Le parc oriental de Maulévrier

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La belle opportunité de notre séjour à Nantes fut de pouvoir, en 1 heure de trajet, en longeant les vignobles de Muscadet, aller visiter…

Le vignoble printanier près de Clisson

…ce parc renommé comme étant l’un des « plus grand jardin japonais en Europe »

Ce beau et grand parc est aménagé dans un esprit d’exotisme autour d’un « paysage japonais » reconstitution plutôt d’une ambiance à la japonaise …

Amarres larguées pour un voyage imaginaire

…Avec des lanternes, un pont, des arbres et des végétaux originaires de l’Asie qui justifient son nom de parc oriental

L’ambiance est donnée dès l’entrée au jardin

Le parc d’origine a été conçu au début du XXe siècle par l’architecte parisien Alexandre Marcel qui voulait ainsi faire partager ses voyages et son goût pour l’exotisme

Un Torii en bois laqué de rouge marque l’entrée du jardin

Alexandre Marcel célèbre déjà à la fin du XIXe siècle pour diverses restaurations et réalisations architecturales entreprend de construire des bâtiments d’inspiration orientale, en suivant la vogue du Japonisme fort à la mode en cette fin de siècle

Il est notamment chargé de la réalisation de bâtiments exotiques pour l’Exposition Universelle de Paris en 1900, il reconstruit une Tour Japonaise à Bruxelles, et divers bâtiments au Japon dont l’ambassade de France à Tokyo, Japon où il réside et voyage pendant que la guerre 14-18 sévit en Europe

Alexandre Marcel épouse en 1899, la fille de riches industriels du textile de Cholet et décide d’aménager dans leur propriété à Maulévrier, sur une partie de l’ancien domaine de la famille de Colbert, un parc paysager dans le goût japonais en y dispersant des pièces d’architectures rachetées à la fin de l’Exposition Universelle parisienne

Le jardin réaménagé à la française du château Colbert

Le parc fut laissé à l’abandon pendant des décennies avant d’être restauré dans les années 1985 où en se référant aux photographies anciennes, l’ambiance à la japonaise pu être restituée grâce au travail d’escouades de paysagistes et de jardiniers conseillés par des experts japonais des jardins

L’ambiance à la japonaise restituée avec bonheur

La reconstitution symbolique de certains aspects des paysages japonais, côtes rocheuses baignées par la mer, îles, montagnes, cascades est une mise en forme d’une nature recréée et régentée par l’homme tout en laissant à certains espaces une liberté d’expression

Une nature domestiquée avec art

En jouant sur les oppositions et les alternances, en évitant la symétrie ou la linéarité, le paysage conserve un aspect naturel, comme aléatoire bien que ces effets soient dus à la main de l’homme

Échappée sur le lac

La promenade ménage des fenêtres paysagères, des perspectives aménagées où les arbres taillés dévoilent par transparence les différents éléments du jardin

La butte aux azalées vue de la rive opposée du lac

Par ses dimensions et sa composition, ce parc se rattache aux jardins de promenade très en vogue au Japon du XVIIe au XIXe siècles où un sentier parcourant le jardin sert de fil conducteur au long duquel se découvre une série de paysages variés

Le cours d’eau légèrement sinueux symbolise les méandres de la vie adulte

Le parc de Maulévrier est basé sur une conception des cultures et des philosophies orientales, taoïsme et bouddhisme, sur le symbolisme de la nature qui au travers des saisons met en scène les différentes étapes de la vie

Reflet sur l’eau calme du lac évoquant la sagesse et la méditation

Le paysage-jardin s’organise autour d’un lac aux rives d’aspects découpés, parsemé discrètement d’îlots de pierres et de rochers

Les iris de mai le long de la promenade, emblèmes des jeunes garçons ou des guerriers pour leur port rigide et élancé

L’eau est l’élément principal du jardin, elle reflète les variations de couleurs de la végétation et change d’aspect au fil de sa traversée du parc, calme sur le lac et agitée dans la cascade sous le pont

L’eau agitée de la cascade symbolisant la vie active

Un embarcadère coiffé de chaume à la façon des abris champêtres…

L’embarcadère au bout de la prairie

…Procure l’illusion d’une traversée possible…

« Azumaya » l’embarcadère tentateur !

…Pour une vie au long cours…

La « Pagode » ainsi nommée par Alexandre Marcel est un bâtiment relevant d’une inspiration exotique imaginaire où ses invitées, sous leurs ombrelles, vêtues de kimonos fleuris allaient prendre le thé après leur promenade

La « pagode » et son annexe qui abritait les pompes servant à alimenter en eau les fontaines du château

Le jardin de la pagode, calme et d’une fraîcheur reposante qui ménage une belle vue sur l’ensemble du lac, est planté d’azalées, de rhododendrons, de magnolias sur fond de mousse et de bambous

Le jardin de la pagode

Son aménagement semblable à un torrent de prairie fleurie est caractéristique des jardins japonais traditionnels

Couleurs printanières du jardin de la pagode

Pas de jardin japonisant sans son petit pont rouge, couleur rouge considérée comme sacrée au Japon

Le pont rouge vu de la colline aux méditations

Ce pont de bois mène à deux petites îles de forme tourmentée symbolisant les Iles Fortunées, domaine des Immortels ou des Esprits dans le taoïsme

Le pont rouge en dos d’âne et le Torii

…Un « Torii » en bois laqué de rouge aussi est assez absurdement placé au bout du pont !

Les Iles des Immortels, chères aux légendes chinoises

Ce « Torii » dans l’imaginaire d’Alexandre Marcel désignait l’entrée du jardin de la pagode, l’entrée du Paradis !

(Le Torii, au Japon est la porte qui désigne soit l’entrée d’un sanctuaire shintoïste soit un lieu particulièrement sacré)

Montée sur la colline des méditations

La colline des méditations, composée de groupes de rochers représentant la stabilité d’une vie harmonieuse est située en sous-bois, le bruit du vent dans les arbres, le murmure de la cascade toute proche et les chants d’oiseaux dans les arbres incitant à la réflexion

Les rochers parsemant la colline côtoient les arbustes taillés soigneusement en forme de dôme

Plusieurs lanternes de pierre ponctuent les points remarquables du jardin

Lanterne moussue

Les lanternes disposées autour des temples bouddhiques tout d’abord, furent introduites dans les jardins au Japon au XVIe siècle par les maîtres de la cérémonie du thé car elles symbolisent la lumière de la connaissance

Lanterne et rideau de bambous au bord du lac

Les arbres du parc se distinguent par trois types de taille artistique, afin d’imiter les modèles de végétaux rencontrés dans la nature

Arbre taillé « en transparence »

La taille en transparence et en nuage, en élaguant le feuillage, permet de mieux apprécier les branches maîtresses de l’arbre afin de rendre une sensation de force et de légèreté

Arbre taillé « en nuage »

Les troncs tordus, les branches allongées, les frondaisons arrondies simulent des arbres façonnés au cours des âges par les éléments naturels

Taille « en transparence »

La taille en moutonnement des arbustes d’azalées ou de camélias permet d’obtenir des formes arrondies qui font ressortir ou se confondent avec les éboulis rocheux

Arbustes taillée « en moutonnement »

Le parc de Maulévrier propose dans sa boutique différentes décorations asiatiques de pacotille, des lanternes en imitation de pierre mais aussi toutes sortes de plantes et des bonsaïs

Pergola de glycines menant au coin esposition-vente de bonsaïs

Heureusement, boutique et salon de thé sont harmonieusement intégrés dans le paysage du parc et l’étape n’y est pas obligée !

De l’usage original du bambou

Alexandre Marcel a dispersé dans son parc différentes sculptures provenant de l’Exposition Universelle de 1900 comme ces représentations de « Garuda » l’oiseau mythique, divinités protectrices généralement placées par quatre sur les routes conduisant aux sanctuaires dans le Sud-Est asiatique

Le pont khmer

Ce sont des reproductions en ciment armé des originaux qui se trouvent dans un temple à Angkor-Vat, au Cambodge

« Garuda » tenant dans ses griffes « Naja » le serpent à sept têtes

Le petit temple khmer aussi rescapé de l’Exposition de 1900 et remonté dans le parc, a été élu comme sanctuaire par les Cambodgiens de la région de Cholet qui viennent habituellement y faire leurs dévotions

Le petit temple khmer noyé dans la végétation

C’est une « fabrique » composée volontairement de fausses ruines afin d’offrir l’illusion d’un temple antique !

Les apsaras, danseuses divines charmant les élus au Paradis, évoluent gracieusement sur le fronton

Les statues de Vishnu, dieu protecteur du monde et gardien de la sagesse et de sa parèdre Lakshmi , déesse de la richesse et de la bonne fortune montent la garde de chaque côté du temple

Lakshmi et Vishnu, les dieux gardiens et protecteurs

On retrouve dans le parc de Maulévrier beaucoup d’éléments appartenant à tous les types de jardin des époques historiques du Japon

Ce jardin peut être comparé à ceux des grands seigneurs provinciaux les « Daimyô », vastes jardins de promenade qui furent transformés en parcs publics à l’époque Edo à la fin du XIXe siècle

En guise de clin d’œil, un télescopage volontaire ou la cohabitation de deux spiritualités en pays de Loire  !

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9 réflexions sur « Le parc oriental de Maulévrier »

  1. … Mais l’église nous ramène à la réalité ¨
    … Oh que non ! Il pourrait très bien y avoir une église au Japon… Intemporel !
    A Tokyo… la cathédrale construite par le Suisse Mario Botta. Une exposition lui est consacrée au centre Durenmatt à Neuchâtel, en Suisse, jusqu’au 14 août 2011.

  2. Ce reportage est extraordinaire à tout point de vue.
    Ce jardin ressemble à celui d’Albert Kahn de Boulogne Billancourt
    Tout cela me donne envie d’aller à Nantes rien que pour visiter ce magnifique jardin. Et peut-être aussi, pourquoi pas, visiter la ville qui doit receller des trésors.
    Merci pour ce petit voyage dépaysant.
    Félicitations.

    • Le jardin d’A.Kahn est beaucoup plus petit que celui de Maulévrier qui s’articule autour d’une très grande pièce d’eau, l’atmosphère aussi y est différente, moins apprêté qu’à Boulogne, plus bucolique…
      Tant mieux si je vous ai donné le goût d’aller à Nantes, c’est une ville fort agréable à découvrir, avec sans conteste le tombeau des ducs de Bretagne dans la cathédrale qui reste une merveille !
      Merci de votre visite !

    • Il me semble me rappeler que les heures d’ouverture du parc étaient un peu inhabituelles, différentes des horaires mentionnés sur leur site , donc bien se renseigner avant de se déplacer
      J’avais acheté les billets d’entrée à l’office de tourisme de Cholet (ce n’est pas très loin de Maulévrier) avec une réduction conséquente

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