste d’une dizaine de noms ?
    Maintenant quand on fait du patch depuis de nombreuses années quelle déception quand on tombe en arrêt devant un patch qui vous parle et que l’on se rend compte que la parole ne venait pas de la réalisatrice de l’ouvrage qui n’ a pas eu le courage de donner ses sources et à récolter vos louanges exprimés ou pas.
    Je me suis souvent étonnée que certaines organisatrices de concours nationaux demandant des œuvres jamais publiées mais pas originales manifestement, accrochent des ouvrages déjà parus dans une de mes revues américaines.Dans ces cas-là,leur méconnaissance de l’actualité du milieu me sidère et le fait que les photos paraissent dans les revues françaises sans un mot de l’original accentue le pillage.
    Je pense que certaines ont la carte et d’autres pas. Les résultats des concours de Quilt en sud me laissent rêveuses tous les 2 ans, seule exposition que je peux suivre de visu.
    Je ne suis pas toujours d’accord avec vos positions mais quel bonheur de vous lire !!! Vous vous adressez à mon intelligence ce qui est plus que rare dans les blogs habituels.
    Cordialement
    Gérémine pour faire la différence avec Jacqueline F

    • Merci Jacqueline/Gérémine, de constater qu’en effet, je prends mes lecteurs en considération ! Ce qui est rare dans les blogs, j’en suis consciente
      Ce problème, qui nous préoccupe, existe depuis les années 1980…Quand j’ai commencé le patchwork, déjà « nos grandes quilteuses françaises » exposaient des copies issues de revues américaines ! J’ai été éblouie à cette époque par le grand talent de ces dames. Ensuite j’ai vite pris connaissances de ce qui venait des USA ! La déception d’avoir été bernée a été grande !
      Vos remarques pertinentes, nous sommes quelques unes à les partager…Les mentalités commenceraient-elles à bouger ?

  6. j’adore moi aussi votre article et vos réflexions , j’ai l’impression que nous sommes encore toutes les deux dans le salon de l’auditorium de saint jean de luz , où nous avons eu l’occasion d’échanger des propos …alors oui persistez …

    • Merci Tania, j’ai beaucoup apprécié votre sourire et votre inaltérable bonne humeur…
      Pour moi qui vit et travaille en solitaire, les échanges amicaux faits en ce début juin m’ont été très agréables et je ne suis pas loin d’en redemander !

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