Voyage d’été à Aomori
Lors de notre séjour à Aomori, nous avons pris le départ, un matin de bonne heure, en direction de la péninsule de Shimokita, tout au nord du Tohoku

La baie de Mutsu et ses brise-lames de béton ponctuant la côte
Nous longeons le bord de mer dans la baie de Mutsu par un temps splendide mais sous la chaleur écrasante du mois d’août

Du grand bleu à perte de vue
Cette région de la préfecture d’Aomori voit surtout ses habitants vivre le long des côtes avec les produits de la mer comme principales ressources, l’intérieur des terres, très montagneux est assez peu densifié

Un des nombreux petits ports de pêche disséminés dans la baie
Les Hotate ou coquilles Saint Jacques sont la grande spécialité de la région, elles sont proposées à l’achat tout au long de la route à grands renforts d’immenses panneaux publicitaires tentateurs et bien sûr aucun des innombrables petits restaurants qui jalonnent le bord de mer ne peut manquer de les proposer

Différents menus autour de la coquille Saint Jacques dans la vitrine d’un restaurant
Voyager le long de la magnifique baie nous fait nous récrier sur la beauté de la nature mais ménage aussi bien des surprises inattendues…car au Japon, le saugrenu et l’extravagant voisinent bien souvent avec le sublime
Ainsi cette figure statufiée de Kannon venant du panthéon bouddhique, debout sur une immense coquille qui surmonte la fleur de lotus traditionnelle, invoquée ici comme protectrice d’une ressource régionale transformée en manne vivrière, est d’un kitsch absolu

Hotate Kannon – Le bodhisattva de la coquille Saint Jacques !
Des restaurateurs prévoyants mettent leur établissement sous la protection d’autres divinités, ici, un supposé effrayant gardien de la Loi Céleste qui, encouragé par une petite obole versée dans le tronc devant lui, ne manquera pas aussi d’assurer au voyageur un parcours dans la vie sans encombre

Fudô Myôô – œuvre impérissable du sculpteur Suzuki Masaharu d’Aomori, tellement mignonne, nous dit-on, qu’on peut l’appeler familièrement » Daïma chan » grand gentil diable !
Le but de notre voyage, dans la péninsule de Shimokita, est de visiter l’extraordinaire site Osorezan, l’un des trois lieux les plus sacrés du Japon depuis des temps immémoriaux et considéré par les impressionnables habitants de Shimokita comme la Porte de l’Enfer !

Le lac Usori enserré par les volcans
Mais avant ce voyage au bout de la peur, promenade sur un site tout à fait enchanteur

Le temple Entsu-ji au bord du lac
Osorezan ou montagne effrayante est le nom que l’on donne à un ensemble composé d’un lac et de huit volcans le délimitant, à la végétation dense où les forêts touffues escaladent les pentes montagneuses

Mon fils en éclaireur au bord du lac…
Usori ko ou lac Usori est issu d’une caldeira formée sur le cratère effondré d’un volcan, d’un périmètre de 12,5 km

…Et moi, m’enhardissant à sa suite …
Une petite partie du lac est suffisamment peu profonde pour que l’on ne puisse résister à s’aventurer avec délices dans l’eau cristalline pour profiter de sa fraicheur apaisante bienvenue dans la canicule de l’été japonais

… pas trop rassurée toutefois…mais l’appel était irrésistible !
Midi, l’heure de faire une halte pour nous restaurer, afin de prendre des forces pour aller affronter l’entrée des Enfers!
Justement un Ryokan, auberge typiquement japonaise, a permis un retour involontaire dans le passé !

Shakunage so – Hôtel rhododendron !
Ce Ryokan, situé au bord du lac, qui abrite également un Onsen ou source d’eau chaude thermale, inchangé depuis les années 1950 , nous a réjouit par son aspect engageant, et nous n’avons pas hésité une seconde à y pénétrer !

Spécialité de Ramen sur un noren (rideau de porte) qui a bien vécu !
Juste à côté, une boutique abandonnée, car le lieu n’est pas très fréquenté

Pauvres constructions campagnardes de bois et de tôles
Devant l’auberge, le traditionnel petit sanctuaire dédié à Jizô, protecteur des enfants mais aussi des voyageurs, une offrande de soda ou de thé, quelques cailloux et des petits moulins à vent sollicitent sa compassion envers les enfants morts

Devant le ryokan, Jizô protégeant aussi les matériaux de construction abandonnés !
L’intérieur du ryokan est tout à fait exceptionnel, les propriétaires, grands collectionneurs d’objets populaires, exposent leurs trésors dans l’entrée, dans les couloirs, dans la salle de restauration…

Les collections (et même l’aspirateur !) passées en revue dans l’entrée du ryokan
…bref, partout où la place le permet !

Photos anciennes et témoignages rescapés de la deuxième guerre
De tels lieux peuvent paraître anachroniques sinon arriérés dans un Japon voué aux dernières nouveautés technologiques…

Passage obligé sur tatamis
…mais on en trouve encore dans les endroits peu fréquentés par les touristes, endroits qui me ravissent par leur authenticité dépourvue de snobisme

Portes des placards entièrement recouverts par les cartes de visite des clients !
De plus, l’accueil est affable, d’un naturel désarmant, loin de la politesse convenue des villes, les habitués fréquentant le lieu se mettent à l’aise et couchés sur les tatamis, regardent la télévision à côté de nous sans se sentir gênés le moins du monde…et sans non plus nous gêner d’ailleurs

Mino – vêtements traditionnels en paille contre les intempéries, abandonnés au début des années 1960
Enfin, dans ce genre de ryokan, la cuisine est habituellement excellente, saine et très peu onéreuse, ce qui renforce toujours notre bonne humeur !

Ingéniosité de la tresse de corde pour stabiliser la grande coquille
J’ai fait honneur à la spécialité de la région, des coquilles Saint Jacques cuites dans du miso absolument délicieuses en portions généreuses…

« Ramen »ou soupe de nouilles, plat plébiscité par tous les Japonais !
…tandis que mes hommes choisissaient des « Ramen » dont ils ne sont pas prêts de se lasser !

La garniture aussi généreuse des ramen
Ce pays volcanique est pourvu abondamment de Onsen ou sources d’eaux chaudes thermales…

Futons pliés dans une des petites chambres à la décoration… imagée !
Ce ryokan abrite un petit bassin d’eau soufrée, dont un muret sépare les côtés homme et femme

Les hommes à gauche, les femmes à droite
Bien que tout soit vétuste et assez décrépi, la propreté y impeccable même si les installations sont envahies et rongées par les dépôts de soufre

L’abri très spartiate du bassin du côté hommes
Les collections d’objets populaires en paille, en bois se retrouvent aussi dans les salles pour se dévêtir, ici, côté femmes

Des objets en paille voisinent avec des sutras, pourquoi pas ?
Le site, parc protégé au paysage bucolique, a un revers fantastique encore plus intéressant…
Ce sera le prochain article…
« L’enfer » à Osorezan dans la péninsule de Shimokita – Suite
Merci Marie-Claude
le manteau de paille me fait penser à une estampe
La sandale est-elle grande ou petite ?
encore merci
Oui, sur les estampes de Hiroshige, entre autres, les paysans courant sous l’averse portent ces manteaux et ces chapeaux de paille
Ils ont été utilisés à la campagne jusqu’aux années 1960, le père de mon mari déplorait qu’ils aient disparu remplacés par des imperméables en matière synthétique qui au contraire d’eux, n’évacuent pas la transpiration
Dans un pays chaud et humide comme le Japon ils étaient bien appropriés mais évidemment par trop anachroniques dans une époque de modernisme à tout va !
Quant à la grande sandale de paille « Waraji » de plus d’1 m de haut, on la trouve quelquefois exposée sur les murs des temples, elle représenterait, selon la légende, la taille fantastique des pieds du Bouddha, imaginée par les fidèles !
Dans ce ryokan, nombre d’objets rattachés au bouddhisme participaient au joyeux capharnaüm !
J’aime ces voyages au Japon, tellement loin des clichés des agences de voyages.Aujourd’hui, à cause de la simplicité rustique de cette auberge, je pense à Nicolas Bouvier…c’est le Japon d’hier, mais vivant encore de nos jours, quelle merveille.
Merci pour la promenade.J’attends la prochaine étape!
Françoise
Merci Françoise, c’est un Japon en voie d’extinction, qui ne subsiste plus que dans les régions reculées, comme disent les gens de Tokyo !
Mais c’est celui que j’ai toujours préféré
Marie-Hélène et Françoise, j’espère que vous aimerez la suite
Bonjour !
je suis vos pas : dans quelques jours ce sera mon tour.Cette auberge me fait très envie ou se trouve t-elle ? Je vais rejoindre Osorezan depuis Oomon en bus.
Au Japon chaque année depuis 2008 je découvre enfin le nord .
J’ai quitté avec peine Sapporo ou je me suis fait de vrais amis .
Bien à vous.
https://www.tripcolor.com/user/79862/trip/81598-North-Japan
Belles photos évocatrices d’une certaine atmosphère rêveuse, Pascal, sur votre site, j’admire !
Ce voyage là, à Aomori ken date déjà de 2008, espérons que le Ryokan Shakunage so ait résisté au temps qui passe inexorablement
Vous aurez le choix de vous baigner entre ce Onsen et celui, encore plus spartiate, dans l’enceinte du temps si l’eau très chaude ne vous fait pas reculer !
La réponse est dans l’article ! pardonnez moi ! Merci pour le partage !
Bon séjour dans l' »Enfer » bouddhique de Osorezan !
Je ne manquerais pas d’aller voir sur votre site, vos photos « infernales » !