Kamakura – V – Tsurugaoka Hachimangû

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Le plus grand sanctuaire shintô de Kamakura est dédié aux mânes de l’empereur semi-légendaire Ôjin Tennô, de Hime kami et de l’impératrice Jingû Kôgô, une triade déifiée sous le nom de Hachiman-shin

Il fut construit en 1063 près de Yuigahama (à Kamakura) et dédié à Hachiman-shin, populaire Kami de la guerre mais aussi de l’agriculture

Toit du Hongû (Sanctuaire principal)

Minamoto Yorichika, en installant son clan à Kamakura, emmena du grand sanctuaire situé à Kyôto et dédié à Hachiman-shin, l’essence (une partie de l’esprit) de la divinité tutélaire de sa famille

Tout d’abord une dépendance du sanctuaire Iwashimizu Hachiman-gû de Yuigahama construit en 1063 par le célèbre archer Minamoto no Yoriyoshi (988-1075), il fut transféré à sa place actuelle en 1191, pour célébrer la fondation du Bakufu (gouvernement militaire) par Minamoto no Yoritomo (1147-1199) l’instaurateur du Shôgunat de Kamakura (1192-1333)

Ichi no Torii – Le premier Torii et vue sur le Jinja au fond !
Photo colorisée de l’époque Edo – 1864

Le culte de Hachiman-shin prit ensuite une extension extraordinaire et se répandit rapidement dans tout le pays qui compte maintenant plus de 44 000 de ses sanctuaires dont le plus populaire demeure celui de Kamakura

S’il fut détruit lors de la chute du Bakufu de Kamakura en 1333, sa reconstruction s’effectua en 1828 sous le gouvernement de Tokugawa Ienari, onzième shogun de l’ère Edo dans le style architectural du XVIe siècle de l’époque Momoyama (1576-1603)

Longue galerie du Hongû (Sanctuaire principal)

Le chemin le plus agréable pour arriver tout droit au Jinja (sanctuaire shintô) est d’emprunter la grande artère « Wakamiya ôji » bordée de cerisiers mais, en cette mi-avril, la floraison des cerisiers était, hélas, déjà terminée !

Les bas-côtés de chaque côté de l’avenue regroupent de nombreuses boutiques toutes très intéressantes à découvrir !

Wakamiya ôji – La grande avenue qui court sur 1,8 km en direction du Tsurugaoka Hachiman-gû

Trois Torii successifs ponctuent le chemin, le troisième grandiose portail, signale que le parcours amenant à l’entrée du sanctuaire se situe en terre sacrée

San no Torii – Le troisième Torii servant de cadre à une photo de mariage !

L’entrée du Jinja se franchit ordinairement en passant sur un des trois ponts (tous condamnés lors de notre visite) qui enjambent deux étangs de chaque côté

Un pont central à dos d’âne entouré de deux autres laqués de rouge

Un des ponts franchissant les douves

Le sanctuaire principal se situe en hauteur, pour y arriver une longue allée, bordée de stands, est à parcourir en compagnie d’une foule de visiteurs

La foule peu compacte ce jour-là !

Une volée de marches de pierre donne accès au sanctuaire principal

Après la montée, du haut de l’édifice, une vue en plongée sur le centre de la ville de Kamakura s’offre comme à l’infini

Au-delà du troisième Torii, le cantre de la ville de Kamakura
Le second Torii s’aperçoit dans le lointain

Le nom du Jinja fait référence à sa situation géographique, Tsurugaoka se traduit par la colline des grues !

Le long de l’enceinte du Jinja adossé à la colline
Le Hongû se situe en haut d’un grand escalier

Le Hongû, le sanctuaire principal, est doté d’une porte monumentale dont les piliers laqués de rouge supportent un étage supérieur doté d’une balustrade

Zuishin mon – La porte du Hongû
L’étage est supporté par les jeux complexes des consoles aux encorbellements perfectionnés de doubles corbeaux
Toit de structure Irimoya zukuri, style purement japonais
Chevronnage rayonnant et encorbellements complexes de corbeaux doubles pour soutenir le toit
Complexité du système d’encorbellement et du chevronnage rayonnant au-dessus des toits du bâtiment

La porte est gardée de chaque côté par deux statues revêtues d’anciens costumes des fonctionnaires gardes du corps de la Cour de l’époque Heian (794-1185)

A droite de la porte
La bouche ouverte exprime « A » le son primordial du langage

Face aux visiteurs, ces Zuishin-zô, armés d’arc et de flèches, sont de vigilants protecteurs du sanctuaire

A gauche de la porte
La bouche fermée retient le « Um » le dernier son du langage

Dans la plupart des sanctuaires shintô, des représentations d’animaux sont souvent présents, sculptés ou peints, ils restent une constante décorative animant l’architecture

Sculptures animales au-dessus des portes et des murs

Ils appartiennent à diverses espèces et remplissent en principe chacun des fonctions particulières

Tora (tigre)

Ces très nombreux détails de décoration ont très probablement une signification symbolique mais il semble qu’à notre époque plus personne n’en ait conservé le souvenir !

Ushi (buffle)

Au Tsurugaoka Hachiman-gû de Kamakura, Hachiman-shin est associé à la colombe (ou au pigeon) mais aussi au cheval qui est sensé lui servir de monture lors de ses déplacements

Uma (cheval)

Des représentations d’Öni, les démons pas toujours terrifiants de la mythologie japonaise y ont trouvé aussi une place !

Ôni (démon)

Leur couleur détermine leur degré de nuisance auprès des humains dont les actions sont répréhensibles

Ôni (démon ou démone)

La structure du sanctuaire correspond au style architectural nommé Nagare Gongen zukuri, dans lequel un même toit recouvre l’ensemble du Hongû, l’ensemble des bâtiments du Jinja …

Longue galerie du Hongû

…composé du Haiden, le bâtiment pour les dévotions et du Honden, salle réservée au dieu et interdite à toute autre personne que les desservants du sanctuaire

Le rouge omniprésent !

L’habitude de laquer en rouge toute la structure des Jinja était originellement réservée aux temples bouddhistes, selon le style en vigueur en Chine

Le toit étagé de chevrons


Elle fut appliquée aux sanctuaires shintô à partir du VIIIe siècle puis tomba en désuétude
La tradition reprise à l’époque Meiji persiste encore de nos jours

Courbures des doubles rangs de solives alignées sous les toits
Toit Irimoya zukuri, style de toit à double pente et pignon décoré au-dessus d’un auvent
Décorations sculptées et peintes sous les toits

Les différents bâtiments n’ouvrent leurs portes qu’aux moments des célébrations …

Hobutsu den – Salle des trésors
Mikoshi, palanquins pour promener les Kami lors des fêtes commémoratives

…mais il est possible d’admirer quand même de l’extérieur quelques éléments remarquables!

Intérieur du Hobutsu den aux piliers laqués de rouge
Fusuma, les cloisons intérieures sont décorées de peintures

Si Hachiman-shin est vénéré comme protecteur des guerriers, en témoin de nombreux sanctuaires qui furent construits en divers points stratégiques du Japon pour assurer une protection spirituelle contre d’éventuels agresseurs, il est aussi considéré comme un puissant protecteur de la vie humaine

Maiden au premier plan

Les Jinja lui étant consacrés demeurent particulièrement privilégiés par les jeunes couples pour y organiser leurs cérémonies de mariage

Maiden – Bâtiment abritant les danses rituelles sous l’auvent (à droite)

Maiden, le bâtiment au milieu du Jinja est utilisé pour les représentations de danses mais sert aussi pour les célébrations de mariage

Toit du Maiden

C’est d’ailleurs une des principales sources de revenus non négligeables pour l’administration du sanctuaire !

Mariage dans le Maiden célébré par un desservant shintô
Tout l’édifice laqué de rouge, sans fenêtres, laisse voir à tous le déroulement de la cérémonie !

L’organisation d’un mariage dans l’enceinte du Jinja est extrêmement onéreux !

Il faut débourser pour les vêtements dont plusieurs kimonos successifs pour la mariée, pour le maquillage et la coiffure, les photos ainsi que l’aide indispensable de prestataires, la somme de 429 000 yens à laquelle il faut ajouter 200 000 yens pour le sanctuaire (environ 5000 euros)

Mariage accompagné de musique avec l’aide d’une Miko
Les musiciens se tiennent à gauche du bâtiment

Miko est une jeune fille attachée à un sanctuaire dont la silhouette gracieuse, aux vêtements de couleurs vives apportent une note de jeunesse dans le cadre assez austère de la plupart des sanctuaires

Miko assurant le service lors des mariages (à droite)

Elles servent d’acolytes aux Kannushi (prêtre dans le Shintô) pour de nombreux services, de secrétaires dans les bureaux, de messagers entre des desservants du sanctuaire, ou encore de serveuses lorsque des étrangers sont invités à un repas

Miko servant le saké qui sera partagé par les jeunes époux

Bien qu’en général elles soient traitées avec respect, elles mènent une vie monacale travaillant dur et gagnant fort peu

Kannushi et Miko chaussent ici des Zori en paille tressée

Les vêtements sacerdotaux d’une beauté raffinée sans ostentation maintiennent les traditions dans des adaptations modernes des costumes anciens de la noblesse de cour

Sur un Hakama (sorte de jupe-pantalon) les hommes revêtent le Karaginu, tenues blanches ou claires en soie aux très longues et larges manches

Les coiffures varient selon le rang des desservants et le genre de cérémonie, tandis que les Asagutsu sont le seul type de chaussures exclusivement réservé aux Kannushi

Asagutsu – Sabots en bois de paulownia laqués de noir et Geta (genre de sandales) blancs pour les Miko

Les cérémonies comme les mariages sont généralement accompagnées de musique classique ancienne

Ryûteki (flûte à 7 trous)

Des musiciens, souvent appointés par le sanctuaire, revêtus de costumes traditionnels anciens ponctuent sur leurs instruments les phases du mariage

Taiko (tambour)

Les instruments de musique employés le plus fréquemment, appartiennent à de très anciens modèles classiques …

Shô (orgue à bouche)

… à percussion comme le tambour, et à vent comme flûtes et flageolet

Hichiriki (flageolet)

La plupart des grands Jinja abritent dans leur enceinte des plus petits sanctuaires secondaires consacrés à d’autres kami ou à la famille du Kami principal !

Clôture de bambous entrelacés

L’accès en est facilité car il suffit de suivre les nombreux Torii indiquant leur emplacement !

Beaucoup d’escaliers à monter et à descendre au Tsurugaoka Hachiman-gû !

Dans tous les sanctuaires d’Inari, Kami très important des céréales et gardien des silos ou des granges dans un monde où la survie dépendait des bonnes récoltes, de nombreuses statues de renards grandeur nature ou minuscules en pierre, terre cuite, faïence… se rencontrent inévitablement !

D’une manière générale, les Japonais attribuent aux renards des pouvoirs surnaturels

Ils savent jeter des sorts, prendre forme humaine et jouer toutes sortes de tours dont certains peuvent se prolonger pendant des décennies

Nombreux Torii amenant à l’autel du Kami

Dans les sanctuaires shintô, les Otsukaï, selon la croyance populaire, sont des animaux sensés être les messagers des Kami

En vérité le rapport entre le Kami est l’animal est que ce dernier se rencontrait fréquemment dans le voisinage des différents sanctuaires d’où leur attribution à chaque divinité !

Les Torii sont offerts généralement par les fidèles

Un cas important de zoolâtrie est celui du renard d’Inari qui a pris dans l’esprit de ses adorateurs une place telle qu’elle éclipse souvent son maître !

Inari sha – Petit sanctuaire dédié au Kami Inari

Mais les renards d’Inari sont bien disposés envers les humains et servent le plus souvent de messager au Kami

Au cou du renard une pièce d’étoffe sensée attirer la protection du Kami

Ils tiennent souvent dans leur gueule une clé (des greniers), une boule ou un rouleau de sûtras bouddhiques

Des parents offrent ainsi au renard (au Kami) un bavoir pour la protection de leur enfant

Nous quittâmes le Jinja en fin d’après-midi pour aller explorer quelques boutiques attrayantes sur le chemin du retour!

Rentrer à la nuit tombante sur l’avenue Wakamiya ôji
Marcher sur Wakamiya ôji éclairé de multiples lanternes

Provenant de notre Shuin chô (carnet de visite dans les temples et sanctuaires) souvenir de notre visite à Kamakura

Le nom du Tsurugaoka Hachiman-gû calligraphié avec les sceaux adéquats

Un ultime article, beaucoup plus ludique ! conclura cette visite à Kamakura