Paris – Maison de la culture du Japon
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Dans la première moitié du XIXe siècle, la seule porte d’entrée au Japon était le Comptoir de la VOC, la Compagnie des Indes orientales, installé dans l’îlot artificiel de Dejima en face du port de Nagasaki
Sur cet îlot, si les échanges commerciaux y furent actifs, c’est surtout avec l’importation de livres et d’instruments scientifiques depuis la Hollande que les Japonais prirent connaissance dès le XVIIIe siècle des avancées technologiques de l’Europe
Les sciences occidentales, savoirs sévèrement contrôlés par le pouvoir en place, furent à la base des Rangaku « les études hollandaises » qui permirent aux Japonais de connaître l’état du monde bien avant l’ouverture forcée du pays
En 1826, J-W de Sturler, le responsable de la factorerie de Dejima, lors de sa visite protocolaire au Shogun à Edo, commanda à un atelier de peintres une série d’œuvres qui ensuite furent offertes à la Bibliothèque nationale de France en 1855
Ces peintures non signées, entrées dans les archives de la BNF comme chinoises ! furent attribuées tardivement, en 1986, à Hokusai et à ses élèves
Ces peintures de qualité inégale et de styles différents prennent évidemment une toute autre valeur si le nom prestigieux d’Hokusai y reste attaché !
Ces peintures au caractère documentaire évoquent les lieux célèbres d’Edo, les travaux des artisans dans les quartiers animés ou proches de la rivière Sumida ou encore la vie quotidienne dans la capitale
Certaines scènes sont reprises, copiées ou recomposées d’après des œuvres antérieures de Hokusai, en s’inspirant nettement du « Hokusai Manga » célèbre recueil de croquis de l’artiste sur des sujets très variés, destinés en premier à ses élèves, et qui connut au moment de sa publication un succès immédiat
Pour satisfaire cette demande étrangère spécifique, les élèves de l’atelier d’Hokusai exécutèrent les scènes de vie japonaise du temps avec les procédés propres à la peinture occidentale
Hokusai, pendant un séjour à Nagasaki, apprit en effet, la composition et la manière de peindre à l’occidentale à travers l’art de Shiba Kôkan, le premier artiste japonais à réaliser des œuvres suivant les styles en vigueur en Europe
Sur ces peintures, les points de fuite, les nombreuses figures des avant-plans, le traitement détaillé des textures et surtout le modelé des figures témoignent de l’emploi récurrent de procédés picturaux occidentaux
Les couleurs employées sont intenses et le rendu atmosphérique, propre à la peinture hollandaise de paysage connue à cette époque au Japon, est particulièrement bien exprimé
Ces peintures seront les premiers contacts, avant l’importation massive d’estampes, avec l’art de l’ukiyo-e pour lequel les Occidentaux manifesteront un enthousiasme qui dure toujours !
Une maquette de maison traditionnelle en bois exposée pendant l’Exposition Universelle de 1867 à Paris, contrastait par sa simplicité avec le kiosque japonais à l’architecture de fantaisie qui y fut édifié
Cette maison réalisée par un artisan d’Edo, spécialisé dans la fabrication de jouets, fut offerte par le secrétaire de l’ambassade japonaise au musée d’ethnographie situé à l’époque au Louvre, elle est maintenant non visible au musée du Quai Branly !
Cette série d’articles sur une exposition passionnante est close mais encore un peu de japonisme à venir… C’est ma marotte actuelle !
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Paris – Exposition « A l’aube du japonisme » – Maison de la culture du Japon
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