Musée Cognac-Jay

Paris – La nuit des musées – 2009

Chaque année revient l’évènement tant attendu des bobos : la manifestation chic de visiter les musées parisiens à la tombée du jour !

Entrée de l’hôtel Donon – Musée Cognac-Jay

Bien sûr, pourquoi se moquer de ce genre d’évènement si cela peut contribuer à faire venir un public plus nombreux pour admirer notre patrimoine ? Sinon que la gratuité des musées ne profitent guère aux personnes qui ne se sont pas fait une éducation artistique

L’hôtel Donon, rare exemple du style architectural parisien du XVIe siècle abritant le musée Cognacq-Jay

Et puis ces musées parisiens gratuits dans la journée n’attirent pas le monde escompté, alors qu’ y aller la nuit, dans la bousculade, et en faisant la queue devient une action à la mode !

J’avoue que mon agacement pour cette manifestation médiatique à cédé devant le programme alléchant du Musée Cognacq-Jay proposant des lectures de textes libertins du siècle des Lumières…

Le grand salon XVIIIe siècle

Hélas, trois fois hélas ! Il n’y avait que 15 personnes à profiter de cette lecture, des petits malins qui savaient qu’il fallait réserver les places ! Étant assez déconfite de n’être pas de ces Happy Few, je me suis contentée de revoir quelques tableaux particulièrement aimés

Belles boiseries travaillées en chêne de style Régence

Le Musée Cognacq-Jay abrite les collections léguées à la Ville de Paris par les créateurs de la Samaritaine

Grands amateurs de l’art du XVIIIe siècle les co-fondateurs de ce Grand Magasin ont regroupé un vaste ensemble de tableaux, sculptures, petits meubles estampillés et objets dits de vitrine, miniatures et boîtes ouvragées si recherchées comme objets de collection pour leur préciosité et leur raffinement

J.H. Fragonard – L’Amour en sentinelle – Huile sur cuivre

Pour ce XIXe siècle finissant dans la Révolution Industrielle triomphante, l’époque précédente restait synonyme d’élégance et de raffinement

F.Boucher – Leçon de musique dans un parc

Ces grands bourgeois de la IIIe République avaient une prédilection, entre autres, pour les scènes licencieuses, tableaux de petits maîtres abrités dans les boudoirs et autres cabinets de bain des coquettes et des libertins

La pudeur dévoilée ou les surprises de l’amour

Des pastels admirables de La Tour, quelques Boucher et Fragonard voisinent ainsi avec de petites œuvres anecdotiques, le tout donnant un charme indéniable à ce petit musée installé dans un vieil Hôtel du Marais

J.H. Fragonard – Portrait de jeune homme

Quentin de La Tour dans ses pastels a portraituré nombre d’habitués des Salons mondains, écrivains, artistes et leurs mécènes, avec une verve et une ironie qu’il s’est aussi appliqué à lui-même dans ses autoportraits

Il restitue, par sa touche spontanée une élégance naturelle et une vérité psychologique si recherchées dans ce siècle philosophique

Quentin de La Tour – Autoportrait – Pastel

Fragonard a beaucoup illustré les contes et quelques fables de La Fontaine

Perrette dans un envol de jupon dévoilant des mollets dodus laisse échapper le lait et ses rêves de grandeur, sous l’oeil hilare de deux compères. Quelques touches légères tourbillonnantes pour l’adieu aux veaux, vaches, cochons….

Fragonard – Perrette et le pot au lait

A la fin du règne de Louis XIV, la peinture s’émancipe des rigueurs imposés par la Cour d’un roi vieillissant et confit en dévotion

N. de Largillière – Portrait d’une duchesse de la Cour de la Régence

Largillière affiche plus de légèreté dans ses oeuvres comme dans ce portrait spirituel d’une jolie femme

L’art de la Régence remplace déjà celui du Grand Siècle

Largillière – Détail du bouillonnement de la dentelle du décolleté

Le voyage en Italie était l’étape obligée pour tous les artistes

Hubert Robert – L’abreuvoir

L’amour de la représentation des ruines ou la grandeur des civilisations passées est un thème cher aux peintres de la fin du XVIIIe siècle, préfigurant le Romantisme du siècle suivant

Hubert Robert – Paysage d’Italie avec ruines

Les collections du musée Cognac-Jay font une incursion en Italie, toujours dans le XVIIIe siècle avec les peintres de Venise, Canaletto et Guardi

Peintres de « Vedute » peu appréciés sinon méprisés par leurs contemporains de la Sérénissime, ils travaillaient surtout pour les riches touristes anglais qui emportaient ces « tableaux-souvenir » pleins de chaleur méridionale dans les brumes du Nord, afin de les faire admirer à ceux qui ne pouvaient faire le voyage à Venise !

A. Canaletto – Le grand Canal

Antonio Canaletto, le plus grand peintre de « vedute » et des festivités vénitiennes, qu’il restitue avec une fraicheur, une atmosphère joyeuse dans un luxe de détails donnant l’impression qu’ils ont été observés sur le vif

Il donne une apparence vivante à une procession, à une fête sur le Grand Canal, beaucoup d’exactitude et de plaisir esthétique même si les compositions compliquées, les perspectives théâtrales et les jeux de la lumière et de l’ombre finissent par se transformer en un style guindé

F.Guardi – Murano – Vue de fantaisie

Loin de cette brillante réalité, Francesco Guardi évoque plutôt la lagune et ses îles aux constructions délabrées avec une pâle lumière diffuse qui baigne tout le tableau

Il est le peintre des fantaisies et des chimères, et le ciel et l’eau seront toujours les vrais sujets de ses tableaux

F.Guardi – Vue de fantaisie

Sa prédilection pour les ruines qu’il restitue avec une pittoresque imagination deviennent des sujets poétiques et romantiques, bien en accord avec la sensibilité du temps

Guardi – La Place Saint Marc

Domenico Tiepolo est le grand génie du siècle, bien qu’il ne fut apprécié que de l’Italie du Nord jusqu’à la Bavière

C’est un peintre génial de fresques, qui utilise des couleurs légères pour suggérer l’espace et la lumière, ses peintures sont aérées, chatoyantes de grâce, de légèreté et d’élégance

Tiepolo – Le repas chez Cléopâtre

 

Institut Culturel Suédois

Plafond à la française, peinture d’origine de l’ancien Hôtel de Marle

Tout à côté, dans un autre hôtel ancien, l’hôtel de Marle, a élu domicile l’Institut Culturel Suédois

Détail du plafond à la française

Une exposition sur le design suédois contemporain s’y prépare

Petits chevaux de bois de Dalarna

Je ne connaissais de la Suède, jusqu’à présent que les films de Bergman et le style Ikéa ! Mais comme nous venons de traduire le dernier livre de la quilteuse japonaise Yoko Saito « Quilts suédois » (édité par Quiltmania) en réaction, j’ai envie de connaître un peu mieux cette culture

L’auteur du livre nous parle de sa collection de petits chevaux en bois, art populaire très répandu dans la région de Dalécarlie, et devenus maintenant symbole de la Suède

Comme prémices de la future exposition…cela !

Interprétation plutôt massive du fin petit cheval de bois par une styliste brodeuse

Un peu de fantastique avec la vision nocturne du jardin de l’Institut, même si on ne peut éviter de photographier ces hideuses poubelles installées bien en vue jusque dans les lieux classés

Jardin de l’hôtel de Marle

Sur le chemin du retour, dernière vision de l’église Saint Gervais, dans laquelle François Couperin exerça ses fonctions d’organiste titulaire

Façade de style baroque, aux 3 ordres classiques superposés

2 réflexions sur « Musée Cognac-Jay »

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