Nantes – Salon « Pour l’amour du fil » 2018 – Exposition des quilts de Kuroha Shizuko

Nantes – Salon « Pour l’amour du fil » – Avril 2018 – I –

Par une fin d’avril enfin printanière, nouvelle rencontre à Nantes à l’occasion du Salon « Pour l’amour du fil » organisé par la revue Quiltmania, avec la quilteuse Kuroha Shizuko

Mme Kuroha Shizuko

J’attendais avec impatience la venue à Nantes de cette artiste exceptionnelle et je n’ai pas été déçue !

Dédicace de Mme Kuroha sur le livre que lui a consacré Quiltmania

Bien sûr je connaissais déjà les quilts anciens déjà exposés A Nantes en 2009 et toujours à Nantes en 2011

Le grand plaisir de cette année était de contempler enfin les quilts plus récents, notamment ceux réalisés pour le Great Quilt Festival de Tôkyô et vus seulement sur les catalogues japonais d’exposition

Kuroha Shizuko – Le cœur bondissant – 2017
240 x 240 cm

Ce très grand quilt « Le cœur bondissant »exposé en janvier 2018 est une variation sur le Log Cabin, thème maintes fois exploré par l’artiste au cours de ses quarante ans de pratique du patchwork

Kuroha Shizuko – Le cœur bondissant
Détail

C’est le second quilt dans lequel Kuroha Shizuko introduit la couleur rouge avec des textiles anciens teints au carthame et à la garance, plusieurs tissus indigo sur lesquels du jaune a été appliqué ont viré dans des nuances vertes

Kuroha Shizuko – Le cœur bondissant
Détail

Le quilt « Danse avec les fleurs » fut exposé en respectant le thème « Fleurs » du festival de Tôkyô en 2017

Kuroha Shizuko – Danse avec les fleurs – 2016
160 x 160 cm

Les pétales et sépales de la fleur se partagent entre les tissus anciens Katazome (impression au pochoir) dans diverses nuances d’indigo du clair au foncé

Kuroha Shizuko – Danse avec les fleurs
Détail

A cause des spots de lumière jaune, il est hélas très difficile de rendre en photos ces quilts aux nuances de bleu intense, d’où les variations de teintes sur mes clichés

Kuroha Shizuko – Danse avec les fleurs
Détail

C’est pour ce grand Log Cabin « La vie » que l’artiste a introduit pour la première fois la couleur rouge au centre de son quilt

Kuroha Shizuko – La vie – 2015
240 x 240 cm

Inspiration des Log Cabin de l’Amérique des pionniers où le cœur rouge du centre symbolisait le foyer ardemment désiré

Kuroha Shizuko – La vie
Détail

Les bordures successives incluent des petits blocs de Log Cabin et des cubes pour lesquels l’indigo de toutes nuances est savamment dosé

Kuroha Shizuko – La vie
Détail

Kuroha Shizuko a créé auparavant plusieurs variations sur le thème du vent, ce quilt « La maison du vent » est inspiré par un article d’une revue sur la rencontre des vents en Patagonie

Kuroha Shizuko – La maison du vent – 2012
150 x 192 cm

Les rectangles et les demi losanges du bas sont coupés dans des Kasuri (tissage Ikat) avec de nombreuses teintes claires, le haut de l’ouvrage est en Aizome (teinture en bleu indigo) unis

Kuroha Shizuko – La maison du vent
Détail

Ce quilt « Le soleil brille ardemment » fut réalisé après la catastrophe de 2011, l’artiste, après avoir vécu une telle tragédie, voulait témoigner de la continuité de la vie

Kuroha Shizuko – Le soleil brille ardemment – 2011
176 x 208 cm

Les petits triangles équilatéraux clairs symbolisent la lumière qui peut surgir au-delà de l’obscurité

Kuroha Shizuko – Le soleil brille ardemment
Détail

Kuroha Shizuko affectionne particulièrement la forme des triangles équilatéraux qu’elle enchaîne de façon systématique sur beaucoup d’autres ouvrages également

Kuroha Shizuko – Le soleil brille ardemment
Détail

Ce quilt « Le vent et les arbres » déjà vu à Nantes en 2011 est l’un de mes préférés !

Kuroha Shizuko – Le vent et les arbres – 2010
183 x 220 cm

Mme Kuroha a voulu représenter le vent qui souffle dans les arbres, mais j’y vois, moi, plutôt une pluie battante !

Kuroha Shizuko – Le vent et les arbres
Détail

Le monde des quilts reste fascinant tant qu’il est possible de projeter sur chaque ouvrage son propre ressenti  !

Kuroha Shizuko – Le vent et les arbres
Détail

Les quilts sobres de Kuroha Shizuko ont ma préférence, les ouvrages plus récents, foisonnants, aux multiples petites pièces en chaîne continue, y perdent cette harmonie qui m’émouvait tant auparavant

Kuroha Shizuko – Mer paisible – 2010
160 x 195 cm

Bien sûr, je reste fascinée par l’abondance de textiles différents mis en œuvre mais il me manque la respiration, cette qualité qui fait un ouvrage tellement différent des autres

Kuroha Shizuko – Mer paisible
Détail

Beaucoup de teintes claires pour ce quilt « Échos de lumière » provenant d’étoffes pour Yukata (kimono léger en coton)

Kuroha Shizuko – Échos de lumière – 2008
170 x 204 cm

Les tissus de Yukata en Katazome (teints au pochoir) présente des motifs bleu indigo sur un fond blanc, ce genre de kimono se portant seulement en été est donc souvent de couleur claire

Kuroha Shizuko – Échos de lumière
Détail

Les textiles sont tous anciens, les nuances différentes de couleur très fréquentes varient selon l’usure du tissu

Kuroha Shizuko – Échos de lumière
Détail

L’apparence et le mouvement du grand quilt « Clin d’œil » est accentuée par le quilting en diagonale

Kuroha Shizuko – Clin d’œil – 2007
168 x 210 cm

L’artiste a voulu exprimer sa vision d’un ciel infini rempli d’étoiles scintillantes

Kuroha Shizuko – Clin d’œil
Détail

Le Noren est un rideau qui masque l’entrée d’un commerce ou d’un restaurant

Il est généralement composé de deux ou trois lés réunis dans le haut, et porte inscrit le nom de l’établissement, Kuroha Shizuko a cousu entre eux des rectangles de tissus anciens, exemples des étoffes qu’elle utilise presque exclusivement

Kuroha Shizuko – Noren
Détail

Deux Log Cabin miniatures aux couleurs pastel rappelaient que la succession des saisons reste toujours une grande source d’inspiration pour les artistes japonais

Kuroha Shizuko – Furusato wa ima Haru – Pays natal au printemps
31 x 31 cm

Kuroha Shizuko – Automn in my Hometown
42,5 x 43 cm

Les libellules rouges sont particulièrement abondantes dans la campagne japonaises à la fin de l’été près des rizières

Kuroha Shizuko – Les libellules rouges – 2016
11 x 11 cm

Selon le poète Ishibashi Eien « les libellules sont les fleurs de l’automne », Aka Tombo (les libellules rouges) font l’objet d’une chanson fort célèbre et de multiples représentations romantiques

La vision du mur avec ses petits tableaux alignés était vraiment charmante !

Kuroha Shizuko – Une libellule

Le fond des tableautins a été teint en rouge à la garance, du Chirimen (crêpe de soie) forme la tête des insectes, de la soie le corps et de la gaze très fine figure les ailes

Kuroha Shizuko – Trousses avec le motif de libellule
11 x 13 cm

Quelques ouvrages des élèves de Kuroha Shizuko …

Mme Kuroha Shizuko à Nantes en 2018

…seront l’objet de l’article suivant

8 réflexions sur « Nantes – Salon « Pour l’amour du fil » 2018 – Exposition des quilts de Kuroha Shizuko »

  1. Bonjour Marie-Claude, Toujours un réel plaisir à lire vos articles et merci pour ce reportage sur cette artiste d’autant plus qu’avec vos explications on comprend mieux sa démarche. Par contre je voulais vous demander : ses quilts sont-ils fait main ou machine et y avait-il du monde cette année ? Encore Merci. Cordialement. A. Girault.

    • Merci Annick, si je me suis attardé sur l’utilisation des tissus en effet plutôt que sur la démarche d’assemblage qui, pour moi, semble évidente, c’est que ces textiles anciens me passionnent plus encore !
      En fait Kuroha Shizuko coud tous ses quilts à la machine mais quilte à la main, sans tambour, en bâtissant beaucoup au préalable selon l’habitude japonaise de coudre à genoux sur le sol
      La contrainte du tambour évitée, le quilting pratiqué sur les genoux occasionne des tiraillements qui, au final, donnent des quilts qui « godaillent » assez, surtout dans les grands formats
      Nous sommes arrivés au Salon jeudi à 13 H et je n’ai pas trouvé la foule de l’année dernière, j’ai même constaté que l’espace commercial était moindre mais je ne peux rien dire évidemment des jours suivants

  2. Merci pour votre reportage, voulant faire trop vite j’ai raté beaucoup de mes photos, mais une amie m’a indiqué votre blog afin d’admirer les vôtres. Un gros coup de cœur moi aussi pour cette grande artiste qu’est Kuroha Shizuko. Dire que chaque carré des petits « Log Cabin » décentrés qui sont dans les cadres mesurent 2,5 cm.

  3. Quelles merveilles vous vous offrez encore Marie-Claude ! J’ai envie de mettre au recyclage tout ce que j’ai fait 🙁
    C’est vrai aussi que le côté « godaille » (en vaudois on dit « gawate » = qui va de travers, plutôt pour ceux qui ont abusé du saké… mais aussi pour les ourlets) donne un aspect vraiment artisana assez plaisantl, un peu éloigné de la légendaire perfection japonaise. J’ai reçu récemment un kaga yubinuki, enfin, d’amis qui sont allés à Kanazawa, et vraiment, c’est stupéfiant de perfection. On se demande vraiment si c’est fait par un humain ou une humaine ?
    Merci, je me réjouis de lire la suite !
    Bien à vous
    Pierrette

    p.s. moi aussi abandonné le tambour, je préfère mes genoux, mais assise confortablement !

    • Pierrette, j’ai été surprise cette fois je l’avoue, habituée que je suis à la perfection japonaise, de voir autant de quilts pas trop d’équerre !
      Je sais bien que travailler les textiles anciens posent quelquefois des problèmes d’ajustement…Geste artisanal…certes
      Mme Kuroha fête cette année ses 80 ans, elle m’a paru bien fatiguée, comme absente…Le voyage depuis le Japon et le décalage horaire, l’affluence d’un Salon, quel courage manifeste cette grande Dame

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