Exposition « Clichés Japonais »

Boulogne – Musée et jardins Albert-Kahn

Retour sur une exposition de l’été 2011, mettant en scène des images du Japon des années 1908-1930

Fuji san en hiver – Autochrome de 1926

Dans les trente premières années du XXe siècle, à l’instigation d’Albert Kahn, des photographes, envoyés aux quatre coins du monde rapporteront des milliers d‘autochromes, premier procédé industriel de photographies en couleurs

Les « Archives de la Planète » sont constituées d’un fond iconographique, obtenu par ce procédé long, difficile et coûteux mais qui a permis de restituer en couleurs les paysages, les sociétés et les modes de vie traditionnels, aujourd’hui disparus

Le Japon, avec lequel Albert Kahn entretenait des liens étroits était donc à l’honneur dans cette exposition

La pagode du temple Kôfuku-ji à Nara – Autochrome de 1926

Les photographes s’attachèrent, au-delà de l’exotisme des paysages, à essayer de transmettre la sensibilité des Japonais à la nature

Contemplation des érables aux environs de Kyôto – Autochrome de 1926

Si les sites sacralisés retinrent particulièrement leur attention, leur perception en est restée très poétique

Torii du temple d’Itsukushima à Miyajima – Autochrome de 1926

Un des photographes, Roger Dumas, s’est particulièrement plu à rendre la vie sociale d’une communauté villageoise sans artifices …

La cueillette des feuilles de mûrier – Autochrome de 1926

…Comme dans ces scènes de cueillette de feuilles de mûrier dans la région de Matsumoto

L’activité de la sériciculture surtout pratiquée par les femmes apportait dans le cadre d’une exploitation familiale un revenu complémentaire à une vie très frugale

Retour de la récolte de feuilles de mûrier – Autochrome de 1926

Les costumes des paysans en coton teint à l’indigo sont restés inchangés jusqu’aux années 1960

Ces grands et beaux paniers se rencontrent à la campagne encore fréquemment, n’ayant pas encore été tout à fait détrônés par les bassines en plastique

Dévidage des cocons dans une exploitation familiale – Autochrome de 1926

Bien sûr, le long temps de pose nécessaire au procédé complexe de ce genre de prise de vue fait que souvent les photos sont floues

Ces jeunes enfants sont donc restés étonnamment sages afin de satisfaire le photographe !

En 1926, au moment où les Français prenaient ces clichés, le taux de scolarisation dans le primaire des enfants, garçons comme filles avoisinait les 100 % !

Ecoliers à Matsumoto, les collégiens seuls portent l’uniforme de l’école – Autochrome de 1926

Les somptueux costumes de soie et de brocart qui donnent aux acteurs du théâtre Nô des allures hiératiques ont inspirés le photographe Stéphane Passet, envoyé au Japon en 1912

Deux acteurs du théâtre Nô – Autochromes de 1912

La parfaite maitrise du corps, le maintien et les postures faites d’immobilité frémissante inhérents à ce style de théâtre ont dû bien faciliter le travail de longue haleine du photographe !

Présentation des kimonos de Nô par un grand maître de Kyôto – Autochrome de 1912

A la toute fin du XIXe siècle, le costume occidental s’impose dans les villes, mais les femmes restent en général fidèles au kimono

Famille bourgeoise avec une servante à Matsumoto – Autochrome de 1926

L’élégance et le chic avec lequel les femmes de la bonne société harmonisaient leurs tenues entre sobriété et sens du détail ne pouvaient que plaire au photographe occidental !

Geisha à l’éventail de danse – Autochrome de 1912

Le Japon de 1926 n’est pas complètement évanoui, une ruelle de cette époque ferait illusion dans la ville contemporaine

Des néons agressifs ont remplacé l’éclairage au gaz de l’époque, mais le décor, de nos jours, reste le même

Ruelle aux petits restaurants dans le quartier d’Asakusa à Tôkyô – Autochrome de 1926

Une petite exposition d’objets de cette époque, appelée Taishô du nom de l’empereur régnant de 1912 à 1926, démontre la persistance d’un mode de vie japonais traditionnel malgré  l’occidentalisation galopante

Kimono aux grands dessins très colorés typique de l’ère Taishô

La reconstitution des habitudes et du mode de vie dans une grande maison rurale était surtout axée sur la vie des femmes…

Matériel de couture et de broderie

…Couture et tissage, activités du travail de la soie ayant persisté en production artisanale jusqu’à une époque toute récente

Rouet et dévidoirs présents dans beaucoup de maisons rurales de l’époque

A part les kimonos aux dessins passés de mode, mais relégués dans les réserves familiales, on peut encore voir dans le Japon contemporain beaucoup de ces objets familiers

Un fagot recevant précieusement les têtes de poupées avant leur assemblage sur les corps en tissu voisine avec des poupées en plâtre coloré

Albert Kahn avait fait édifié dans son jardin de style japonais un petit pont rouge…

Dans le jardin, le vieux pont précédant le pont contemporain

…Inspiré de celui, très célèbre, de Nikkô tel qu’il l’avait admiré lors de son voyage au Japon en 1908-1909

Le pont sacré sur la rivière Daiya à Nikkô – Autochrome de 1926

Le pont rouge du jardin de Boulogne n’a pas gardé sa place initiale, où il enjambait un torrent au milieu d’un paysage forestier…

Le pont rouge du jardin d’Albert Khan en 1912

…Mais a été installé en terrain plat dans le jardin contemporain …

Le vieux pont rouge dans un paysage bucolique

…Où il se mire dans l’étang aux nénuphars et aux iris

Passerelles au milieu des iris

Nénuphars, symbole de pureté pour les bouddhistes, les fleurs s’élevant au-dessus du marécage comme la vie spirituelle élève l’âme au-dessus des passions

Les nénuphars de l’étang

Tout comme le pont moderne édifié en 1989 au moment de la rénovation des jardins

Le pont contemporain …

Les ponts rouges, métaphore du passage d’un monde à l’autre, de celui des vivants à celui de l’au-delà dans l’univers bouddhique…

…Surplombe un environnement plus rocailleux

…Ne reste à nos yeux d’Occidentaux qu’un des principaux charme d’un jardin à la japonaise !

Les constructions légères faites de matières naturelles, autres attraits sophistiqués des jardins japonais, participent à l’illusion d’une campagne à deux pas de Paris

Un vieux tronc noueux en guise de poutre

Merveilleux petit jardin que nous ne nous lassons pas d’arpenter en diverses saisons

Maisons de bois japonaises installées dans le jardin

Mes photos ont été prises dans les jardins du musée Albert-Kahn à Boulogne, propriétés du Conseil général des Hauts-de-Seine

(Mention officielle que l’on m’a requis d’indiquer sur ce blog me donnant l’autorisation de photographier librement ce jardin)

Autre article sur le jardin Albert-Kahn

10 réflexions sur « Exposition « Clichés Japonais » »

  1. Quelle promenade charmante! la distance dans l’espace et dans le temps lui confère la consistance des rêves.Merci Marie Claude,et bonne nuit.

  2. Bonjour Marie Claude.
    Cela fait plaisir de voir ces photos. Un monde vraiment perdu ?
    Quand au jardin, depuis le temps que j’en entend parler, il faudra bien que j’aille le voir * en vrai *.

    Des collégiens en kimono, c’est vraiment charmant… un monde perdu ?

    Un petit coucou de Lausanne.

    • Le Japon est encore l’un des seuls pays contemporains où le costume national est toujours porté lors de nombreuses occasions
      Comme dans ma famille japonaise où les jeunes le revêtent avec plaisir …et cela ne fait pas « folklorique » !

      Le mode de vie des années Taishô a persisté plus longtemps à la campagne, mais on en trouve encore de nombreuses traces

  3. Ce reportage est un ravissement ! Tous les matins, je porte le kimono offert par ma soeur qui va parfois à Tokyo. C’est un vêtement si pratique et élégant à la fois !

    Quant au pont japonais, il me rappelle l’insistance de mon mari qui voulait en installer un dans le jardin car il voulait me faire plaisir… Mais impossible de trouver un endroit sans que ce soit ridicule ! Tout le monde n’a pas un étang aux nymphéas pour le justifier…

    Un grand merci pour tous ces reportages passionnants Marie.

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