Un vieux quartier à Kuroishi

Voyage d’été à Aomori

Kuroishi est une petite ville provinciale de la préfecture d’Aomori, au nord du Tohoku, région la plus septentrionale de l’ile principale du Japon, à 30 km de la grande ville d’Aomori

La rue principale de Kuroishi sous le soleil écrasant de midi

Le centre ville est comparable aux autres villes japonaises modernes, très laid avec ses constructions anarchiques, ses semblants de trottoirs sur lesquels roulent les cyclistes et ses poteaux pour les fils électriques courant de façon désordonnée un peu partout, fils qu’il est impossible d’enterrer à cause des tremblements de terre et des incendies

Heureusement, les curiosités ne manquent pas dans cette région…

La caserne des pompiers est un vieux bâtiment datant de 1924 toujours en usage, bien qu’une tour de guet plus moderne et plus haute ait été construite récemment

L’observatoire de l’ancienne tour devenu obsolète

A l’époque où les maisons n’avaient qu’un seul étage, la position en hauteur de la vieille tour suffisait à prévenir les incendies

Ce bâtiment, classé comme bien culturel important garde fière allure car il est encore en bon état et sert toujours de caserne aux pompiers de Kuroishi

Deux époques se côtoient dans le ciel de Kuroishi

Le paradoxe amusant est que la caserne des pompiers est… toute en bois ! Bien sûr, elle n’a, en principe, que peu à craindre, elle !

Le rez de chaussée de la caserne avec ses publicités en faveur du corps des pompiers

La ville de Kuroishi à été construite au début de l’époque Edo, en 1656, et une partie de la rue principale évoque bien l’histoire ancienne

Komise-dori ou rue des petites boutiques

Il reste au Japon quantité de vieux bâtiments en bois plus ou moins reconstruits mais il est très rare que subsiste, gardée en l’état, une architecture civile de rue

Dommage que même dans un endroit classé, les poteaux en tout genre soient omniprésents

Cette rue et ses arcades en bois sont classées comme patrimoine important du Japon

Au soleil éblouissant de midi…

Les galeries de bois courent de chaque côté de la rue, construites en même temps que les rez de chaussée des maisons dont certaines remontent au XVIIIe siècle

On peut voir encore des anneaux fichés dans les piliers de bois qui servaient à attacher les chevaux !

…Cherchons un peu d’ombre bienfaisante !

Kuroishi est un pays de neige, ces passages servaient et servent encore, lors des hivers rigoureux à se déplacer à l’abri des intempéries

Petites boutiques sous les auvents

Pour cela, les galeries étant en contrebas de la chaussée moderne, on monte des contre-vents en bois du côté rue, qui les transforment en tunnel !

La neige arrivant souvent à mi-hauteur des murs, les promeneurs peuvent ainsi garder les pieds au sec !

Mon mari se souvient que dans son ancien quartier d’enfance à Aomori, il existait encore de semblables rues protégées par leurs arcades de bois, où les enfants jouaient.Tout cela fut détruit dans le boom immobilier des années 1960

Deux mondes se côtoient

Ce quartier ancien préservé est entouré, et comme protégé par de jolies maisons cossues, d’une voirie un peu trop bétonnée

Des lanternes faites par les enfants ponctuent le parcours pour célébrer le Yosare, le grand festival du mois d’août

Les lanternes aériennes suspendues au-dessus des maisons célèbrent le festival d’août à Kuroishi que l’on nomme Yosare du nom d’un célèbre morceau de musique folklorique Yosarebushi

Lanternes Yosare sur fond de lattis de bois avec le nom de la boutique, au premier étage d’une vieille maison

Parmi les quelques boutiques abritées sous les arcades se trouve, dans une vieille et remarquable maison d’une centaine d’années, une brasserie de saké réputée

La brasserie de saké de Mr. Nakamura Kamekichi

A l’arrivée d’une nouvelle cuvée du saké, une imposante Sugidama est suspendue au-dessus de la brasserie

La grosse boule au-dessus de la boutique

Cette balle est faite de branches de Sugi le cèdre japonais, pressées ensemble. Selon une vieille croyance, c’est le dieu de la brasserie en personne qui descend résider dans la balle

Le saké de marque Tamadare de Mr. Nakamura a remporté déjà plusieurs médailles d’or

Le saké est bien davantage qu’une boisson pour s’enivrer, depuis le début de l’histoire du Japon, il fait partie intégrante de l’existence de chaque habitant à cause du rôle primordial qu’il joue dans tous les rituels de la vie, de la naissance aux funérailles

Intérieur ancien tout en bois de la brasserie

De l’autre côté de la rue, les portes de bois hermétiquement closes ont titillé notre curiosité ! Le regard attiré par une petite trouée drôlement placée…

…nous a laissé entrevoir un monde insoupçonné !

Une brèche un peu plus loin…Et c’est un aperçu sur une belle et grande maison ancienne se cachant justement aux regards indiscrets

La maison mystérieuse et son jardin secret

Une vision furtive, au travers d’une échappée entre deux portes, du jardin que le soleil inondait

Le jardin et sa vieille lanterne de pierre moussue

Dans cet antique quartier, quelques autres vieilles maisons, en contrebas de la chaussée, quelques marches sont à descendre pour y entrer

Depuis l’époque Edo, il était recommandé d’utiliser une sorte de pisé et des tuiles à la place de bois pour bâtir ces maisons afin de prévenir les trop nombreux incendies dévastant continuellement les villes

Les murs de torchis repeints à neuf se marient aux tuiles

Évidemment, midi appelle le repas du même nom, pas de grande recherche à faire, la galerie à son extrémité, abrite ce restaurant traditionnel dont la salle est aménagée sur tatamis évidemment !

Entrée du restaurant « Miyuki » à l’alléchante vitrine

Mon mari et notre fils sont des gourmands invétérés…

Le restaurant Miyuki à Kuroishi, sa grande salle claire avec ses panneaux favorisant une certaine intimité

…et leur choix s’est porté sur des menus forts attrayants ! dans le style de la cuisine Kaiseki de Kyôto

Repas de mon fils ! Avec bol en laque et non en plastique !

La présentation soignée, le choix et la qualité de la vaisselle, l’accueil, tout était délicatesse et raffinement

Jusqu’aux prix tout à fait abordables ! L’équivalent de 15 et 18 € le menu complet ! Mais nous étions en province donc loin de la capitale !

Menu choisi par mon époux !

Un serveur, étonné à l’écoute de notre langue française, essaya de nous dire en quelques mots qu’il avait fait un stage de cuisine à Paris !

Surprise réciproque d’une rencontre linguistique improbable…Kuroishi n’attirant guère les touristes occidentaux !

Et mon choix, beaucoup plus raisonnable ! Tempura Soba – nouilles de sarrasin avec beignets de crevettes et légumes

Sous les arcades, un restaurant populaire, le « Komise-an » servant la spécialité de Kuroishi, les Yakisoba ou nouilles sautées de sarrasin, tenant aussi boutique de souvenirs, attira l’attention de mon fils….

Petit cochon servant à abriter l’insecticide anti-moustiques !

….Pour ce joli petit cochon rose…qui cache bien son jeu ! Petit personnage rencontré dans ses vieilles bandes dessinées …

Les Kokeshi, incontournables dans cette région. Il faut, pour une grande, débourser environ 60 €

Et dans ce restaurant-boutique, heureuse surprise, un concert imprévu de Tsugaru-jamisen, un style de musique folklorique joué avec plus de variantes régionales et de rythmes que la musique de Shamisen classique

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Tsugaru jamisen à Kuroishi

Le Shamisen est un instrument à trois cordes, du type luth, avec une caisse de résonance recouverte d’une peau tendue, généralement de chat !

C’est un instrument répandu dans tout le Japon, mais avec des différences dans les modèles et les façons de jouer

Le Tsugaru-jamisen a un manche plus large que le shamisen traditionnel, et ses cordes sont accrochées ou frappées avec force, voire avec violence et sonorité à l’aide d’un plectre en ivoire ou en bois en forme de feuille de ginkgo

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Petite suite au concert improvisé donné en mon honneur !

Le Tsugaru-jamisen s’est développé exclusivement dans les pays de neige du nord du Japon et a joué un rôle considérable dans la préservation de la tradition minyô populaire

Ce style a d’abord été pratiqué par des mendiants, souvent aveugles, qui jouaient dans les rues pour obtenir de l’argent ou de la nourriture

Komise-dori à la nuit tombante

Le Tsugaru Shamisen est un style de musique qui se prête facilement à l’improvisation, aussi les exécutants sont-ils connus, et appréciés, pour le caractère nerveux et exalté justement de leurs improvisations

L’éclairage public à Kuroishi comme un air de fête !

9 réflexions sur « Un vieux quartier à Kuroishi »

  1. Merci Marie-Claude, pour cette visite guidée. Comme à chaque fois, on s’y croirait ! J’aime surtout le « jardin secret » et les galeries pour protéger de la neige, ça a fait remonter en moi le souvenir d’une galerie le long d’une maison dans laquelle j’ai joué (il y a bien longtemps !), j’aimais ce lieu marginal ente jardin et maison.

    • J’aime surtout un certain Japon secret qui me renvoie, comme c’est curieux, moi aussi à mon enfance ! Je ne me lassais pas de jouer à cache-cache dans toutes les petites cabanes des jardins ouvriers de mon Amiens natal !

  2. Que de beauté partout !

    C’est à Takayama que j’ai vu un *dépôt* de saké. Comme c’est à partir de Kanazawa que j’ai visité cette ville, le reportage est pour bientôt !
    Petit à petit l’idée fait son chemin dans ma tête que je retournerais pour une troisième fois au Japon. Et peut-être irais-je plus dans le nord.. en Hokkaïdo, où s’est passé le championnat du monde d’orpaillage en 2002… Avec un bon dico !
    Où est cet endroit où vous allez, Aomori ? Japon authentique.

    • Merci Béatrice, la préfecture d’Aomori se trouve le plus au nord de l’île principale Honshu, dans la région appelée Tohoku.
      Avant le tunnel de Seikan, c’est à dire avant 1988,c’était le port obligé pour prendre le bateau jusqu’à Hokkaido (la traversée était longue mais tellement agréable)
      Béatrice, le Japon est « authentique » partout ! Mais comme je suis passéiste, je recherche surtout un Japon « populaire », celui que j’ai connu il y a quelques…décennies ! Et dont on ne parle jamais dans les médias…Ni sur les blogs !

  3. Ca c’est vrais. Pour les touristes, est attirant… le plus connu. Peut-être par manque de curiosité. Ou par ignorance.
    Alors parlez- en, parlez-en, parlez-en, s’il vous plais.

  4. En voyant ces plats magnifiques, j’en ai l’eau à la bouche. pourvu que le Japon n’en vienne jamais aux spaghettis et au steak pommes frites. Et pourtant, on en voit déjà en plastique dans certaines vitrines. Fuyons.

    • Mais, Béatrice, c’est déjà le cas, les Japonais raffolent des spaghettis, à Tokyo, et ailleurs, plusieurs restaurants s’en sont fait une spécialité et cela depuis plus de 50 ans ! Quant aux frites, quelques unes seulement, très jolies, en décoration sur un plat à l’occidentale se rencontrent fréquemment…Le danger vient surtout du fast food à l’américaine, et là pas de remède, comme partout ailleurs.

  5. Bonjour Marie-Claude,
    Merci pour votre blog « patch et culture », c’est un grand plaisir de vous lire.
    Aujourd’hui, je suis intéressée par votre quilt « Temari », d’après celui d’Ella Holcombe.Une merveille! Quelle est la taille des blocs, celle des logs? L’avez-vous assemblé sur un support?
    Enfin ,où pourrais-je trouver le modèle?
    Merci de prendre le temps de me répondre.Elisabeth Leguay.

    • Merci , Elisabeth,
      Les bandes mesurent 2 cm de large et le bloc 25 cm. Je n’utilise pas de support quand je couds la soie à la main, simplement les soies de kimono étant mouvantes, assez fines et de différentes structures, j’ai simplement amidonné les tissus avant de couper et tracer les pièces.
      J’ai vu ce quilt ou plutôt ce top sur le livre « Endurig Grace – Quilts from the Shelburne Museum Collection » livre américain paru en 1997, ce livre est fort intéressant mais peu de modèles sont expliqués, j’ai donc recalculé le patron d’après la photo !
      J’ai vu, depuis ce modèle reproduit en coton, aussi bien dans les expositions que dans des revues ou sur des blogs et à ma grande surprise, la source de l’ouvrage est rarement indiqué ! Le modèle original en soie et satin est bien de Ella Holcombe fait vers 1880 dans l’état du Vermont

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