Exposition « Fastes de Cour et cérémonies royales »

Château de Versailles – 2009

L’exposition sur le costume de cour en Europe de 1650 à 1800, était abritée dans le château de Versailles. Ce palais qui a imposé son goût du faste pendant deux siècles à l’Europe entière était le lieu symbolique idéal pour exposer des costumes de cour

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Il ne reste rien des costumes royaux français, par habitude retaillés ou donnés, et ayant subi les aléas des révolutions…

Les pièces présentées viennent donc de musées européens, de collectionneurs privés apparentés aux vieilles monarchies encore en vigueur où l’on garde précieusement ces parures royales comme reliques, reflets d’un monde définitivement disparu

090624_032 Versailles - Exposition « Fastes de Cour et cérémonies royales »

La grille d’entrée du château

Défilent sous nos yeux que l’on nous veut éblouis, de splendides costumes royaux et princiers au luxe ostentatoire. Une débauche de draps tissés d’or et d’argent, de dentelles précieuses sur des soieries brochées, de broderies et de fourrures où les diamants constellant les habits le disputent aux couronnes, diadèmes, boutons et autres parures en pierres précieuses

Les différentes cours européennes vivent à l’heure somptuaire de Versailles et commandent en France leurs vêtures les plus prestigieuses. Le goût, le raffinement et le savoir-faire  des artisans français y donnant alors sa pleine mesure

Van Loo – Louis XV en habit de sacre – Wallace collection – Londres

Le costume de cour, immuable pendant deux siècles, des grandes cérémonies, sacre, couronnement ou mariage sert d’image, relais du pouvoir politique du souverain, il légitime la dynastie royale et en symbolise la continuité

Le costume révèle la richesse et le rang d’après un système codifié, l’étiquette, qui assigne chaque courtisan à une place définie dont il ne peut déroger sans perdre les faveurs du monarque

Les grands habits de cour coûtent fort cher, la noblesse oisive se ruine et s’endette à suivre la mode imposée, stratagème mis en place par Louis XIV, pour détourner les velléités de complots contre sa personne. Les courtisans se trouvent contraints de rester dans l’entourage du souverain, car lui seul décide d’attribuer des pensions permettant le train de vie somptuaire exigé

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Louis XIV impose un style – Galerie du château de Versailles

J’aime beaucoup cette relation de la réception de l’ambassadeur de Perse par Louis XIV : le roi portant un habit noir tissé d’or et constellé de diamants assis sur un trône surélevé dans la Galerie des Glaces étincelait tellement grâce aux milliers de chandelles que l’on ne pouvait le regarder sans en être ébloui ! Les derniers feux d’un Roi Soleil qui, à la veille de sa mort avait toujours conscience qu’une telle mise en scène prouvait à l’évidence son pouvoir

L’habit de cour précédent l’habit à la française, chemise bouffante, pourpoint, rhingrave ou culotte large et manteau-cape – Détail du tableau d’Henri Testelin – Galerie du château de Versailles

Le grand habit de cour féminin se compose invariablement de trois pièces, le corps de robe baleiné pour rigidifier le buste, très décolleté, la jupe posée sur un grand panier et le bas de robe ou queue est une longue traîne amovible attachée à la taille par des agrafes…

Louis Tocqué – Marie Leczinska en grand habit à la française – Château de Versailles

…Elle peut mesurer jusqu’à six mètres de long pour les reines ou princesses  de sang royal

Robe du couronnement de la reine de Suède à grand panier recouverte d’une dentelle d’argent

C’est l’habit de cérémonie porté par toutes les dames de la cour, la distinction de rang se révèle dans la richesse des étoffes, l’abondance des ornements, galons, broderies, dentelles d’or et d’argent, joyaux et pierres précieuses cousus sur la robe

Devant de corsage de la reine de Portugal – or, argent, diamants et rubis

Cet habit de cour tombera en désuétude au grand dam des conservateurs sous le règne de Marie Antoinette qui lui préférera la robe à la française avec la jupe portée sur un  panier moins volumineux, un corps à baleines et un grand manteau avec un dos plissé et des manches à mi-coudes

Robe de soie rebrodée de la fin du siècle, attribuée à Rose Bertin, couturière de la reine

La Cour, sous l’impulsion de la mode naissante passe d’un monde figé incarnant les valeurs de la monarchie à celui d’individualité recherché par la reine et ses amies

Elisabeth Vigée-Lebrun – Marie Antoinette en grand habit de cour, satin blanc et passementeries d’or – Château de Versailles

Le grand habit de cour masculin formé de trois pièces est  » l’habit à la française » formé d’un habit, d’un gilet et d’une culotte porté par tous les hommes de qualité et adopté par les cours européennes. Comme pour les femmes, seuls la qualité des étoffes et la richesse des ornements, le distingue des vêtements ordinaires

Versailles---Habits-de-mariage

Habit de mariage du roi de Suède – drap d’argent, fils d’or et habit de mariage du roi de Danemark – drap d’argent rebrodé d’or

Les vêtements ecclésiastiques n’échappent pas à cette règle, et pour les princes de l’église, les broderies d’or et d’argent s’étalent à profusion sur les chasubles, loin de la simplicité évangélique prôné par leurs contemporains de Port Royal

A titre de comparaison, un grand habit de cour tissé d’or et brodé richement correspondait à plusieurs années de salaire d’un maître-ouvrier en soie

Ces temps de magnificence dans les châteaux royaux pour l’agrément d’une noblesse fort minoritaire se soldaient en impôts toujours plus lourds. A la veille de la Révolution, la paupérisation de l’ensemble des Français a été le ferment des revendications, puis des révoltes contre la noblesse honnie, son train de vie et ses privilèges

Brève visite du château

Versailles n’en finit pas de se refaire une beauté, de nouvelles grilles dorées ferment maintenant la cour carrée, et l’or foisonne sur les décorations des façades. Toujours à la recherche de mécènes généreux, les conservateurs du domaine organisent ce genre d’exposition bien dans l’air du temps, où le paraître et l’ostentatoire sont devenus un art de vivre pour une élite sans culture mais pas sans moyens financiers

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De grands noms de la mode s’associent et vantent complaisamment ce type de manifestation, destinée à faire rêver les pauvres gens que nous sommes. Il suffit de voir les visiteurs ébaubis se presser devant les vitrines étincelantes de joyaux appartenant toujours à l’aristocratie européenne pour se rendre compte que la richesse des nantis, fait toujours fantasmer

Après plus d’une heure de queue au milieu de touristes en tenue de plage, on doit s’acquitter pour voir l’exposition, d’un billet d’entrée prohibitif de 15 euros, couplé obligatoirement aux grands appartements du château

Bien sûr les photographies étant interdites, j’emprunte au catalogue de l’exposition acheté 52 euros, prix versaillais évidemment !

Les trompettes de la renommée…

Louis XIV nous invite, le temps d’une visite dans son intimité…

…célèbrent le roi victorieux

La chambre du roi très « Grand Siècle » et ses somptueuses tentures ou les fils d’or sont employés à profusion sur les murs, le lit et les sièges.

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La chambre du roi, ses tentures et son lit à baldaquin

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Brocart d’or sur fond cramoisi retissé à Lyon selon les documents d’époque

La Galerie des Glaces récemment restaurée brille de tous ses ors

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Les grandes torchères et les lustres de cristal

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Des torchères moins pompeuses

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Dans la Galerie des Glaces !

Versailles vivait en musique, elle était présente à tout moment de la journée. Le règne de Louis XIV, lui même musicien, est la grande époque de la musique baroque

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Les attributs de la musique dans le salon d’Hercule

La chambre de la reine et ses élégantes tentures fleuries

Marie Antoinette la fuit par une porte dérobée pendant une certaine nuit de 1789…

Il a fallu 30 ans pour retisser à Lyon les tentures des murs, le baldaquin du lit et le dessus des sièges selon les cartons de l’époque

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Cabinet à décor de bronzes et plaques de porcelaine de Sèvres – Le lit et la passementerie du baldaquin – un air de déjà vu sur les grandes robes de cour…

Le style léger et raffiné, démontre le tout nouveau goût pour la nature et les jardins

Les fleurs sont rendues de façon  naturelle, en  privilégiant les tons pastels

Les rubans se mêlent aux roses, la fleur reine, en guirlandes savantes

Ce style typique de la fin du siècle se retrouve sur les mêmes supports,aussi bien sur les  textiles d’ameublement que sur le tissu des robes

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Dans la chambre de la reine – légèreté des roses et des plumes de paon – Écran de cheminée – un bouquet naturaliste tissé sur fond de soie crème

Nous quittons les appartements splendides mais finalement étouffants par l’abondance de décors grandioses pour prendre l’air dans les jardins…

Le dieu du fleuve réduit à veiller sur une fontaine

…et admirer les savantes perspectives du style à la française

Puttis tressant des guirlandes pour consoler les naïades !

Là aussi, la nature est bien peignée, la main de l’homme transfigure tout avec art et savoir faire

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Une belle dans le jardin se prenant pour la Vénus de Cnide

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Mystère dans un jardin français

Si Versailles m’était conté…

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L’épreuve des redoutables pavés de la cour intérieure lors d’un tournage d’un téléfilm

2 réflexions sur « Exposition « Fastes de Cour et cérémonies royales » »

  1. Bonjour du Québec, Canada,
    Je suis à peine de retour de ma quatrième visite à Versailles où je n’ai de cesse d’être ravi.
    Grand collectionneur de tout ce qui touche Louis IV, Louis XV, Louis XVI et Marie Antoinette, je demeure à la recherche d’objets et de tissus susceptibles d’orner et de décorer ma propre résidence avec touches du même style que celui de Versailles.
    En conséquence, peut-on m’informer où, je peux trouver le tissus comme le  » Brocart d’or sur fond cramoisi retissé à Lyon selon les documents d’époque  » ?
    Je vous remercie grandement pour votre site, et tout ce que vous élaboré pour nous éblouir des beautés de ces époques historiques de haut calibre. Je vous remercie également et à l’avance pour votre gentillesse et votre amabilité à me répondre.
    Encore une fois félicitations et… meilleures salutations du Québec.
    Guy Serge

    • Guy Serge, je constate que vous êtes un passionné ! Ce qui n’est pas pour me déplaire !
      Ce superbe tissu décorant les rideaux de lit de la chambre du roi a été tissé uniquement pour Versailles par un atelier lyonnais travaillant pour les monuments nationaux
      Je doute que vous puissiez trouver cette étoffe dans le commerce , mais je ne saurais vous en dire plus
      Merci de vous être attardé sur ce blog

      Marie Claude (de Paris)

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