Exposition « Intérieurs romantiques »

Paris – Musée de la Vie romantique

Par une belle matinée de septembre, visite d’une nouvelle exposition parisienne dans le si charmant musée de la Vie romantique

Hôtel Scheffer-Renan abritant le musée de la Vie romantique

Exposition de vues d’intérieurs du XIXe siècle européen conservées au Cooper-Hewitt, National Design Muséum de New York

Invités au vernissage, nous avons eu le privilège de pouvoir photographier en toute quiétude les œuvres exposées

En dépit des spots réfléchissants, j’espère que nos clichés d’amateurs ne trahiront pas trop ces aquarelles, gouaches ou dessins si délicats

Dans le premier salon du musée, bustes en terre cuite et petits bronzes du XIXe siècle abrités dans la bibliothèque

Tous les pays de l’Europe septentrionale, France et Allemagne mais aussi Angleterre, Autriche et Russie n’échappent pas au tout nouveau genre de peintures d’intérieurs qui connut au début du XIXe siècle un succès considérable

Le genre de « portraits d’intérieurs » apparait avec les commandes de l’aristocratie soucieuse de garder en albums d’images les plans et autres vues extérieures de ses domaines auxquels s’ajoutent bientôt les vues des différentes pièces des propriétés meublées luxueusement et à profusion

James Roberts – Salon privé de la reine à Buckingham -1848

En regardant les représentations des espaces publics ou privés des palais et des châteaux, commandés à des artistes reconnus, chargés de mettre en valeur ce patrimoine assez théâtral sinon pompeux, j’imagine que l’intérêt doit surtout concerner les historiens versés dans les archives de la classe nobiliaire !

Franz Nachtmann – Antichambre du roi Louis Ier de Bavière – La Résidence à Munich – 1836

Dans ce salon si élégant d’un aristocrate anglais où se manifeste un goût pour les porcelaines orientales enrichies de bronzes dorés, la dame à son piano-forte, conçue comme un accent final, ne dérange pas outre mesure la belle harmonie en bleu et jaune !

William Henry Hunt – Salon du comte d’Essex à Cassiobury – 1823 – Détail

La classe montante de la bourgeoise enrichie, à l’instar de l’aristocratie, souhaite faire de sa demeure un lieu d’identité, de reconnaissance sociale et commande des « portraits d’intérieurs » chargés d’évoquer un certain art de vivre

Le goût artistique de la riche famille Mendelssohn se révèle dans le salon de musique de Fanny, sœur de Félix et musicienne accomplie, où la multitude de tableaux n’alourdit que peu une pièce sobrement meublée, où la lumière que l’on devine venir du jardin joue avec les meubles en bois blond

Julius Wilhelm Helfft – Le salon de musique de Fanny Hensel – 1849

L’accumulation des biens, détaillés avec un soin minutieux, lourds drapés des rideaux, meubles massifs, exposition d’argenterie, obéit à l’harmonie esthétique prônée par les catalogues de décoration intérieure alors à la mode

Angleterre – Un salon – Vers 1842

Souvent les scènes de la vie privée dans des maisons confortables sont perçues comme les représentations des liens unissant les personnes d’une catégorie sociale supérieure partageant des intérêts communs et une même vision élitiste de monde

Christian Zeuthen – Salon chez Lord Chamberlain à Copenhague – 1844

Le XIXe siècle est celui de l’éclectisme, les styles de décoration cohabitent de façon divertissante, le mobilier français Louis XV et Louis XVI avec le néo-rococo, le néo-classicisme et le néo-gothique

George Pyne – Le salon de George Jammes Drummond – Oxford – 1853

Comme les sièges, fauteuils et bergères très nombreux sont regroupés dans de petits espaces, plutôt qu’alignés le long des murs, les salons y gagnent en confort et en intimité

Emanuel Stöckler – Le salon d’un sportsman – 1856

En Angleterre, les styles anciens sont recréés avec une profusion d’éléments décoratifs, comme dans le manoir de Samuel Morley, politicien et industriel ayant fait fortune dans la bonneterie

Les boiseries, les tapis d’orient, l’orgue de salon et les deux transatlantiques, nouveautés d’alors, au milieu du salon témoignent assez du goût de l’époque !

Henry Robertson – Hall Place, Leigh, près de Tonbridge – Kent – 1879

La bonne société aime à recevoir dans ses appartements pour les joies de la conversation, pour jouer aux cartes ou pour faire de la musique, les jeunes filles de bonne famille étant chargées de charmer l’assistance avec leur talent musical

Ce quatuor plein de ferveur attentive, avec un chien sensible au charme de la musique m’évoque « les Schubertiades » telles qu’elles étaient données dans les salons bourgeois de la Vienne du début du XIXe siècle

L.Rossi – Une réunion musicale – Vers 1850

Dans un salon un peu plus cossu, ouvrant sur un jardin, le chambellan de la reine Hortense, le comte Gabriel d’Arjuzon au violon accompagne Pascaline, la comtesse, penchée sur sa guitare,  petit moment de grâce dans une atmosphère tranquille, comme dérobé à la vie que l’on devine habituellement très mondaine

Achille-Louis Martinet – Intérieur d’un salon – Vers 1840

Les chambres à coucher, loin des lieux de réception des siècles précédents, sont désormais vouées à l’intimité…

Anonyme XIXe siècle -Chambre à coucher d’été à la parure blanche

…même si ces pièces servent toujours de petit salon privé, de boudoirs ou de vestiaire pour la maitresse de maison, le lit étant alors masqué par une tenture plus ou moins élaborée

Autriche – Chambre vue d’une alcôve – Vers 1853

Dans beaucoup de maisons bourgeoises, les chambres héritent souvent de l’ameublement ancien des salons remeublés de neuf, mais une grande attention est portée à leur décoration avec une surcharge de tissus tendus, plissés ou bouillonnés, de cantonnières, de rideaux lourdement drapés et de luxueux tapis couvrant tout le sol

François-Etienne Villeret – Antichambre – 1848

Le petit cottage à Peterhof de la tsarine, femme de l’empereur Nicolas Ier, fut exécuté par un architecte écossais dans le style néo-gothique alors fort à la mode

Edouard-Pétrovith Hau – Petit cabinet de l’impératrice Alexandra Feodorovna – Et son cadre d’époque  – Vers 1830

Le petit boudoir lumineux aux légers meubles de bois clair, empreint du charme rustique privilégié par la noblesse russe, invitait au repos loin du faste solennel de la cour de Saint-Pétersbourg

Petit cabinet de la tsarine

J’ai beaucoup aimé les représentations d’intérieurs, souvent réalisés par des amateurs, avec une sobriété pleine de poésie rêveuse, comme dans cette représentation en grisaille d’un salon d’été par une dame de compagnie de la reine Hortense

La simplicité de l’ameublement réduit aux seules joies de l’esprit, la musique, la lecture et la broderie, peut se lire comme une métaphore du faste napoléonien évanoui, lors de l’exil de la reine en Suisse

Louise Cochelet – Un salon sur le lac de Constance – 1816

De même en Allemagne, le style d’ameublement dit Biedermeier, convient à la toute nouvelle classe bourgeoise, repliée sur une calme vie privée, privilégiant l’économie domestique et les activités familiales au détriment de la représentation

Simplicité des matériaux, dépouillement des formes, meubles légers et couleurs claires sont destinés à embellir le cadre de vie imprégné de modestie et de simplicité des marchands et des hommes d’affaires de la bourgeoisie germanique

R.Haes – Intérieur Biedermeier à Coblence – 1840

Les bourgeois qui se piquent de culture artistique ne dédaignent pas la représentation en image bien proprette de leur atelier, où l’on ne risque pas de rencontrer les rapins de la vie de bohème chers à Murger !

Karl Wilhelm Streckfuss – Atelier d’artiste à Berlin – Vers 1860

Mon coup de cœur reste pour l’aquarelle de la fille du peintre Lawrence Alma-Tadema et sa représentation de la bibliothèque paternelle

Anna Alma-Tadema – La bibliothèque de Sir Lawrence Alma-Tadema à Townshend House – Londres – 1884

Un lieu chaleureux au mobilier de bois clair, rempli d’objets « exotiques », de livres et de tableaux, dont les fenêtres à vitrail laissent filtrer la lumière venant du jardin, une pièce en somme tout à fait à mon goût !

Vers l’atelier du peintre, pour la suite de l’exposition

Le musée de la vie romantique est un lieu consacré à la vie artistique et littéraire des années 1820-1860

La maison d’Ary Scheffer et la serre dans le jardin

Ary Scheffer, peintre d’histoire et habile portraitiste recevait dans sa maison, nouvellement construite dans le quartier de la Nouvelle Athènes, toute la jeunesse romantique un peu fortunée de l’époque

Par une belle matinée d’automne

Petit jardin de poche au charme suranné, plein de chants d’oiseaux, propice à le rêverie près de buissons de roses qui s’effeuillaient mélancoliquement

Le jardin vu de la serre transformée en café

8 réflexions sur « Exposition « Intérieurs romantiques » »

  1. Merci pour ce beau reportage que je lis et relirais avec grand intérêt. J’ai eu l’occasion de visiter ce musée lors d’un séjour à Paris et je me souviens d’y avoir fait une halte très agréable dans ce beau jardin hors du temps.
    Avec toute mon amitié

  2. Quel régal que cette visite en votre compagnie! J’adore ces représentations d’intérieurs, riches de détails à observer,mais qui sont bien plus que de simples inventaires ou documents.Le temps s’y est arrêté et n’attend que notre regard pour ressusciter .
    Mes préférés: le petit salon de la tzarine, plein de couleur et de fantaisie, dans un style néogothique léger et lumineux.Je voudrais avoir ces voilages brodés, superbes!
    Plus « classique »,meublé sobrement, mais plein de charme à cause peut être des immenses fenêtres , le salon Drummond à Oxford.C’est là que j’aimerais être en ce moment même.
    Fidèles amitiés.

  3. oui beau reportage
    mais moi je regarde vos « petites » maisons qui sont une grande oeuvre
    je ne désespère pas de reprendre mon blog : votre photo de Branly est au chaud
    encore merci

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