Bach, le clavecin, Gustav Leonhardt…et moi !

J’ai découvert, enfant, la musique classique par le biais de la radio et tout de suite la musique de clavecin m’intrigua

A l’époque il y avait peu de choix dans ce genre de musique, si ce n’était Wanda Landowska qui jouait dans un grandiose ferraillement sur un drôle de clavecin moderne, mais malgré tout, le son bizarre qui sortait de l’instrument m’enchantait !

Puis vint Gustav Leonhardt dans les années 1960-1970, et je découvris par son intermédiaire une nouvelle façon d’écouter la musique de Bach jouée d’une manière que les musicologues de l’époque trouvaient provocatrice et même insensée

Choix subjectif : des Partitas – Edition de 1987 …

C’était le renouveau de la musique dite baroque, dont Gustav Leonhardt en collaboration avec Nikolaus Harnoncourt s’est révélé en être le défricheur inlassable jusqu’à nos jours, et c’est à lui que je dois tant de découvertes merveilleuses en musique ancienne

Les cantates de Bach que j’avais l’habitude avant d’entendre dans les églises, jouées et chantées lentement avec un respect desséché et poussiéreux sont devenues sous son impulsion légères, dansantes, vivantes en un mot !

Bien sûr, le parti-pris de faire chanter les cantates par des jeunes garçons (comme à l’époque de Bach, disait-on) n’est plus de mon goût maintenant et je préfère les versions plus fiévreuses de Philippe Herreweghe par exemple

…aux sonates pour flûte et clavecin – Version de 1989, irremplaçable pour moi !

Mais pour la musique de clavecin de Bach et des musiciens des XVIIe et XVIIIe siècles, il reste indispensable, même si j’apprécie aussi la vision d’autres interprètes, souvent ses élèves d’ailleurs

Gustav Leonhardt, avec son allure aristocratique, loin d’être le puritain rigide protestant comme on l’a souvent présenté, était d’une politesse raffinée, mais si la parole était rare, étant fort discret sur sa vie privée, l’œil pétillant prouvait son humour devant les questions journalistiques auxquelles il répondait souvent par une pirouette

Honneur à la musique ! – Archieffoto ANP

Comme on lui demandait avec insistance le secret de son jeu au clavecin, il citait malicieusement la phrase de Bach  «  »Vous n’avez qu’à frapper la note qu’il faut au moment où il faut » !

An contraire de tous ces interprètes classiques sur-médiatisés qui jouent, après le concert, au grand artiste exténué, il restait d’un calme olympien, accueillait avec un petit sourire en coin les amateurs d’autographes qui se pressaient dans les coulisses, pas vraiment dupe des éloges outrés qu’on lui adressait et qu’il acceptait tout en gardant de prudentes distances

Victor approuve mon choix !

Concerto Italien1

Un jour d’après concert, à peine ai-je eu le temps d’acheter un de ses disques dans le foyer du théâtre qu’il vint vers moi, longue silhouette dégingandée, en me proposant avec courtoisie de le parapher ! Surprise, car je n’ai pas la fantaisie de collecter des signatures, je n’ai pas su ni refuser, ni lui dire mon admiration

Il s’en est allé la semaine dernière, avec calme et dignité, après un ultime concert à Paris, auquel je n’ai pas assisté, les faiblesses de l’homme dues à la maladie et au grand âge ne m’attirant pas spécialement

Je ne suis en rien spécialiste de musique classique, même pas musicienne, juste amateur passionnée d’un art qui est essentiel à ma vie ou plutôt un apaisement de l’âme comme l’affirmait Jean Sébastien Bach

10 réflexions sur « Bach, le clavecin, Gustav Leonhardt…et moi ! »

  1. Bonjour Marie-Claude,
    J’aime beaucoup la musique baroque sans pourtant y connaître grand chose. Je découvrirai avec plaisir Gustav Leonhardt lorsque je verrai un de ses disques.
    Amitiés.
    Catherine

  2. Habitant loin de Paris je n’ai jamais eu l’occasion d’entendre un grand claveciniste. Une consolation tout de même: pas plus tard qu’hier au soir nous entendions François René Duchable qui vit tout près de chez nous .Entre autres il a joué une pièce de Bach, après Chopin, Schumann et Lizt.Nous sommes rentrés chez nous encore tout imprégnés de la joie répandue par cette musique.C’est bien de joie qu’il s’agit: ni gaieté, ni agitation, rien de superficiel et d’éphémère, non cela touche bien plus profond. Et que l’on ne vienne pas parler de rigidité huguenote, de sécheresse empesée ou je ne sais quoi.Rigueur, exigence de perfection, sans doute, mais qui s’en plaindrait? Depuis mon adolescence je reviens sans cesse à cette musique qui parle à ce qu’il y a de meilleur en nous, là où les mots n’ont pas accès.
    Salut donc à une admiratrice de mon compositeur préféré!
    Amitiés de Françoise

    • Alors, chère Françoise, encore un goût en commun !
      J’ai, c’est vrai, un grand faible pour Bach (Schubert le suit de près) Je suis allée souvent écouter les concerts d’orgue de G. Leonhardt dans les églises parisiennes, et ce n’est qu’à la fin, au moment de se lever que je m’apercevais du froid glacial qui régnait dans les lieux en me sentant ankylosée avec les pieds gelés ! Résultat ? Maintenant, avec l’âge et ses tourments physiques, j’emporte un quilt !

  3. Coucou Marie-Claude !
    Tu es connaisseuse en musique classique je vois !
    Moi, alors que j’aime beaucoup, je n’y connais pas grand chose…

    Je viens de mettre sur mon blog des photos de ce qui etait « le temple de la famille », a IWANUMA, la ou habitait ta niece Makiko.

    Bisous bisous, chere Marie-Claude !

  4. Encore une petite visite…Je viens du blog de Flo de Sendai et j’ai le coeur lourd en pensant au malheur de toutes ces familles.
    Je viens de lire une BD ,ce qui ne m’arrive pas souvent.C’est Quartiers lointains de Jiro Taniguchi. J’ai beaucoup aimé cette histoire d’un homme qui retourne dans son passé. Et il se trouve que les deux moments où le personnage change de temps se déroulent dans un cimetière tout à fait semblable à celui photographié par Flo.Coïncidence…
    Marie Claude, quand vous écrirez à Makiko, dites lui qu’une inconnue pense à elle et lui souhaite courage et vie plus heureuse.
    Amitiés de Françoise

    • Merci Françoise, je suit le blog de Flo régulièrement, et toutes ses photos me serrent le cœur, mais nous a dit Makiko le 1er janvier au téléphone,-« on ne peut rien faire, c’est comme cela au Japon,on apprend à vivre avec, mais maintenant tout va bien » Tous les rescapés pensent la même chose, à peu de chose près, se révolter contre qui ? Je ne parle évidemment pas de cette fichue centrale où le problème mettra 30 ans au bas mot avant d’être réglé, si un autre tremblement de terre ne vienne tout remettre à zéro
      Moi, non plus, je ne suis pas fan des mangas, mais ceux de Taniguchi, je les adore ! Pour comprendre la mentalité japonaise tout simplement, ils en disent plus que des gros essais indigestes remplis de statistiques ! Je vous recommande « Le gourmet solitaire » à chaque fois que nous le lisons, il nous fait saliver ! Mais il est peut être trop « exotique », le genre de nourriture dont raffolent les Japonais est à peu près inconnu en Occident

  5. Chère Marie-Claude,
    Comme vous j’aime infiniment « le gourmet solitaire ». Quand j’ai « faim de Japon » je le relis … et suis aux anges. Je me concocte un bon buri daikon qui me réchauffe le coeur comme le ferait le magnifique quilt en lainage aux triangles.
    Ce week end je donne un concert avec mon ensemble vocal la Trauermusik de Johann-Ludwig Bach, petit cousin de Johann Sebastian, je penserai à vous, bien amicalement.
    Pierrette, chanteuse baroque… qui s’essaie à l’art du quilt.

    • Ah ! Pierrette, que de centres d’intérêt nous partageons !
      Évidemment même si le Cantor étend son ombre majestueuse sur la famille Bach, tout les membres de cette « tribu » sont à connaître !
      Je trouve que la musique allemande de cette époque est encore plus passionnée que l’italienne que pourtant j’apprécie tellement, et elle me laisse toujours dans un tel état d’exaltation

      Mais, si je ne me trompe, Pierrette, vous remontez loin dans la lecture de mes articles… vous me faites une grande faveur en vérité !

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